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pain nécessaire à notre subsistance, c’est-à-dire qui s’assimile au corps et le fortifie. Et ce pain, il ne nous ordonne pas de le demander pour un grand nombre d’années, mais seulement pour le jour présent. Ne soyez pas inquiets, nous dit-il, pour le lendemain. (Mt. 6,34) Pourquoi vous inquiéteriez-vous du lendemain, vous qui ne verrez pas le lendemain, qui travaillerez sans recueillir les fruits de votre travail ? Confiance en ce Dieu qui donne à toute chair sa nourriture ! (Ps. 135,25) Celui qui vous a donné votre corps, qui d’un souffle de sa bouche a créé votre âme, qui vous a doué de raison, qui, même avant votre création, vous avait préparé tant de biens, vous abandonnera-t-il après votre création, lui qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants et pleuvoir sur les justes et sur les injustes ? (Mt. 5,45) Placez donc en lui votre confiance, ne lui demandez que la nourriture du jour présent, lui laissant le soin du lendemain, comme disait le bienheureux David : Abandonne au Seigneur le soin de ta personne et il te nourrira. (Ps. 54,23)
Après nous avoir enseigné dans les paroles précédentes la plus sublime philosophie, sachant qu’il est impossible qu’étant hommes et revêtus d’un corps mortel nous ne tombions pas, il nous a appris à dire : Et pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. Cette demande renferme trois préceptes salutaires : à ceux qui sont parvenus à un haut degré de vertu Jésus-Christ apprend qu’ils ne doivent pas cesser d’être humbles, ni se confier en ce qu’ils ont fait de bien, mais craindre et trembler et se souvenir de leurs iniquités passées, comme le faisait le grand Paul qui, après tant de bonnes œuvres, disait : Jésus-Christ est venu en ce monde pour sauver les pécheurs, entre lesquels je suis le premier (1Tim. 1,15) : il ne dit pas j’étais, mais je suis, montrant par là que le souvenir du passé lui était sans cesse présent. A ceux donc qui sont arrivés à la perfection, Notre-Seigneur par ces paroles indique que l’humilité doit être leur sauvegarde. A ceux qui sont tombés après la grâce du saint baptême, loin de les laisser désespérer de leur salut, il apprend à demander au médecin des âmes le pardon qui les guérira. En outre il nous donne à tous une leçon de charité. Il veut que nous soyons indulgents pour les coupables, sans ressentiment contre ceux qui nous ont offensés :