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mais c’est la race d’Abraham qu’il prend ; aussi a-t-il dû se rendre en tout semblable à ses frères (Héb. 2,16-17) ; et encore : Comme les enfants ont participé à h chair et ait sang, ainsi lui-même y a participé. (Id. 5,14)
Vous entendez ! Chassons (loue de nos âmes vanité, présomption et toute espèce d’orgueil, et apportons le plus grand soin à saluer notre prochain de noms qui l’honorent et témoignent de notre zèle à le servir. C’est là, dira-t-on, un petit et mince mérite ; oui, mais c’est, le principe de grands biens, tandis que la conduite contraire entendre fréquemment quantité, de haines, de dissensions et de querelles. Mais ce n’est pas seulement cette parole, c’est la suivante qui mérite d’être examinée avec beaucoup d’attention, car ce n’est pas au hasard qu’il l’a écrite. Après avoir dit : Je ne veux pas que vous ignoriez, frères, il ajoute : Que tous nos pères; il ne dit pas les Juifs, ni ceux qui sont sortis d’Égypte, mais tous nos pères ; et par là, tout à la fois, il montre Fort humilité, puisqu’il ne dédaigne pas de reconnaître les pécheurs comme ses parents, lui qui leur est si supérieur eu vertu, et il ferme la bouche aux impudents qui osent calomnier l’ancienne loi. En effet, s’il avait pris en haine l’Ancien Testament, il ne se serait point servi des plus honorables expressions pour parler de choses jurées indistinctement condamnables. Tous, ce mot-là n’est pas mis au hasard ni accidentellement, mais dans une intention pleine de sagesse. La preuve, c’est qu’il ne s’est pas borné à s’en servir une fois, mais qu’il l’a répété deux fois, trois fois, et plus ; c’est afin de vous faire entendre l’importance qu’il y attache. Quand il a dit : Que tous nos pères ont été sous la nuée, il ajoute : Et tous ont traversé la mer, et tous ont été baptisés en Moïse ; et tous ont mangé le même aliment spirituel, et tous ont bu le même breuvage spirituel. Voyez-vous combien de fois revient ce mot tous ? Paul ne l’eût pas employé si souvent s’il n’avait voulu faire allusion à quelque grand et admirable mystère. S’il n’avait pas eu d’intention particulière c’était assez d’une fois, et il aurait suffi de dire : Que tous nos pères ont été sous la nuée, ont traversé la nier, ont été baptisés en Moïse, ont mangé le même aliment spirituel, ont bu le même breuvage spirituel. Mais non, à chaque fait nouveau il a répété le mot tous, et par là il nous ouvre un grand jour sur sa pensée, un jour qui nous permet de sonder sa sagesse. Pourquoi donc cette perpétuelle répétition ? C’est qu’il veut nous montrer la parenté des deux Testaments et nous faire entendre que le premier était l’image du second, et comme une esquisse de l’avenir. Et voici par où il commence pour mettre en évidence cette harmonie. Il veut établir un rapport avec l’Église dans laquelle aucune distinction n’existe entre l’esclave et l’homme libre, entre l’étranger et le citoyen, le vieillard et le jeune homme, le savant et l’ignorant, le magistrat et le simple particulier, l’homme et la femme, et où tous les rangs, où les deux sexes vont pareillement se plonger dans les eaux du baptême, où le monarque et le mendiant sont admis à la même purification ; c’est en effet le plus grand signe de la générosité chrétienne que nous imitions également et le mendiant et l’homme revêtu de la pourpre, et que l’un n’ait aucune prérogative sur l’autre en ce qui concerne les mystères. – Afin de montrer ce rapport, Paul introduit le mot tous dans le récit de l’Ancien Testament. Et, en effet, on ne peut avancer que Moïse ait suivi la route de terre, tandis que les Juifs traversaient les flots, ni que les riches aient pris alors un chemin, les pauvres un autre, ni que les femmes aient passé au grand jour et les hommes sous la nuée ; non, tous ont traversé la mer, et tous étaient sous la nuée, et tous ont été baptisés en Moïse. En effet, ce passage étant l’image du futur baptême, il fallait avant tout, pour que l’image fût parfaite, que tous eussent joui des mêmes bienfaits, de même qu’aujourd’hui tous participent également aux mêmes grâces. Plais, dira-t-on, comment ces événements peuvent-ils être une figure de ce que nous avons soirs les yeux ? Apprenez donc d’abord ce que c’est que figure, ce que c’est que vérité, ensuite je vous rendrai compte de ce que je viens de dire.
4. Qu’est-ce donc qu’une figure ? qu’est-ce qu’une vérité ? Voyons, prenons pour exemple les portraits que font les peintres. Vous avez vu plus d’une fois un peintre reproduire les traits d’un monarque : le portrait est d’abord coloré d’une teinte d’azur, puis l’artiste, en traçant des lignes blanches, représente le monarque, son trône, et près de lui des chevaux, des gardes, enfin des ennemis enchaînés subjugués. Cette esquisse ne vous instruit pas complètement, et ne vous laisse pas complètement dans l’ignorance ; vous entrevoyez qu’elle