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HOMÉLIE SUR LE PROPHÈTE ÉLIE Sur la Veuve et sur l’Aumône.

ANALYSE.



1° Cette homélie qui ne porte aucune marque du temps ni du lieu où elle fut prononcée a pour but d’exhorter à la pratique de l’aumône. Dignité de cette vertu pratiquée admirablement par deux veuves une de l’ancien, une du nouveau Testament. – 2° La famine désole la terre par l’ordre du prophète Élie qui se réfugie chez la veuve de Sarepta. – 3° Court et charmant tableau de l’habitation de cette veuve. – 4° Dieu avant de frapper les coupables prend toujours soin de les mettre publiquement dans leur tort. Exemple : Punition des Sodomites. – 5° Les prophètes et le Christ lui-même ont été souvent repoussés par les Juifs et accueillis par les Gentils. – 6° Élie fut lui-même soumis à la famine pour que les autres se souvinssent, pour qu’il se souvint lui-même qu’il était homme. – 7° Élie aborde la veuve. Sagesse de celle-ci. – 8°-9° La veuve offre l’hospitalité à Élie malgré tous les obstacles qu’elle rencontre à faire cette bonne œuvre. – 10° Résumé et conclusion.
1. Dans ces jours qui étaient, pour nous tous, des jours de jeûne, j’ai souvent pensé à vous parler de l’aumône ; le soir arrivait, qui interrompait notre entretien. C’était sans doute un effet de la sagesse de Dieu qui, recherchant notre avantage, différait jusqu’à cette heure nos exhortations sur ce sujet. Dieu ne voulait pas que la taule de l’aumône vous fût servie pendant que vous étiez divisés dans l’église. Ce n’est pas que nous ayons aujourd’hui quelque chose de bien relevé, de magnifique à vous dire, mais c’est que l’aumône est une vertu tout à fait relevée et magnifique ; elle nous constitue dans l’intimité de Dieu ; c’est une reine qui nous prend par la main et nous conduit, en toute confiance, dans les demeures du ciel, qui lui sont familières. Elle se montre les puissances qui font la garde aux portes célestes voient que c’est l’aumône qui entre ; aussitôt, par égard pour l’aumône, elles font, même aux autres vertus, mille honneurs, en leur ouvrant les portes. Mais, si elles les voient venir sans l’aumône, elles ferment les portes ; c’est ce que nous démontre l’exemple de ces vierges qui ne furent pas admises dans la chambre de l’époux sacré, parce qu’elles n’avaient pas toujours de l’huile dans leur lampe. (Mt. 25) Remarquez bien ici la différence : l’aumône sans la virginité, introduit ses nourrissons dans le ciel ; la virginité sans l’aumône n’a point ce pouvoir. Donc, puisque telle est la puissance de cette vertu, appliquons-nous, de toutes nos forces, à écouter les discours qui la recommandent. La meilleure recommandation et la plus courte sera de vous conduire auprès de la veuve de Sarepta, chez les Sidoniens. Ceux qui instruisent par leurs œuvres sont des maîtres beaucoup plus dignes de confiance que ceux qui se réduisent à des conseils en paroles. C’est pourquoi la veuve dont je vous parle sera pour nous enseigner l’aumône, le meilleur de tous les docteurs. Pour nous, c’est par nos discours que nous vous exhortons ; mais la veuve aura, de plus, le droit de vous instruire par ses œuvres ; elle vous montrera aussi une compagne, douée comme elle, de la même vertu ; car, il y a deux veuves : l’une, dans le Nouveau Testament, celle qui donna deux petites pièces de monnaie, l’autre dans l’Ancien ! qui mérita de recevoir le prophète.