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véracité : je suis ton ami, moi, plus que tes flatteurs ? je suis, moi qui te blâme, plus jaloux de tes intérêts que ceux qui veulent te complaire ? N’ajoutais-je pas à ces paroles : crois-en plus les amis qui te blessent que les ennemis t’apportant leurs baisers ? Si tu avais supporté mes blessures, leurs baisers n’auraient pas enfanté cette mort pour toi : mes blessures produisent la santé, taudis que leurs baisers t’ont causé une maladie incurable. Où sont maintenant les échansons ? où sont-ils, les appariteurs, écartant la foule au milieu des places sur ton passage ? et ces milliers de panégyristes chantant partout tes louanges ? Ils ont pris la fuite, désavoué ton amitié ; des périls où te jette leur abandon, ils se sont fait leur sûreté. Mais nous, nous ne sommes pas de ces hommes ; mais nous, malgré ton aversion, nous ne t’abandonnons pas, et, dans ta chute, nous t’enveloppons de nos soins. Oui, traitée par toi en ennemie, l’Église a étendu son voile ; l’a déployé sur toi, et t’a reçu ; taudis que ces théâtres, chers objets de tes soins, qui, tant de fois, ont suscité ta haine contre nous, t’ont trahi, perdu. Cependant, nous te disions toujours et sans cesse : que fais-tu ? Pourquoi cette fureur contre l’Église ? ce délire qui te pousse toi-même aux précipices ? tu courais, sourd à tous nos cris. Et taudis que le cirque qui t’a gris tout ton or aiguise contre toi le glaive, l’Église, qui n’a jamais joui que de ta colère insensée, s’agite pour toi de toutes parts, autour de ces filets dent elle veut t’arracher.
2. Et ces choses, je ne les dis pas pour fouler sous mes pieds celui que je vois renversé, mais pour affermir ceux qui sont encore debout, je ne fais pas à l’homme meurtri de nos vielles blessures, mais ceux qui sont jusqu’à présent sans blessures, je les veux conserver dans un état de santé que rien n’ébranle ; je n’enfonce pas sous la vague l’homme déjà saisi par le tourbillon, mais aux navigateurs que poussent les vents prospères j’enseigne ce qu’il faut savoir pour ne pas sombrer. Comment éviter ce malheur ? Pensons à l’inconstance des choses humaines. Oui, si l’homme qui est devant vous avait craint cette inconstance ; il ne subirait pas cette inconstance. Mais, puisque ni chez lui, ni dehors, les conseils n’ont pu le corriger, vous, du moins, qui vous parez de vos richesses, faites votre profit de son infortune, car rien n’égale les choses humaines en fragilité. Quelques mots que vous employiez