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HOMÉLIE SUR CE TEXTE : JE LUI AI RÉSISTÉ EN FACE.

AVERTISSEMENT ET ANALYSE.


Comme on venait de lire ce passage de l’épître aux Galates : Lorsque Pierre vint à Antioche, je lui ai résisté en face, saint Chrysostome craignant qu’une dissension, si petite qu’elle fût, entre ceux qu’il nomme les colonnes de l’Église, ne troublât l’esprit des fidèles, entreprend d’expliquer cet endroit dans un long discours. – 1. Il revient au milieu de son auditoire comme un petit enfant revient dans les bras de sa mère. Le sujet qu’il va traiter étant d’une importance particulière, réclame aussi une attention particulière. – 2-3. L’orateur exagère à dessein la gravité des conséquences qu’entraînerait pour les deux apôtres cette dispute si elle était véritable. – 4-6. La réprimande de Paul supposerait de la faiblesse chez Pierre. Cependant Pierre a donné d’éclatantes preuves de courage et de zèle après comme avant la passion. – 7. Pierre est justifié ; mais il reste à justifier Paul. – 8. Paul respectait Pierre et l’aimait ; comment donc expliquer le passage de l’épître aux Galates ? – 9. L’orateur reprend la question de plus haut. Pierre était l’apôtre des Juifs, Paul celui des Gentils. – 10. Pourquoi Pierre est-il envoyé aux Juifs et Paul aux Gentils ? – 11. Les Juifs avaient trop de haine contre Paul pour qu’il pût être leur apôtre. – 12. Pierre prêchant aux Juifs usait de condescendance et les détachait doucement de la loi de Moïse, Paul prêchant aux Gentils étrangers à la loi de Moïse n’avait pas tous ces ménagements à garder : voilà à quoi se réduit la différence de leur prédication, voilà à quoi se réduit cette divergence entre Pierre et Paul, si énormément exagérée par les rationalistes allemands, sous les noms barbares de Pétrinisme et de Paulinisme, une différence de conduite. – 13. Paul judaïsait aussi par politique, et quand la condescendance aux rites judaïques devenait dangereuse, Pierre savait s’en affranchir entièrement. Comment donc expliquer les reproches qu’il dit avoir adressés à Pierre ? – 14. Exposé des faits qui donnèrent lieu à la réprimande. – 15. Quelques-uns prétendent que ce n’est pas de l’apôtre Pierre, mais d’un inconnu que veut parler saint Paul ; cette opinion est inadmissible. —16. D’après saint Chrysostome, les reproches que Paul adresse à Pierre auraient été concertés d’avance entre eux. Cette opinion, dont Origène passe pour avoir été l’auteur, fut quelque temps soutenue par saint Jérôme, qui l’abandonna ensuite, pressé par les arguments de saint Augustin. – 17-20. L’orateur développe son opinion et la soutient.
1. Je ne vous ai quittés qu’un jour et je suis aussi triste et affligé que si j’avais été séparé de vous un an tout entier. Pour en juger, interrogez vos propres impressions. Un enfant à la mamelle, s’il vient à être arraché du sein maternel, partout où on l’emmène, regarde sans cesse à droite et à gauche, en cherchant des yeux sa mère ; moi de même, emmené loin des bras maternels, je me retournais sans cesse, comme pour revoir votre sainte assemblée. Mais j’étais bien consolé en songeant que je vous quittais pour obéir au père qui nous chérit, et l’adoucissement de mon chagrin était la récompense de ma soumission. Je regarde, en effet, comme plus éclatant qu’un diadème, plus brillant qu’une couronne, l’honneur de voyager partout avec mon père spirituel ; c’est ma parure et ma sécurité. C’est ma parure, car c’est ainsi que j’ai pu lui plaire et l’engager à m’aimer, au point qu’il ne se fasse jamais voir sans son enfant ; c’est ma sécurité, car étant témoin et spectateur de mes luttes, il combat avec moi par l’efficacité de ses prières. Et de même que les efforts des matelots, le gouvernail et le souffle du zéphyr conduisent avec sécurité un navire dans le port, de même sa bienveillance, son affection et le secours de ses prières, plus puissantes que le zéphyr, que les matelots et que le gouvernail, font parvenir mon discours au port. J’avais encore une autre consolation, c’était de vous laisser devant une table somptueuse, tenue par un hôte libéral et magnifique. Je le savais, non seulement par la renommée, mais par expérience ; plusieurs auditeurs redisaient ce qu’ils avaient entendu, et j’ai pu juger du festin par ce qui