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HOMÉLIE CONTRE CEUX QUI ABUSENT DE CETTE PAROLE DE L’APÔTRE : PAR OCCASION OU PAR VÉRITÉ LE CHRIST EST ANNONCÉ. (PHIL. 1,18) et sur l’humilité[1].

AVERTISSEMENT ET ANALYSE.


Cette homélie a été prononcée à Antioche quelques jours après la cinquième contre les Anoméens, c’est-à-dire dans les derniers jours de l’année 386. C’est en effet dans la cinquième homélie contre les Anoméens, que se trouve commentée l’histoire du publicain et du pharisien mentionnée au début de celle-ci. L’occasion de cette homélie fut l’abus que certains hérétiques faisaient des paroles de saint Paul : Que ce soit par occasion ou par vérité que le Christ est annoncé, je m’en réjouis, prétendant qu’elles signifiaient qu’il importait peu que les dogmes fussent vrais ou faux pourvu que le Christ fût annoncé.

  • 1. Le cinquième discours contre les Anoméens est mentionné. – 2. L’humilité est la seule pierre solide sur laquelle doit être fondé l’édifice de notre salut. – 3. La simplicité, la pureté, l’unité de foi exigée par saint Paul et par Notre-Seigneur Jésus-Christ. – 4-9. Saint Chrysostome raconte en quelles circonstances saint Paul a prononcé les paroles dont on abusait ; il était dans les fers, et ses ennemis prêchaient l’Évangile pour irriter Néron et le porter à faire mourir l’Apôtre ; néanmoins, la prédication faisait des progrès, voilà pourquoi saint Paul disait les paroles en question. – 10. Après cela ces paroles s’expliquent d’elles-mêmes. – 11-12. Exhortation à la prière.


1. En vous parlant naguère du pharisien et du publicain, je pris pour exemple deux chars attelés, l’un de la vertu, l’autre du vice, et vous fis voir ce qu’on gagne par l’humilité et ce qu’on perd par l’arrogance. Je vous montrai comment l’arrogance, attelée avec la justice, les jeûnes et les dîmes, se laissa devancer tandis que l’humilité, attelée avec le péché, dépassa le char du pharisien, quoique conduite par un mauvais cocher. Y eut-il plus grand coupable que le publicain ? Cependant, par la contrition de son âme et l’aveu de ses péchés, il l’emporta sur le pharisien, qui pouvait se faire un mérite de ses dîmes et de ses jeûnes, et n’était souillé d’aucune iniquité. Comment et pourquoi ? C’est que, s’il n’était souillé ni d’avarice ni de rapines, il avait laissé germer en son âme la vanité, l’arrogance, mère de tous les vices. C’est pourquoi Paul nous exhorte par ses paroles : Que chacun examine bien ses actions : il trouvera ainsi sa gloire en lui-même, et non dans les autres. (Gal. 6,4) Or, ce pharisien se fait l’accusateur du monde entier, et se prétend meilleur que tous les hommes. Se fût-il préféré à dix seulement, à cinq, à deux, à un seul, Dieu ne l’aurait pu souffrir. Or, non seulement il se préfère au monde entier, mais il accuse tous les hommes. C’est pourquoi il fut devancé. Et, semblable à un vaisseau qui, ayant traversé les flots agités,

  1. On trouvera à la fin du volume l’homélie : Utinam sustineretis modicum, etc.