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positions, unité de volonté. Le calme de la mer n’engourdit pas l’énergie du pilote, la tempête ne l’engloutit pas. J’ai béni Dieu quand j’ai été séparé de vous, je le bénis quand je vous ai recouvrés. Ces deux états divers sont l’effet de la même Providence. Mon corps a été loin de vous, jamais ma pensée. Voyez quelles grandes choses ont faites les intrigues de nos ennemis. Ils ont donné plus de force à l’amour qui nous unit, ils ont donné à l’amour de mon peuple l’occasion d’éclater comme un incendie, ils m’ont procuré des milliers d’hommes qui s’attachent à moi ; avant ce jour les miens m’aimaient, à présent voici que les Juifs en plus m’honorent. Ils espéraient me séparer des miens, et ils n’ont fait que me concilier des étrangers. Mais ce n’est pas à eux, c’est au nom de Dieu que j’en dois rendre grâce ; il a fait servir leur perversité à notre honneur, car les Juifs ont crucifié Notre-Seigneur, et le monde a été sauvé, et ce n’est pas aux Juifs que j’en rends grâce, mais au Crucifié. Qu’ils voient donc comme voit notre Dieu, quelle paix ont enfantée leurs trames, quelle gloire elles nous ont acquise. Auparavant l’église seule était remplie, aujourd’hui la place publique tout entière est devenue une église. De là-bas jusqu’ici, ce n’est qu’une même âme, une seule tête qui remplit tout l’espace. Personne n’a imposé silence à votre chœur, et cependant tous étaient dans le silence, tous étaient saisis de componction. Les uns chantaient des psaumes, les autres trouvaient bienheureux ceux qui chantaient les psaumes du Seigneur. Aujourd’hui ce sont les jeux du cirque et personne ne s’y trouve ; mais tous se sont précipités à grands flots dans l’église, on dirait des torrents ; oui, votre assemblée est un torrent, et vos voix sont des fleuves qui rejaillissent au ciel et qui témoignent de votre amour pour un père. Vos prières ont plus d’éclat pour moi qu’un diadème. Je m’adresse à la fois aux hommes et aux femmes : Car en Jésus-Christ, il n’y a ni homme ni femme (Gal. 3,23) Comment parlerai-je des puissances du Seigneur ? Vous connaissez toute la vérité de ce que je veux vous dire : celui qui supportera fortement les tentations, en recueillera un grand fruit…
2. Voilà pourquoi je vous ai convoqués auprès des apôtres. Chassés, nous sommes venus auprès de ceux qui ont été chassés. Nous avons été attaqués par des menées insidieuses ; ils ont été chassés. Nous sommes venus auprès de Timothée, nouveau Paul. Nous sommes venus auprès des saints corps qui ont porté les stigmates du Christ. Ne crains jamais la tentation, si tu as une âme généreuse : tous les saints ont été ainsi couronnés. L’affliction des corps est grande, mais plus grande la tranquillité des âmes. Puissiez-vous être toujours sous le fardeau. C’est ainsi que le pasteur lui-même se réjouit quand il subit le travail pour ses brebis. Que dirai-je ? où jetterai-je la semence ? Je ne trouve pas une place vide. Où travaillerai-je ? Ma vigne n’est point dégarnie. Où édifierai je ? le temple est achevé ; mes filets rompent à cause de la multitude des poissons. Que ferai-je ? Ce n’est pas le temps du travail. Aussi je vous exhorte, non pas parce que vous avez besoin d’enseignements, mais parce que je veux, vous montrer mon affection toute naturelle. Partout les épis dans toute leur richesse. Tant de brebis, et pas un loup ; tant d’épis, et pas l’ombre d’une épine ; tant de vignes, et pas de renard. Les bêtes dévorantes sont submergées ; les loups ont fui. Qui les a poursuivis ? ce n’est pas moi, le berger, mais vous, les brebis. O noble nature des brebis ! En l’absence du pasteur, elles ont mis les loups en déroute. O beauté de l’épouse, ou plutôt chasteté ! en l’absence de l’époux, elle a chassé les adultères. O beauté et chasteté de l’épouse ! elle a montré sa beauté, elle a montré aussi sa probité. Comment as-tu chassé les adultères ? C’est que tu aimais ton époux. Comment as-tu chassé les adultères ? Par la grandeur de la chasteté. Je n’ai point pris les arrhes, point de lances, point de boucliers ; je leur ai montré ma beauté. Ils n’ont pu soutenir mon éclat. Où sont-ils, maintenant ? dans la honte. Où sommes-nous ? dans l’allégresse. Avec nous les empereurs, avec nous les princes. Quels discours, quelles paroles ferai-je entendre ? Que le Seigneur vous comble de nouveaux biens, vous et vos enfants (Psa. 113,14), et recueille votre allégresse comme dans un filet pour la tirer à lui. Mettons ici fin à nos paroles, rendant en toutes choses des actions de grâce au Dieu de bonté, à qui est la gloire dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.