Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 4, 1864.djvu/203

Cette page n’a pas encore été corrigée

TROISIÈME HOMÉLIE. Sur le choix d’une épouse.

ANALYSE.


Le titre ci-dessus annonce le véritable sujet de cette homélie. Les mots : Éloge de Maxime, dont on le fait précéder généralement, nous ont paru devoir être supprimés : outre qu’ils manquent dans deux manuscrits, il n’est question de Maxime que dans le premier paragraphe du discours ; c’est tout à fait accidentellement, comme on le verra, que saint Jean Chrysostome fait l’éloge de son collègue avant d’entrer en matière.

  • 1° Éloge de Maxime, collègue de saint Jean Chrysostome.
  • 2° Que le repentir est une partie de la justification.
  • 3° Entrée en matière : Longues réflexions qu’exige le mariage.
  • 4° Les lois du mariage sont écrites chez saint Paul. – De l’amour qu’on doit à son épouse
  • 5° La patience, obligation du mari.
  • 6° Comparaison entre Eve et l’Eglise.
  • 7° Qu’il faut préférer sa femme à ses parents.
  • 8° Destination de la femme : elle doit être l’auxiliaire de son époux. – Contre les mariages d’argent. – But de l’institution du mariage.
  • 9° Exemple tiré du mariage d’Isaac. – Commentaire sur le récit de l’Écriture sainte. – Abraham proposé comme exemple aux parents, Rébecca, aux vierges et aux jeunes femmes.
  • 10° Exhortation aux parents et aux jeunes gens à marier.


1. J’ai manqué à votre précédente réunion, et j’en ai été fâché : mais le festin n’en a été que plus somptueux et je m’en suis réjoui. Celui qui partage avec moi le soin de cultiver vos âmes est celui qui l’autre jour a ouvert le sillon : sa riche éloquence a versé la graine ; son infatigable sollicitude a fait l’œuvre du laboureur. Vous avez vu la pureté de ce langage, vous avez ouï l’élégance de cette diction ; vous avez été abreuvés de l’eau qui jaillit vers la vie éternelle ; vous avez vu la source qui lance des torrents d’or pur. On cite un fleuve qui porte des paillettes d’or aux habitants de ses rives, non que les eaux aient la vertu de donner naissance à l’or ; mais comme les sources de ce fleuve traversent par hasard des montagnes renfermant des mines, le courant, dans son trajet, s’enrichit aux dépens de cette terre fortunée, et devient un trésor pour les riverains qui n’ont qu’à recueillir ces présents du hasard. Pareil à ce fleuve, le maître qui vous a parlé l’autre jour, en parcourant la mine des saintes Écritures, y a recueilli les pensées, incomparablement plus précieuses que l’or, dont il a fait largesse à vos âmes. Les miennes, je le sais, vous paraissent aujourd’hui bien peu de chose. L’homme habitué à une table indigente s’est-il vu admettre par hasard à un banquet moins frugal : s’il lui faut maintenant retourner à son ancien régime, il n’en sentira que mieux sa pauvreté.
Néanmoins je ne reculerai point devant ma tâche. Car vous savez, pour l’avoir appris de Paul, manger et souffrir la faim, avoir du superflu et manquer du nécessaire, admirer le riche et ne point mépriser le pauvre. Et de même que ceux qui aiment à boire font fête au bon vin, sans dédaigner celui qui ne le vaut pas ; de même, dans votre passion pour la céleste parole ; vous prisez le talent chez vos maîtres, mais ceux qui sont moins habiles n’en rencontrent pas moins en vous une ardeur et un zèle peu communs. En effet, l’homme indolent et dissolu manque d’appétit, même