Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 4, 1864.djvu/339

Cette page n’a pas encore été corrigée

vous avez un médecin à qui il suffit de vouloir pour vous rendre la santé, qui peut, qui veut vous la rendre. Vous n’étiez pas, il vous a appelés ; maintenant vous êtes, et l’erreur vous tient, à bien plus forte raison, il pourra vous redresser. N’avez-vous pas entendu dire comment, au premier jour, il prit de la poussière de la terre, et forma l’homme ? comment, avec de la terre, il fit de la chair ? il fit des nerfs ? il fit des os ? Il fit une peau ? il fit des veines ? il fit un nez ? il fit des yeux, des paupières, des sourcils, une langue, une poitrine, des mains, des pieds, tout le reste ? De la terre pour matière, une seule substance ; et l’art vint et il fit une œuvre variée. Pouvez-vous dire de quelle manière vous avez été créés ? De même, impossible à vous de dire comment les péchés se purifient. Si le feu qui tombe, sur les épines les consume, à bien plus forte raison la volonté de Dieu met à néant nos fautes, en arrache et en disperse-les racines, et met le pécheur dans le même état que celui qui n’a pas, péché. Ne recherchez pas le comment, ne scrutez pas ce qui est arrivé, croyez au miracle. J’ai péché, dites-vous, et souvent et grandement péché. Et qui est donc sans péché ? Mais, me répond celui-ci, mes péchés sont considérables, énormes, dépassant toute mesure. Voici ce qui te suffit pour le sacrifice : Sois le premier à dire tes iniquités, pour être justifié. (Is. 11, 43,26) Reconnais que tu as péché, et ce sera pour toi un commencement de correction. Afflige-toi, abaisse-toi, verse des pleurs. La femme adultère a-t-elle fait autre chose ? Rien autre chose que de verser des pleurs de repentie ; elle a pris le repentir pour guide, et s’est approchée de la fontaine
4. Que dit le publicain Évangéliste ? écoutons : Jésus étant parti de ce lieu, se retira du côté de Tyr et de Sidon, et voici qu’une femme. L’Évangéliste s’étonne : Voici qu’une femme, l’ancienne arme du démon, celle qui m’a chassé du paradis, la mère du péché, la première tête de la prévarication, c’est cette même première femme qui vient, c’est la nature même ; merveille étrange, incroyable ; les Juifs fuient le Sauveur, et une femme le suit. Et voici qu’une femme, qui était sortie de ce pays-là, s’écria en lui disant : Seigneur, fils de David, ayez pitié de moi ! (Mt. 15,21-22) Une femme devient Évangéliste et proclame la divinité et l’incarnation Seigneur, elle reconnaît la puissance ; Fils de David, elle confesse l’incarnation ; ayez pitié de moi ; voyez la sagesse. Ayez pitié de moi ; je n’ai pas de bonnes œuvres par-devers moi, je n’ai pas la confiance que donne une bonne vie, j’ai recours à la pitié, je me réfugie dans le port ouvert aux pécheurs, je me réfugie auprès de la miséricorde, où il n’y a pas de tribunal, où se trouve, sans examen, le salut ; et ainsi malgré ses péchés, malgré ses infractions à la loi, elle a osé s’approcher. Voyez encore la sagesse de la femme ! Elle ne s’adresse pas à Jacques, elle ne fait pas de prières à Jean, elle ne s’approche pas de Pierre, elle ne fait pas de distinction dans le chœur des apôtres. Je n’ai pas besoin d’intermédiaire, le repentir parle pour moi, et je vais droit à la source même. S’il est descendu, s’il a revêtu – notre chair, c’est pour que moi aussi je m’entretienne avec lui. En haut, les chérubins tremblent près de lui, et, sur la terre, la femme impudique s’entretient avec lui. Ayez pitié de moi. Courte parole, mais elle a découvert l’immense mer d’où le salut découle. Ayez pitié de moi. C’est pour cela que vous êtes venu près de moi ; c’est pour cela que vous lavez revêtu ma chair, c’est pour cela que vous êtes devenu ce que je suis. En haut, le tremblement ; en bas, la confiance Ayez pitié de moi. Je n’ai pas besoin d’intermédiaire. Ayez pitié de moi. Qu’avez-vous ? Je cherche la pitié. Que souffrez-vous ? Ma fille est misérablement tourmentée par le démon. La nature est torturée, la commisération s’exerce. Elle est sortie dans la pensée de parler pour sa fille : elle n’apporte pas la malade, ce qu’elle apporte, c’est sa foi. Il y a un Dieu qui voit tout. Ma fille est misérablement tourmentée par le démon. Deuil cruel ; l’aiguillon de la nature a déchiré le sein maternel, la tempête est dans ses entrailles. Que ferai-je ? Je suis perdue. Et pourquoi ne dis-tu pas, ayez pitié de ma fille, mais, ayez pitié de moi. C’est qu’elle est insensible à son mal, elle n’a pas conscience de ce qu’elle souffre, elle ne sent pas la douleur, elle a comme un voile qui lui dérobe son mal, c’est l’absence de la douleur, ou plutôt l’absence du sentiment. C’est de moi, de moi qu’il faut que vous ayez pitié ; de moi, qui vois ces maux de chaque jour ; j’ai chez moi un spectacle continuel de malheur. Où aller ? dans le désert ? Mais je n’ose pas la laisser seule. Rester à la maison ? Mais j’y trouve l’ennemi chez moi, les flots grondent dans le port, chez moi, un spectacle de malheur. Quel nom lui donner ? Est-elle morte ? mais je la