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trouvaient en elles, non-seulement plus de perfections corporelles, mais encore plus de qualités morales et plus de sagesse. Elle était donc sur un chameau, ; arrivée dans le voisinage, avant qu’elle fût proche de la maison, elle leva les yeux, vit Isaac, et sauta à bas du chameau. Voyez-vous cette force ? voyez-vous cette agilité ? elle saute à bas d’un chameau. Telle était la vigueur qui se joignait à la sagesse, chez les filles de ce temps ! et elle dit au serviteur : Quel est cet homme qui s’avance dans la plaine ? Le serviteur répondit : Mon maître. Alors, prenant son voile, elle s’en enveloppa. (Gen. 24, 65) Reconnaissez partout sa chasteté, contemplez sa pudeur et sa modestie. Et Isaac la reçut pour femme, et il la chérit, et elle adoucit le chagrin qu’il avait eu de la mort de sa mère Sara. (Gen. 24, 67) Ces mots, il la chérit, elle adoucit le chagrin qu’il avait eu au sujet de sa mère, ce n’est pas pour rien que je les cite ; j’ai voulu vous faire entendre quels charmes Rébecca avait apportés de chez elle, pour mériter tant de tendresse et d’amour. Et qui aurait pu ne pas chérir une femme si sage, si réservée, si humaine, si charitable et si douce, une femme si virile par le cœur, si robuste par le corps ? Ce que j’en ai dit n’est point pour me faire écouter, ni pour obtenir vos éloges, mais pour exciter votre émulation. Vous, pères, imitez la sollicitude que montra le patriarche, afin de faire épouser à son fils une femme vraiment vertueuse ; il ne rechercha ni la fortune, ni la noblesse, ni la beauté, ni aucun autre avantage que l’excellence de l’âme. Vous, mères, c’est dans cette pensée que vous devez élever vos filles. Quant aux jeunes gens qui voudront les prendre pour femmes, qu’ils célèbrent leurs noces avec la même décence ; loin d’eux les danses, les éclats de rire, les propos grossiers, les flûtes, et toute cette magnificence diabolique, et tout ce qui peut y ressembler : qu’ils prient seulement Dieu d’être leur médiateur dans toutes leurs démarches. Si nous menons toujours ainsi nos affaires, il n’y aura ni divorce, ni soupçon d’adultère, ni motif de jalousie, ni batailles, ni querelles, mais nous goûterons toutes les douceurs de la paix et de la concorde, auxquelles viendront nécessairement se joindre toutes les vertus. De même que, lorsque l’homme et la femme sont divisés, tout s’en ressent dans la maison, quand bien même toutes les autres affaires iraient à souhait : de même, lorsque la paix et la concorde règnent, tout prend du charme, quand bien même l’orage éclaterait cent fois par jour. Si l’on se marie comme je le demande, il sera bien facile d’amener les enfants à la pratique de la vertu. En admettant que la mère soit ce que j’ai dit : réservée, chaste, riche de toutes les vertus, certes elle sera bien en état de gagner son mari et de le maîtriser par la tendresse qu’elle lui inspirera ; et quand elle l’aura gagné, elle trouvera en lui un auxiliaire plein de zèle pour l’éducation de ses enfants. Elle amènera ainsi Dieu lui-même à partager sa sollicitude. Alors, Dieu lui-même prêtant son assistance à ce ménage si bien dirigé, cultivant lui-même les âmes des enfants, tous les ennuis auront disparu ; tout sera pour le mieux dans la maison, comme dans l’âme des maîtres, et chacun pourra de la sorte, avec sa maison, j’entends avec sa femme, ses enfants et ses serviteurs, parcourir sans danger jusqu’au bout sa carrière terrestre, et entrer ensuite dans le royaume des cieux, bonheur que je vous souhaite à tous d’obtenir, par la grâce et la charité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec lequel gloire et puissance, au Père et à l’Esprit saint et vivifiant, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.