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HOMÉLIE SUR LE PARALYTIQUE DESCENDU PAR LE TOIT.

Qu’il est différent de celui dont parle saint Jean, et de l’égalité du Père et du Fils.

AVERTISSEMENT et ANALYSE.

Dans l’exorde de cette homélie, saint Chrysostome dit qu’il avait fait depuis peu un discours sur le paralytique de trente-huit ans ; ce qui désigne, sans aucun doute, la douzième homélie contre les Anoméens (voyez tome II), dans laquelle il prouve, par la guérison miraculeuse de ce paralytique, que le Fils est égal au Père en puissance. Il fit, comme l’on croit cette homélie en 398, étant déjà évêque de Constantinople ; ainsi il faut rapporter vers le même temps l’homélie sur le paralytique descendu par le toit.

1o Nature des richesses spirituelles, elles ne s’épuisent jamais. L’histoire du paralytique nous apprend à supporter les épreuves de la vie. — 2o Dieu est toujours père et médecin soit qu’il use de sévérité, soit qu’il use d’indulgence. Le secours de la grâce divine est nécessaire. — 3o L’orateur passe au second paralytique. Les Évangélistes ne se contredisent pas. — 4o Différences des deux paralytiques. — 5o Grande foi du paralytique. — 6o Le Christ démontre sa divinité. — 7o La rémission des péchés. 8o Exhortation à la patience dans les peines.

1. Quand nous avons dernièrement parlé du paralytique qui gisait dans son lit auprès de la piscine, nous avons trouvé un grand et magnifique trésor, non en creusant la terre, mais en examinant les sentiments de ce malade ; nous avons trouvé un trésor, non d’or, d’argent et de pierres précieuses, mais de force, de sagesse, de patience, d’espoir en Dieu : ce qui vaut mieux que l’or et la richesse. La richesse matérielle vous expose aux embûches des voleurs, à la langue des calomniateurs, aux attaques des brigands, aux crimes de vos propres esclaves, et si vous évitez tout cela, elle ne vous en causera pas moins les plus grands malheurs en attirant sur vous les regards de l’envie et vous suscitant mille tempêtes. La richesse spirituelle échappe à tous ces périls, nul accident ne peut l’atteindre dans la haute région où elle est placée, elle se rit des voleurs, des brigands, des envieux, des calomniateurs, et même de la mort. La mort ne la sépare pas de celui qui la possède ; au contraire, c’est après la mort surtout qu’elle lui est assurée, qu’elle le suit, qu’elle habite avec lui dans la vie future, qu’elle plaide puissamment en sa faveur et lui rend le juge propice.

Nous avons trouvé ces richesses cachées en abondance dans l’âme du paralytique. Je vous en atteste, vous qui avez mis toute votre ardeur à creuser cette mine, sans l’épuiser toutefois. Car telle est la nature de la richesse spirituelle ; elle est comme l’eau qui coule sans tarir, elle est plus abondante encore : car elle croît à mesure qu’augmente le nombre de ceux qui viennent puiser à ses sources. Elle entre dans l’âme de chacun et se communique sans se diviser ni s’amoindrir, elle se donne tout entière, et elle reste tout entière sans pouvoir être jamais épuisée, sans pouvoir jamais manquer : c’est ce qui est arrivé en cette circonstance. Vous vous êtes jetés en foule sur ce trésor, chacun de vous y a puisé largement selon ses forces ; et que parlé-je de vous, c’est depuis Notre-Seigneur que des milliers et des milliers d’hommes s’y enrichissent, et néanmoins il de-