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HOMÉLIE SUR LES VEUVES.


Sur ce texte : « Que celle qui sera choisie pour être mise au rang des veuves, n’ait pas moins de soixante ans (1Tim. 5,9) » De l’éducation des enfants et de l’aumône.

AVERTISSEMENT ET ANALYSE.


Cette homélie fut prononcée la même année que l’homélie sur les Calendes et que les homélies sur Lazare. On le voit par l’exorde où saint Chrysostome dit qu’il avait parlé dernièrement sur ce texte : Au sujet de ceux qui dorment, je ne veux pas vous laisser ignorer. C’est le sujet du cinquième discours sur Lazare. Donc l’homélie sur les Calendes, les sept sur Lazare et celle-ci furent faites par l’orateur, au commencement de la même année, à Antioche. Quelle est cette année ? c’est ce que l’on n’a pas encore découvert.

  • 1-2. Dignité de la veuve. Deux sortes de veuves, les veuves pauvres que l’Église nourrit, et les veuves opulentes. Desquelles l’Apôtre exige-t-il qu’elles aient soixante ans ? évidemment des dernières. Là où il s’agit de secours à donner, il n’y a pas d’âge à déterminer. Quiconque souffre veut être soulagé à tout âge et dans n’importe quelle condition. – 3. Il y avait autrefois des chœurs de veuves comme il y a maintenant des chœurs de vierges. Dans la composition de ces chœurs, l’on ne pouvait agir avec trop de prudence ; de là ce conseil de n’admettre que celles qui étaient d’un âge à ne plus vouloir retourner dans le monde. – 4. Le conseil de se remarier jeunes, ne regarde que les veuves qui ne supporteraient pas l’épreuve du veuvage. Celle qui veut être admise à la dignité de veuve doit d’abord en montrer les œuvres. – 5-6. Des inconvénients des secondes noces. – 7-11. Œuvres de la veuve ; premièrement : bien élever ses enfants. – 12-14. Deuxièmement, exercer l’hospitalité. – 15. Il faut servir les pauvres. —16. Exhortation à la pratique de l’aumône.


1. Reconnaissons l’à-propos dans la grâce que l’Esprit-Saint vous a ménagée par la lecture de la lettre apostolique de ce jour ; on y trouve, avec ce que nous disions naguère, un rapport de parenté ; vous verrez que ce sont des pensées de la même famille, si vous vous attachez moins aux paroles qu’au sens des expressions. En effet, notre lecture de l’autre jour, c’était : Touchant ceux qui dorment, je ne veux pas que vous ignoriez, mies frères (1Thes. 4,12), et alors nous avons parlé avec développement de la résurrection, du courage à montrer dans les jours de funérailles, des grâces qu’il faut rendre à Dieu, quand il nous prend ceux qui sont nos proches. Voici aujourd’hui notre lecture : Que celle qui sera choisie pour être mise au rang des veuves, n’ait pas moins de soixante ans. Puisque c’est la mort qui fait le veuvage ; puisque c’est là ce qui excite le plus la douleur, et rend le deuil plus amer, rappelez-vous les consolations naguère adressées par nous à ceux qui sont dans le deuil ; vous les avez recueillies avec toute l’ardeur d’un vrai zèle ; gardez-les où vous mettez en réserve les bonnes pensées. Certes, quand on dit veuvage, il semble que l’on dise malheur ; il n’en est pas ainsi pourtant ; le veuvage est une dignité, c’est un honneur, c’est la gloire la plus belle ; ce n’est pas un opprobre, mais une couronne. Si la veuve n’a plus de mari dont elle partage l’habitation, elle partage l’habitation du Christ, qui écarte tous les maux déchaînés contre nous. En effet, il suffit à la veuve qu’on outrage et qu’on tourmente, d’entrer, de fléchir les genoux, de gémir dans l’amertume de son cœur, de verser des larmes, et elle repousse loin d’elle tous les assauts ; car voilà les armes de la veuve : les pleurs, les gémissements, les prières assidues ; par là, elle n’écarte pas seulement les injures que lui font les hommes, mais les assauts que lui livrent les démons. Affranchie des affaires du siècle, elle n’a plus qu’à suivre son chemin vers le séjour d’en haut ; le zèle qu’elle témoignait