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afin que s’ils voulaient voir la vérité, ils eussent des paroles où ils se pussent attacher, et que, s’ils persistaient dans leur incrédulité, ils n’eussent aucun espoir de grâce, ne croyant pas, pour leur malheur, aux choses mêmes auxquelles ils paraissent croire. En quel endroit donc le Nouveau Testament témoigne-t-il que l’auteur de ses lois est aussi le législateur de l’Ancien Testament ? En bien des passages. Mais nous ne voulons en citer qu’un que les Manichéens ont conservé. Quel est-il.? Dites-moi, vous qui voulez être sous la loi, n’avez-vous point lu la loi ? Car il est écrit qu’Abraham eut deux fils, l’un de la servante, l’autre de la femme libre. (Gal. 4,21-22) A ces mots, l’un de la servante, les hérétiques d’accourir, et, comptant que ces paroles renferment une accusation contre la loi, ils retranchent le reste, ils en font un appui à leur calomnie. Montrons par ce passage même qu’il n’y a qu’un législateur : Abraham eut deux fils, l’un de la servante, l’autre de la femme libre. C’est, dit l’Apôtre, une allégorie. (Id.24) Comment est-ce une allégorie ? Ce qui est arrivé au temps de la loi est la figure de ce qui arrive au temps de la grâce. De même qu’il y a deux épouses, de même il y a deux Testaments. Mais la parenté de l’Ancien Testament et du Nouveau apparaît d’abord en ce que l’un est la figure de l’autre. Car la figure n’est pas l’opposé de la vérité : elle est de même nature. Or, si le Dieu de l’Ancien Testament n’était point le Dieu du Nouveau, il n’aurait point, dans la figure des deux femmes, proclamé l’excellence du Nouveau Testament ; et en admettant qu’il l’eût figurée, Paul n’aurait eu garde d’user de la figure. Et si l’on dit qu’il l’a fait pour condescendre à la faiblesse des Juifs, il devait donc aussi, quand il prêchait aux Grecs, employer des figures grecques, et faire mention des faits que contient l’histoire des Grecs. Il ne l’a point fait, et ce n’est pas sans cause. Car il n’y là rien de commun avec la vérité ; ici, il y a les lois de Dieu et sa révélation. Il y a donc manifestement parenté entre l’Ancien Testament et le Nouveau.
6. Ce premier argument prouve donc le profond accord des deux Testaments. J’en trouve un second dans l’histoire même. De même que les deux épouses n’avaient qu’un mari, de même les deux Testaments n’ont qu’un législateur. S’il y en avait deux ; l’un pour l’Ancien, l’autre pour le Nouveau, il n’était pas nécessaire de recourir à l’histoire. Car Sara et Agar n’avaient point deux maris différents, mais un seul. Ainsi en disant. Ces deux femmes figurent les deux Testaments (Gal. 4,244), l’apôtre ne veut rien dire autre chose sinon qu’il n’y a qu’un législateur, de même que les deux épouses n’avaient qu’un mari, Abraham. Mais l’une était esclave, l’autre femme libre. – Qu’importe ? la question était seulement de savoir si elles eurent le même maître. Que les hérétiques admettent d’abord ce point, nous leur répondrons ensuite sur l’autre. Qu’ils soient forcés de s’y rendre, et leur dogme tombe en poussière. Car lorsqu’il sera démontré que le législateur de l’Ancien Testament est le même que celui du Nouveau, comme il l’est en effet, notre discussion est terminée. Mais sans nous laisser troubler par leur objection, attachons-nous exactement à la parole de l’Apôtre. Il n’a pas dit : L’une était esclave, l’autre libre, mais : L’une engendrant pour la servitude. De ce qu’elle engendrait pour la servitude, il ne s’ensuit point qu’elle soit esclave ; être engendré pour la servitude n’est point la faute de la mère, mais celle des enfants. C’est parce qu’ils se privèrent eux-mêmes de leur liberté par leur malice, et perdirent les droits de leur naissance que Dieu les traita comme des esclaves ingrats, les instruisant par une crainte incessante, les corrigeant par des peines et des menaces. Ne voit-on pas aujourd’hui encore grand nombre de pères traiter leurs fils, non en fils, mais en esclaves, et les contenir par la crainte ? La faute n’en est point aux pères, mais aux enfants qui ont forcé leurs pères à traiter en esclaves des hommes libres. C’est ainsi que Dieu lui-même contenait en ce temps les peuples par la crainte et les châtiments, comme il eût fait un esclave ingrat. Il ne faut accuser ni Dieu ni la loi de ces sévérités, mais seulement les Juifs indociles au joug et qui avaient besoin d’un frein plus solide. Dans cet Ancien Testament, nous trouvons bien des hommes qui n’ont point été traités ainsi : Abel, Noé, Abraham, Isaac, Joseph, Moïse, Élie, Élisée et bien d’autres qui s’élevèrent jusqu’à la philosophie du Nouveau Testament. Ce ne furent ni la crainte, ni les châtiments, ni les menacés, ni les punitions, mais l’amour divin, leur zèle ardent pour Dieu, qui les firent ce qu’ils ont été. Ils n’eurent besoin ni de préceptes, ni de commandements, ni de lois, pour pratiquer la vertu et fuir le vice ; ces âmes bien