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auxquelles il s’était exercé longtemps d’avance ; et les malheurs que son attente avait prévus, devinrent visibles à ses yeux, sans lui causer de trouble. Ce qui prouve qu’il ne s’était pas attaché avec trop d’amour aux biens présents, ce sont les paroles qu’il prononce ; écoutez-les : Si j’ai mis ma joie dans mes grandes richesses, si j’ai regardé l’or comme étant ma force, si les pierres précieuses ont fait ma confiance, si j’ai travaillé pour posséder des trésors sans mesure. (Job. 31,24-25) Que dis-tu, ô homme ? N’as-tu pas joui de l’abondance de tes richesses ? Nullement, dit-il. Pourquoi ? C’est parce que j’en connaissais l’instabilité, je savais combien la possession en est variable et fugitive. Et je vois bien, dit-il, que le soleil brille et cesse de briller, que la lune meurt, car le pouvoir n’est pas en eux-mêmes. (Job. ibid. 26) Ce qui revient à dire : si les astres du ciel, qui brillent toujours, sont sujets, à un certain changement ; si le soleil s’éclipse ; si la lune périt, n’est-ce pas le comblé de la démence de, regarder les choses de la terre comme fixes et durables ? Voilà pourquoi les biens présents ne lui causèrent pas une joie démesurée, pourquoi la disparition de ces biens ne le jeta pas dans une douleur excessive : il en connaissait la nature. Nous aussi, à notre tour, instruits par ces leçons, mes bien-aimés, ne nous laissons ni abattre par la pauvreté, ni enfler par les richesses : dans l’instabilité des choses humaines, conservons la constance, sachons recueillir ce fruit de la sagesse, afin de jouir ici-bas du plaisir que la terre comporte, et de posséder un jour les biens à venir ; et puissions-nous tous obtenir ce partage, par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ !