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cette pierre j’édifierai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle. (Mat. 16,18) Et quand je dis l’Église, ce n’est pas le lieu seulement, mais surtout le Dieu ; je ne parle pas des murs matériels d’une église, mais des lois de l’Église. Quand tu te réfugies dans une église, ne demande pas ton refuge à un lieu, mais à ton propre cœur : Car l’Église n’est pas un mur, un toit, mais une foi ; une règle de vie. Ne dis pas que c’est l’Église qui a livré celui qui a, été livré. S’il n’avait pas abandonné l’Église, il n’aurait pas été pris. Ne dis pas qu’il s’est réfugié et qu’il a été livré. Ce n’est pas l’Église qui t’a abandonné, chais c’est lui-même qui a abandonné l’église. Ce n’est pas dans l’église qu’il a été livré, mais dehors. Pourquoi donc a-t-il abandonné l’église ? Tu voulais être sauvé ? Tu devais ne pas lâcher l’autel. S’il n’y avait pas là des murailles, il y avait, pour te mettre en sûreté, la providence de Dieu. Tu étais un pécheur ? Dieu ne te repousse pas : Car il n’est pas venu pour appeler les justes, mais les pécheurs à la pénitence. (Mat. 9,13) La femme de mauvaise vie a été sauvée pour avoir touché les pieds du Seigneur. Avez-vous entendu la lecture de ce jour ? – Ce que je vous dis, c’est pour que vous n’hésitiez jamais à vous réfugier dans le sein de l’Église. Demeurez dans l’Église, et vous ne serez pas trahis par l’Église. Mais si vous vous enfuyez loin de l’Église, la faute n’en est pas à l’Église. Car, tant que vous restez au dedans, le loup ne s’approche pas ; mais une fois sortis, vous devenez la proie de la bête féroce ; n’en accusez pas la bergerie, mais votre démence. – Non, il n’est rien d’égal à l’Église : Ne me parlez ni d’armes, ni de murailles ; les murailles, le temps les détruit, mais l’Église ne sait pas vieillir. Les murailles sont démolies par les barbares, mais l’Église défie jusqu’aux démons. Je ne fais pas d’étalage de paroles ; mes preuves, c’est la réalité : Combien d’ennemis ont combattu l’Église, et combien sont morts, tandis que sa tête s’est élevée au-dessus des cieux ! Voici quelle est la grandeur de l’Église ses combats sont des victoires ; ses dangers des triomphes ; les outrages rehaussent sa gloire ; ses blessures la trouvent indomptable ; les tourbillons ne l’engloutissent pas ; les tempêtes ne lui font jamais un naufrage ; c’est un lutteur invincible ; c’est uni athlète qu’on ne terrasse pas. Pourquoi donc a-t-elle consenti à cette guerre ? pour avoir à montrer un trophée plus glorieux. Vous avez vu ce jour fameux, et tant d’armes qui s’agitaient, et cette armée furieuse, plus violente que l’incendie, et nous nous empressions de nous rendre au palais de l’empereur. Qu’est-il arrivé ? Par la grâce de notre Dieu rien ne nous frappa de terreur. 2. Ce que je dis, c’est pour que, vous aussi, vous fassiez comme nous. Pourquoi n’avons-nous pas été frappés de terreur ? C’est que ; de tous ces objets de terreur, nous n’en redoutions aucun. Car qu’y, a-t-il de terrible ? la mort ? elle n’a rien de terrible ; elle nous mène rapidement au port qui ne connaît pas de tempêtes. Mais tes biens seront confisqués ? Nu je suis sorti du ventre de ma mère, nu je m’en retournerai. (Job. 1,21) Mais les exils ? C’est au Seigneur qu’appartient la terre, et ce qui la remplit. (Psa. 23,2) Mais les calomnies ? Réjouissez-vous et soyez pleins d’allégresse quand on dira de vous toute espèce de mal en mentant, parce que votre récompense est considérable dans les cieux. (Mat. 5,12) Je, voyais les glaives ; et je pensais au ciel ; j’attendais la mort, et je me rappelais la résurrection ; je voyais ici-bas les souffrances, et j’énumérais les récompenses d’en haut ; je remarquais les attaques, et je méditais la céleste couronne ; car la raison de rues combats suffit pour me donner le courage et la consolation. J’étais certes un homme qu’on emmène, mais il n’y avait pas là, pour moi, de déshonneur : car, en fait de déshonneur, il n’en est qu’un, le péché. Quand la terre entière vaudrait ton déshonneur, si tu ne te déshonores pas toi-même, tu ne seras pas déshonoré. Il n’est de trahison que celle qui livre la conscience. Ne trahis pas ta conscience, et nul ne peut te trahir. J’étais emmené, et je voyais la réalité, ou plutôt mes paroles devenues fine réalité ; l’homélie faite par moi en paroles, prêchée sur la place publique, par la réalité : Quelle homélie ? celle que j’ai sans cesse répétée : le souffle du vent a dispersé le feuillage ; l’herbe s’est desséchée, la fleur est tombée. (Isa. 40,8) La nuit s’en est allée, et le jour a paru ; l’ombre a été rejetée, et l’on a vu paraître la vérité. – Ils sont montés jusqu’aux cieux et sont descendus jusque dans les plaines. L’orgueil des flots a été rabattu parla réalité des choses humaines. – Qu’est-ce à dire ? C’est un enseignement que ce qui s’est passé. Oui, je me disais à moi-même : cette leçon de