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continence qui est le soutien, imitez le bienheureux Joseph, qui fut vendu pour être conduit en Égypte ; ce pays était désolé par la famine, il l’en délivra. Il eut à subir la tentation que lui offrit une courtisane de l’Égypte, esclave de l’amour qu’elle éprouvait pour lui, assise à ses côtés : Dors, lui dit-elle, avec moi. (Gen. 39,7) Elle voulait le dépouiller de sa continence sur cette terre d’Égypte, l’Égyptienne. Ici aussi il y a un Égyptien[1]. Mais ni cette femme n’a supplanté le saint, ni l’Égyptien votre évêque ; au contraire, on a vu se manifester à la fois la continence de l’homme libre, la noblesse des enfants et le dérèglement de la femme barbare.
2. Mes frères, le voleur ne va pas où il n’y a que de la paille, du foin et du bois, mais où se trouvent l’or, ou l’argent, ou les perles : de même le démon n’entre pas où se trouve un débauché, un impie, un ravisseur, un avare ; il cherche ceux qui vivent dans la solitude. Mes frères, est-ce que nous voulons donner à notre langue toute sa liberté en ce qui touche l’impératrice ? Mais que dirai-je ? Jézabel fait le tumulte, Élie prend la fuite ; Hérodiade se réjouit, et Jean est dans les fers ; l’Égyptienne ment, et Joseph est gardé en prison. S’ils m’exilent, j’imiterai Élie ; s’ils me jettent dans la boue, je serai comme Jérémie ; s’ils me précipitent dans la mer, je ferai comme le prophète Jonas ; dans un lac, comme Daniel ; s’ils me lapident, je serai comme Étienne ; s’ils me tranchent la tête, je serai comme Jean le précurseur ; s’ils me frappent de verges, ils feront de moi un autre Paul ; si leur volonté est de me scier, un autre Isaïe. Qu’ils me scient donc avec une scie de bois, pour que je jouisse de l’amour de la croix. Celle qui est ensevelie dans son corps attaque l’homme affranchi de son corps ; celle qui se plonge dans les ##Rem baisas, dans les parfums, dans les embrassements d’un homme, combat la pureté immaculée de l’Église. Mais voici que cette femme va s’asseoir solitaire, veuve, du vivant même de l’homme à qui elle s’est livrée. Ainsi, toi, qui n’es qu’une femme, tu veux rendre veuve l’Église ! Hier, elle m’appelait le treizième apôtre, et aujourd’hui elle m’a appelé Judas ; hier, en toute liberté, elle s’est assise auprès de moi, et aujourd’hui, comme une bête sauvage, elle a bondi sur moi. Il vaudrait mieux voir le soleil s’éteindre, ne plus apercevoir la lune, que d’oublier les paroles de Job. En effet, lorsque Job souffrit un si grand coup, il se borna à s’écrier : Que le nom du Seigneur soit béni dans tous les siècles ! (Job. 1,21) Quand sa femme lui cria : Maudissez Dieu, et mourez (Id. 11, 9-10), il la réprimanda par ces paroles : Pourquoi parlez-vous comme une femme insensée ? O ingratitude de la femme ! ô émollient des douleurs ! Est-ce que, quand tu étais malade toi-même, ô femme ! tu as entendu de telles paroles de la bouche de Job ? Est-ce que, au contraire, par ses prières, par ses bons soins, il ne t’a pas enlevé ta maladie ? Quand il vivait dans les palais des rois, quand il avait des richesses, quand il avait un train royal, tu ne disais rien de semblable ; et maintenant que tu le vois assis sur le fumier, en proie aux vers, tu lui dis : Maudissez Dieu, et mourez. Ne lui suffisait-il pas de cette leçon dans le temps ? Tu veux, par tes paroles, lui procurer un châtiment éternel ! Mais que répond le bienheureux Job ? Pourquoi parlez-vous comme une femme insensée ? Si nous avons reçu les biens de la main du Seigneur, ne supporterons-nous pas aussi les maux qu’il nous envoie ? Mais que veut cette femme qui viole les lois ? cette détestable, cette nouvelle, ou, je le dirai, cette nouvelle Jézabel, est-ce qu’elle ne crie pas en disant[2]……… Mais elle m’envoie consuls et tribuns, et elle ne fait que menacer. Et que m’envoie-t-elle ? Des araignées de la part d’une araignée. O mes frères ! ô vous tous ! si les épreuves donnent la victoire, si les combats méritent la couronne, ainsi que le disait tout à l’heure Paul, inspiré d’en haut : J’ai bien combattu, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi ; ce qui me reste, c’est â attendre la couronne de justice qui m’est réservée, que me décernera, au grand jour du jugement, le Seigneur, le juste Juge (2Ti. 4,7), à qui appartiennent la gloire et l’empire, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

  1. Théophile, évêque d’Alexandrie.
  2. Il y a une lacune dans ce texte.