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Esprit que la foi s’est solidement établie, et dans l’âme du prophète, et dans les nôtres. C’est comme s’il disait : C’est le même esprit de foi qui a parlé en lui et agi en nous.
2. Où sont maintenant ceux qui calomnient l’Ancien Testament, qui déchirent le corps des Écritures et attribuent à deux dieux différents l’Ancien Testament et le Nouveau ? Qu’ils entendent comme Paul ferme leurs bouches impies, met un frein à leurs langues qui s’attaquent à Dieu, et montre par cette seule parole que le même Esprit règne dans l’Ancien Testament et dans le Nouveau. Car ce seul nom de Testament nous donne l’idée d’une entière harmonie. On appelle l’un Nouveau, pour le distinguer de l’Ancien ; et l’autre Ancien, pour le distinguer du Nouveau, comme Paul le dit lui-même : En disant le Nouveau Testament, il a marqué l’ancienneté du premier. (Heb. 8,13) Or, s’ils ne venaient tous deux du même Maître, on ne pourrait appeler l’un Nouveau, l’autre Ancien. Cette différence de noms elle-même marque leur parenté, et la différence qui sépare l’un de l’autre n’est pas dans leur essence, mais dans le temps où ils ont paru ; ce n’est qu’en cela que le Nouveau Testament est opposé à l’Ancien. Au reste cette différence des temps n’implique nul changement de Maître, nulle diminution de pouvoir. C’est ce que le Christ a lui-même fait entendre en disant : C’est pourquoi je vous le dis : Tout docteur instruit de ce qui regarde le royaume des cieux est semblable un père de famille qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes. (Mat. 13,52) Vous voyez des biens différents aux mains du même maître : S’il se peut qu’un même maître dispense des biens nouveaux et des biens anciens, rien n’empêche que l’Ancien Testament et le Nouveau soient du même Dieu. Cela même indique l’abondance de ses trésors qu’il fait paraître quand il dispense, non seulement des biens nouveaux, mais encore des biens depuis longtemps amassés.
Il n’y a dans les deux Testaments que des différences de nom ; du reste, nulle opposition, nulle contradiction. Car l’ancien devient ancien par le nouveau : or, ce n’est point là une opposition, une contradiction, mais une simple différence de nom. Mais j’irai plus loin. Les lois du Nouveau Testament et celles de l’Ancien seraient-elles différentes, j’affirmerais résolument qu’il n’y aurait nulle nécessité de les attribuer à deux dieux différents. Si dans ce même temps, pour les mêmes hommes, ayant les mêmes soins et les mêmes devoirs, Dieu avait fait des lois contradictoires, ce sophisme aurait peut-être une ombre de raison. Mais si ces deux Testaments ont été écrits pour des hommes différents, vivant dans des temps divers, et dans des circonstances diverses, la différence des lois implique-t-elle deux législateurs ? Pour moi, je ne le vois pas ; que nos adversaires parlent s’ils le peuvent, mais que pourraient-ils dire ? Le médecin emploie souvent des remèdes contraires, sa science cependant n’est pas contradictoire : elle est une et constante. En effet, il brûle ou ne brûle pas, incise ou n’incise pas le même corps ; tantôt il prescrit des breuvages amers, tantôt des breuvages doux : ces traitements sont opposés, la science qui les dicte est une et constante, elle n’a qu’un but unique, la santé du malade. N’est-il pas absurde de ne point blâmer un médecin qui emploie des remèdes contraires sur le même corps, et de condamner Dieu pour avoir donné à des hommes différents, et qui vivaient dans des temps différents, des lois différentes ?
3. Ainsi, les lois seraient-elles contraires, il ne faudrait point accuser Dieu : je viens de le prouver. Mais elles ne sont point contraires, elles sont seulement différentes ; faisons-les comparaître devant nous. Écoutez, dit Jésus, ce qui a été dit aux anciens : Vous ne tuerez pas. Voilà l’ancienne loi ; voyons la nouvelle : Et moi je vous dis : quiconque s’irritera sanas motif contre son frère méritera d’être condamné au feu de l’enfer. (Mat. 5,21-22) Sont-ce là ; dites-moi, des lois contraires. Est-il un homme, si peu de raison qu’il ait, qui le puisse prétendre ? Si l’ancienne loi défendait le meurtre, et si la nouvelle le commandait, on pourrait dire qu’elles sont opposées. Mais quand l’une ordonne de ne point tuer, et que l’autre prescrit de ne pas même s’irriter, c’est une défense plus sévère, et non une défense contraire. L’une retranchait l’effet du mal, le meurtre ; l’autre en arrache, la racine en proscrivant la colère ; la première arrêtait le cours du vice, l’autre en dessèche la source même, car la racine et la source du crime sont dans la colère et le ressentiment. L’ancienne loi nous a préparés à recevoir la nouvelle, et la nouvelle a complété l’ancienne : Où est la contradiction ? l’une retranche l’effet du mal, l’autre le principe.