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si nous pardonnons, on nous pardonnera, et c’est nous qui fournissons la mesure du pardon qui nous sera accordé. Car nous demandons d’obtenir autant que nous aurons accordé, nous demandons une indulgence proportionnée à celle que nous aurons eue nous-mêmes. Après cela, Jésus-Christ nous ordonne de dire : Et ne nous induisez pas en tentation ; mais délivrez-nous du mal. Il nous arrive bien des maux causés par les démons, bien des maux causés par les hommes, soit qu’ils nous tourmentent ouvertement, soit qu’ils nous tendent des pièges cachés. Le corps, s’il se soulève contre l’âme, nous cause un grave dommage ; s’il tombe dans les innombrables maladies qui nous assiègent, il ne nous amène que douleurs et afflictions. Puis donc que de toutes parts nous sommes exposés à des maux si nombreux et si divers, Notre-Seigneur nous apprend à demander au Dieu tout-puissant d’en être délivrés. Car devant celui qu’il protège, la tempête s’apaise, les flots redeviennent tranquilles, le démon s’enfuit confus, comme autrefois quand, se retirant des hommes, il entra dans le corps des pourceaux ; ce que même il n’osa pas faire sans permission. S’il n’a pas même de pouvoir sur des pourceaux, en aura-t-il sur des hommes vigilants et humbles, gardés par le Dieu qu’ils adorent comme leur maître et leur roi ? Aussi à la fin de cette prière nous montre-t-il qu’à Dieu appartiennent la royauté, la puissance et la gloire, en disant : À vous sont la royauté, la puissance et la gloire pour toute l’éternité [1] : Ainsi soit-il. Comme s’il disait : je vous demande tout cela parce que je vous reconnais comme le Maître universel de toutes choses, comme ayant une puissance qui ne finira jamais, pouvant tout ce que vous voulez, possédant une gloire qu’on ne peut vous ravir. Pour tous ces motifs, rendons grâces à Celui qui a daigné nous accorder tant de biens, et proclamons qu’à Lui convient toute gloire, tout honneur et toute puissance ; à Lui, dis-je, Père, Fils et Saint-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

  1. Cette conclusion de l’oraison dominicale se trouve dans les bibles grecques, mais non dans la Vulgate.