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température favorable, de faux, de greniers, de gerbes, de van pour séparer le grain de la paille, ni de meule pour moudre ; en un instant, dans son vase, elle a trouvé le couronnement de tous ses travaux : deux fontaines intarissables, une de farine, une d’huile, ont jailli à la voix du Prophète.
14. Tels sont les présents des saints : ils sont. abondants et ne coûtent aucune peine. Les fruits de la terre se consument ; les fontaines où la veuve puisait chaque jour étaient inépuisables ; la dépense et l’abondance luttaient à armes égales. Voilà les présents qu’apportent les pieds des saints, ou plutôt ils en procurent de bien plus considérables. Si ce n’était la crainte de trop allonger ce discours, je pourrais passer en revue un grand nombre de présents du même genre. De même que ceux qui les traitent avec honneur obtiennent d’eux de tels dons, de même ceux qui les méprisent s’attirent un redoutable supplice, la flamme, à laquelle on ne peut échapper. Qui le prouve ? Écoutez le Christ lui-même parlant à ses disciples : En quelque ville ou en quelque village que vous entriez, informez-vous qui est digne de vous loger, et demeurez là, et, en entrant, dites : Que la paix soit dans cette maison ! (Mt. 10,11, 12) Et, afin que vous ne disiez pas : de dépense de l’argent, je dissipe ce que j’ai en servant des repas aux étrangers, le Seigneur fait que celui qui entre dans votre maison est le premier à vous donner les présents de l’hospitalité, présents magnifiques, qui surpassent toutes les richesses. Quels sont-ils ? La plénitude de la paix. Rien n’est comparable à la paix. Voyez avec quelle abondance de biens le saint fait son entrée dans une maison : la paix, ce n’est qu’un mot bien petit, mais qui renferme des, biens infinis. Quoi de plus sûr qu’une maison qui jouit de la paix ? Les saints souhaitent la paix à ceux qui les reçoivent : ce n’est pas seulement la paix avec les autres, mais la paix avec nous-mêmes. En effet, il arrive souvent que nous sentions la guerre dans nos pensées ; personne ne nous interpelle et nous sommes dans le trouble ; les passions mauvaises se lèvent contre nous. Ce combat intérieur s’apaise à cette parole des saints, qui produit en nous une profonde tranquillité ; car, aussitôt que le saint a prononcé cette parole, toute pensée inspirée par le démon, tout mauvais conseil est banni de notre âme. Et voilà comment vous recevez bien plus que vous ne donnez. Si cette maison volts reçoit, votre paix viendra sur elle ; si elle ne vous reçoit pas, secouez la poussière de vos pieds. Je vous dis, en vérité, au jour du jugement, Sodome et Gomorrhe seront traitées moins rigoureusement. (Id. 13,15) Voyez quel feu vengeur appellent, attisent les pieds des saints. Voilà pourquoi Dieu nous commande de laver ces pieds c’est afin que le soin que nous en aurons pris nous concilie la faveur de Dieu. Et, en même temps, il nous avertit d’exercer par nous-mêmes tous les devoirs de l’hospitalité. Imitez Abraham, ô veuve ! devenez une fille d’Abraham. Il avait trois cent dix-huit esclaves, et lui-même partagea avec son épouse le fruit de l’hospitalité ; lui-même apportait le veau, Sara pétrissait la farine. Empressez-vous de les imiter. Ce n’est pas seulement l’argent que l’on donne, mais lé soin que l’on prend en servant soi-même les pauvres, qui mérite de grandes récompenses. Voilà pourquoi les apôtres confièrent ce ministère aux sept parmi lesquels on comptait Étienne. (Act. 6) Sans doute, ils ne donnaient d’eux-mêmes rien aux pauvres ; mais ils distribuaient sagement ce que les autres avaient donné, et ils ont mérité une grande récompense pour avoir distribué avec sagesse, avec une parfaite diligence, les dons qui provenaient des autres.
15. Devenez donc, vous aussi, les sages dispensateurs de vos biens, afin de recueillir un double fruit, et parce que vous donnez, et parce que vous distribuez vos dons avec sagesse. Ne rougissez pas de servir le pauvre, de vos propres mains ; le Christ ne rougit pas de vous tendre la main, lui-même, en prenant la figure du pauvre ; il ne rougit pas de recevoir ; et vous rougiriez, vous, de tendre la main pour accorder le don ? ne serait-ce pas le comble de la démence ? Je ne connais qu’une honte, la pensée mauvaise, la cruauté qui n’a pas d’entrailles ; mais, la tendresse du cœur, l’aumône, la charité, le soin que l’on prend des pauvres, voilà ce qui nous assure la gloire. Plus vous serez riches et opulents, plus vous vous acquerrerez toutes les louanges, quand vous vous abaisserez jusqu’au mendiant, jusqu’au pauvre qu’on méprise. Vous n’aurez pas seulement les louanges des hommes, mais celles de l’ange et du Dieu des anges ; et le Seigneur ne se contentera pas de vous louer, il vous décernera, en – retour, des présents, qui vaudront deux fois les vôtres ; il ne se contentera