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représente un homme, un cheval ; mais quel est ce monarque, quel est cet ennemi ? Vous ne le devinez qu’à moitié, jusqu’à ce que la vérité des couleurs vienne éclaircir les objets et les rendre reconnaissables. Maintenant, ainsi que vous n’exigez pas de ce portrait une représentation parfaite, avant qu’il ait été revêtu de couleurs expressives, et que vous vous contentez d’y trouver une indication vague des choses, tant qu’il reste à l’état d’esquisse ; c’est ainsi que vous devez juger de l’Ancien et du Nouveau Testament, au lieu d’exiger de moi que je vous fasse voir sur le dessin la vérité dans toute son exactitude. Alors nous pourrons vous enseigner comment l’ancienne loi avait une certaine parenté avec la nouvelle, et comment le passage des Juifs a du rapport avec notre baptême. D’abord, ici et là, l’eau joue un rôle : d’une part, une piscine ; de l’autre, la mer. Ici, tous se plongent dans l’onde ; c’est la même chose là-bas. Voilà la parenté. Exigez-vous maintenant la vérité des couleurs ? Là, ils s’échappaient de l’Égypte en traversant les flots ; ici c’est de l’idolâtrie ; là le pharaon était submergé, ici c’est le diable ; là les Égyptiens se noyaient, ici le vieil homme chargé d’iniquités est englouti. Considérez le rapport de l’image à la vérité, et la prééminence de la vérité à l’égard de l’image ; l’image ne doit pas différer en tout de la vérité, autrement ce ne serait pas une image : par contre, elle ne doit pas non plus égaler la vérité, autrement elle se confondrait avec elle. Il faut qu’elle se tienne dans l’espèce de conformité qui lui appartient, qu’elle n’ait pas tout de la vérité, et qu’elle ne s’en écarte pas non plus en tout point ; car clans le premier cas, elle serait elle-même vérité ; dans le second, elle cesserait d’être image. Elle doit emprunter à la vérité certains traits, et lui laisser les autres. Ne me demandez donc pas de vous faire voir toute la nouvelle loi dans l’ancienne, et quand vous aurez trouvé dans celle-ci quelques allusions, si petites et si voilées qu’elles soient, tenez-vous pour contents. Dès lors, en quoi consiste le rapport de l’image à la vérité ? En ce qu’il s’agit de tous, là comme ici ; en ce que là, comme ici, l’eau sert de chemin ; en ce que les Juifs, aussi bien que nous, ont été délivrés de l’esclavage, bien que d’un autre esclavage ; car ils étaient esclaves des Égyptiens, et nous des démons ; ils l’étaient des barbares et nous du péché. Comme nous, ils ont été remis en liberté, bien que notre liberté diffère de la leur et soit bien plus glorieuse. Et si tout est plus grand chez nous que chez eux, que cela ne vous déconcerte point ; c’est justement ce qui caractérise la vérité, de surpasser de beaucoup son image, sans qu’il y ait opposition ni contraste.
Mais que veut dire ceci : tous furent baptisés en Moïse? Peut-être cette parole est-elle obscure : je vais essayer de l’éclaircir. La mer s’étendait alors sous les yeux des Juifs, et ordre leur était donné de s’engager dans un chemin étrange, inouï, que jamais n’avait suivi aucun des mortels. Ils hésitaient, ils tergiversaient, se désespéraient. Moïse passa le premier, et tous n’eurent désormais qu’à marcher sans obstacle sur ses pas. Voilà ce que signifie : Ils furent baptisés en Moïse. C’est parce qu’ils eurent foi en lui, qu’ils osèrent entrer dans l’eau et passer à sa suite. La même chose s’est répétée à l’égard du Christ : après nous avoir délivrés de l’erreur, affranchis de l’idolâtrie, nous conduisant comme par la matin au céleste royaume, il entra le premier dans la voie, le premier il monta au ciel.
Eh bien ! de même que les Juifs, confiants dans Moïse, ne craignirent plus de passer, de même nous aussi, confiants dans le Christ, osons entreprendre ce voyage. Et que tel est le sens de l’expression : Ils furent, baptisés en Moïse, c’est ce que démontre l’histoire : car ils ne furent point baptisés au nom de Moïse. Mais, parce que non seulement nous avons Jésus pour guide, mais que nous nous faisons encore baptiser en son nom, tandis que les Hébreux n’ont pas été baptisés au nom de Moïse, ceci n’est pas non plus une raison de nous inquiéter ; en effet, j’ai dit quelle supériorité immense et incalculable appartient à la vérité.
Voyez-vous maintenant, en ce qui concerne le baptême, quelle est l’image, quelle est la vérité ? À présent, je vais vous montrer dans l’Ancien Testament une esquisse de la sainte Table et de la participation aux mystères, à condition qu’en ceci encore, vous n’exigerez pas de moi une conformité parfaite, et que vous examinerez les faits comme il est donné au dessin et aux images de les représenter.
Après avoir fait mention de la mer, de la nuée et de Moïse, il poursuit en ces termes : Et tous ont mangé le même aliment spirituel. Ainsi que toi, veut-il dire, tu sors du baptistère