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PREMIÈRE HOMÉLIE DE SAINT J. CHRYSOSTOME APRÈS SON RETOUR DE L’EXIL.

AVERTISSEMENT.


Saint Jean Chrysostome était parti pour son exil ; mais bientôt l’impératrice Eudoxie, qui avait contribué à le faire exiler, effrayée des cris et des gémissements du peuple qui redemandait son évêque, et par un tremblement de terre qu’éprouva la ville de Constantinople, sollicita elle-même son rappel. On envoie de tout côté pour le chercher, et le Bosphore se couvre de barques qui passent en Asie. Le saint Pontife est reçu dans la ville en triomphe, accompagné d’un peuple nombreux, qui, portant des flambeaux et chantant des hymnes, le conduit an temple des Apôtres, où – il prononce son premier discours. Il y rend grâces à Dieu de son retour, comme il l’avait béni à son départ, acceptant de sa main le bien et le mal avec reconnaissance, à l’exemple de Job. Il se félicite de l’amour de son peuple, auquel il est resté uni de cœur pendant son éloignement. Ses ennemis lui ont rendu un grand service en croyant lui nuire : ils lui ont fait connaître combien il était aimé. Il fait l’éloge de son troupeau : sous la figure d’une chaste épouse qui, séparée de son époux, lui reste fidèle, il le loue du vif attachement qu’il lui a témoigné ; il prie le Seigneur de le récompenser comme il le mérite ; le Seigneur auquel ils doivent tous rendre des actions de grâces. Dans un second discours, prononcé le lendemain, saint Jean Chrysostome s’étend davantage sur les circonstances de son départ et sur celle de son retour. Il compare son église à Sara, et son ennemi, l’évêque d’Alexandrie, à Pharaon, qui enleva Sara des mains d’Abraham, mais qui fut bientôt obligé de la lui rendre. Il loue la fidélité de son église ; il s’élève contre les violences de son persécuteur, qui n’ont servi qu’à prouver combien l’évêque de Constantinople était aimé dans sa ville. Les fidèles, les hérétiques, les juifs mêmes, lui ont donné des marques d’attachement. Il félicite le peuple de n’avoir opposé que des prières aux violences atroces de leurs ennemis. Il décrit l’empressement et les transports avec lesquels il a été reçu. Il rapporte quelques circonstances dé son retour, et cite, les propres paroles de la lettre dé l’impératrice, sur laquelle il fait des réflexions à la louange de cette princesse. Un nouvel éloge de son peuple pour lequel il est prêt à sacrifier sa vie, des plaintes contre son clergé qui s’est ligué avec ses ennemis, des louanges adressées aux princes, qui témoignent tant de zèle pour l’Église, des exhortations à son troupeau pour qu’il reste uni au pasteur, pour qu’il travaille à affermir la paix, et pour que, de concert avec lui, il remercie Dieu des bienfaits qu’ils en ont reçus ; voilà ce qui termine le second discours de saint Jean Chrysostome après son retour.
1. Quel discours, quelles paroles ferai-je entendre ? Dieu soit béni ! Ce que j’ai dit à mon départ, je le dis à mon retour, ou plutôt, dans mars séjour au foin, je n’ai pas cessé de le répéter. Vous vous rappelez que j’ai fait paraître au milieu de vous le bienheureux Job disant Le nom du Seigneur soit béni dans tous les siècles ! (Job. 1, 21) Voilà les gages que je vous ai laissés en partant comme actions de grâces, je les reprends. Le nom du Seigneur soit béni dans tous les siècles ! Diversité dans les événements ; unité dans la glorification. Chassé, je rendais grâce, je reviens, je rends grâce encore. Diversité dans les événements ; mais la fin de l’hiver est la même que celle de l’été, fin unique, la prospérité du champ cultivé. Béni soit Dieu qui a permis que je partisse ; béni soit Dieu qui a voulu mon retour ; béni soit Dieu qui a permis la tempête ; béni soit Dieu qui a dissipé la tempête et fait la tranquillité ! Ces paroles sont pour vous fortifier dans l’habitude de bénir Dieu. Des biens te sont accordés ? bénis Dieu, et tes biens te restent. Les malheurs sont venus ? bénis Dieu, et les malheurs disparaissent. Vous voyez bien que Job au sein des richesses rendait grâce à Dieu ; devenu pauvre, il rendait encore gloire à Dieu. Ni ravisseur d’abord, ni blasphémateur après. Il y eut pour lui diversité de