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gagnez non point des richesses, mais la rémission de vos péchés, la paix devant Dieu, le royaume du ciel et des biens que les yeux mortels ne peuvent voir, ni les oreilles entendre, ni la pensée concevoir. N’est-il pas absurde que les marchands n’épargnent pas leur avoir pour acquérir, non point des biens d’Une nature supérieure, mais des biens semblables, et que nous, Pour échanger des biens périssables et passagers contre des biens impérissables et éternels, nous ne sachions point comme eux dépenser nos richesses ? Non, mes frères, ne soyons pas ennemis de notre salut : laissons-nous toucher à l’exemple des vierges folles et de ceux qui se précipitent dans le feu préparé pour le démon et ses anges rebelles, pour n’avoir pas donné à manger et à boire à Jésus-Christ ; conservons le feu de l’Esprit-Saint par une abondante charité et de larges aumônes, afin que notre foi ne fasse point naufrage. Car la foi a besoin du secours et de la présence de l’Esprit-Saint, pour rester inébranlable ; et ce qui nous assure le secours de l’Esprit-Saint, c’est la pureté de la vie et la bonne conduite. Si nous voulons que la foi jette en nous de profondes racines, nous devons mener, cette vie pure et sage qui conserve en nous la grâce et la vertu de l’Esprit-Saint. Car celui qui ne mène point une vie pure ne saurait garder sa foi à l’abri des orages.
10. Les insensés qui parlent de la destinée et n’ont point la salutaire croyance de la résurrection sont poussés, par leur mauvaise conscience et leurs mœurs impures, dans cet abîme d’impiété. Et de même quo les gens pris de fièvre, pour en apaiser l’ardeur, se jettent dans l’eau froide, et, après un léger soulagement, sentent s’aviver la flamme qui les dévore, de même ces hommes, en proie à leur mauvaise conscience, cherchant le repos, mais ne voulant pas le trouver dans le repentir, ont recours à l’aveugle tyrannie du destin et à l’incroyance en la résurrection. Ils se reposent un temps en de froids raisonnements, mais ils allument ainsi dés flammes plus dévorantes ; ils se plongent de plus en plus dans l’indifférence, et, quand ils – descendront aux enfers, ils verront chacun expier ses fautes. Et pour vous convaincre que les actions mauvaises ébranlent la solidité de la foi, écoutez ce que Paul dit à Timothée : Acquittez-vous de tous ces devoirs de la milice sainte, conservant la foi et la bonne conscience. (Or, la bonne conscience est le fruit d’une vie pure et des bonnes œuvres). Quelques-uns y ont renoncé, et leur foi a fait naufrage. (1Tim. 1,18-19) Ailleurs il dit : L’amour des richesses est la cause de tous les maux ; quelques-uns en étant possédés se sont égarés de la foi. (Id. 6,10) Vous voyez que, pour une cause, les uns ont fait naufrage, les autres, pour une autre cause, se sont égarés ; les premiers, pour avoir renoncé à la bonne conscience, les seconds, pour avoir succombé à l’amour des richesses. Ce que considérant avec soin, appliquons-nous à bien vivre pour nous assurer une double récompense, celle que nous procurera la rétribution de nos œuvres, et celle qui nous viendra de la fermeté de notre foi. Car la bonne vie est à la foi ce que la nourriture est au corps, et de même que notre corps ne saurait vivre sans aliments, notre foi ne saurait vivre sans les œuvres. La foi sans les œuvres est une foi morte : (Jac. 2,20) Il me reste une chose à dire. Que signifient ces mots : Le même esprit de foi ? car l’Apôtre n’a pas dit simplement : l’esprit de foi : J’avais intention d’expliquer cette parole, mais je vois que les pensées jailliraient à flots de ce seul mot ; je crains que le nombre des choses qu’il faudrait dire ne déborde de vos âmes et que l’instruction ne souffre de ces longueurs. C’est pourquoi je m’arrête, en vous priant et vous suppliant d’observer avec soin les préceptes que je vous ai donnés sur la pureté de la vie, sur la foi, la virginité, la charité et l’aumône, de les retenir exactement pour être prêts à entendre ce que je dois vous dire encore. Car l’édifice qu’élèvent mes paroles sera ferme et inébranlable si mes premiers enseignements, étant bien assis dans vos âmes, y donnent aux suivants de solides fondements. Et que Dieu, qui m’a fait la grâce de vous dire ces choses, et à vous de les écouter avec zèle, nous rende dignes de produire quelque fruit par nos œuvres, par les mérites et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient la gloire dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.