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des larmes coulèrent alors des yeux du plus clément des princes, il parla de la table sainte, refuge du malheureux, et c’est ainsi qu’il apaisa les colères.
5. A nous maintenant d’ajouter les paroles qui conviennent à notre ministère. Quel pardon pourrez-vous mériter, si, quand l’empereur outragé oublie son injure, vous, qui n’avez rien eu à souffrir, vous persistez dans votre haine implacable ? Comment, au sortir de cette assemblée, prendrez-vous votre part de nos mystères ? Comment pourrez-vous prononcer cette prière qui nous prescrit de dire : Remettez-nous nos dettes, comme nous les remettons nous-mêmes à ceux qui nous doivent (Mat. 6,12), s’il vous faut le supplice de votre débiteur ? Il vous a prodigué les injustices et les outrages ? Nous ne voulons pas ; en disconvenir. Cependant nous ne sommes pas à l’heure de la justice, mais de la pitié ; ce n’est pas l’heure des comptes sévères, mais de la clémence ; l’heure de l’examen, mais du pardon ; l’heure de la sentence et du jugement, mais de la compassion et de l’indulgence. Plus de fureurs, plus de haines, mais bien plutôt prions le Dieu de clémence d’ajouter à ses jours, de l’arracher au supplice qui le menace, qu’il revienne lui-même de ses égarements ; rendons-nous ensemble auprès du clément empereur ; au nom de l’Église, au nom du sanctuaire, demandons-lui pour un seul homme, pour que cet homme vive, sa grâce, comme un présent offert à la table sainte. Si nous le faisons, l’empereur accueillera notre prière, et Dieu, avant l’empereur, agréera notre conduite, et récompensera magnifiquement notre humanité. Car, autant il hait et déteste l’homme cruel, autant il aime et chérit celui qui est doux et miséricordieux. Si c’est un juste, Dieu lui tresse de plus brillantes couronnes ; si c’est un pécheur, Dieu ne voit plus ses péchés, et la sympathie, l’amour montré par ce pécheur aux compagnons de son exil sur la terre, est la mesure de l’amour que le Seigneur lui réserve en échange. Car, c’est la miséricorde que je veux, dit le Seigneur, et non le sacrifice. (Ose. 6,6) Et partout l’Écriture nous montre Dieu recherchant la miséricorde et nous la représentant comme le meilleur moyen d’effacer les péchés. C’est donc ainsi qu’à notre tour nous nous rendrons notre Dieu favorable ; c’est ainsi que nous réparerons nos fautes ; c’est ainsi que nous serons la parure de l’Église ; c’est ainsi que nous mériterons, comme je vous l’ai dit, les louanges d’un prince clément et les applaudissements de tout le peuple, et les extrémités de la terre admireront notre clémence et notre douceur, que toutes les bouches vont célébrer à l’envi : Hâtons-nous donc de jouir de ces grands avantages ; à genoux, implorons, prions ; arrachons à ses dangers le captif, le fugitif, le suppliant, pour qu’il nous soit donné à nous-mêmes d’obtenir les biens qui nous attendent, par la grâce et la miséricorde de Jésus-Christ Notre-Seigneur, à qui soient la gloire et la puissance, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.