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HOMÉLIE SUR LA FÉLICITÉ DE LA VIE FUTURE ET SUR LE NÉANT DE LA VIE PRÉSENTE[1].

ANALYSE.


Cette homélie qui a été certainement prononcée à Antioche, quoiqu’on ignore en quelle année, roule sur différents objets de morale. L’orateur, après avoir loué ceux qui l’écoutent pour leur zèle à venir entendre la parole sainte, montre : 1° en quoi consistent la vraie grandeur et la vraie principauté. – 2° Combien les avantages spirituels l’emportent sur les avantages temporels. – 3° Quelle est la différence de la vie présente et de la vie future. – 4° Enfin (et c’est l’article sur lequel il s’étend davantage), comment Jésus-Christ nous a rendu faciles les préceptes les plus sublimes, en les pratiquant lui-même, et en nous mettant sous les yeux les prix et les récompenses. – 5° et 6° Exhortation.

1. La chaleur est excessive, les rayons du soleil sont brûlants ; mais votre ardeur à entendre nos instructions n’en est pas ralentie. Tel est l’auditeur vigilant et attentif ; fortifié par son amour pour la parole sainte, il supporte tout aisément pour satisfaire cette passion noble et spirituelle. Rien n’est capable de l’arrêter ni les excès de la chaleur, ni les embarras des affaires, ni tous les soins de la vie présente ; tandis que l’auditeur négligent et lâche ne peut être animé ni par la douceur de la température, ni par la tranquillité du loisir, ni par la sécurité d’un état paisible. Vous, mes frères, vous êtes bien différents. Aussi je vous préfère à tous les habitants d’Antioche ; je vous regarde comme la partie principale de cette ville célèbre : votre ardeur et votre vigilance sont toujours les mêmes, et vous suivez attentivement toutes nos instructions. Ce temple est pour moi plus auguste que les palais des princes. Les faveurs qu’on accorde dans ces palais, quelles qu’elles puissent être, se terminent avec la vie, elles sont sujettes à mille révolutions. Ici, au contraire, on jouit 1 de la plus grande sûreté ; les honneurs sont à l’abri de tout changement, les pouvoirs ne finissent jamais, et loin d’être interrompus par le trépas, c’est alors qu’ils sont plus assurés.
Ne me parlez point d’un homme porté sur un char magnifique, avec une contenance fière, environné de gardes, et précédé d’un héraut dont la voix le proclame et l’annonce : ce n’est pas à ces marques que je reconnais le prince, mais à l’état de son âme. S’il commande à ses passions, s’il triomphe de ses vices, s’il se rend maître de sa cupidité, s’il règle ses désirs, s’il n’est pas consumé par l’envie, s’il n’est pas entraîné par la folle passion d’une vaine gloire, s’il ne redoute pas la pauvreté, s’il n’appréhende pas de revers fâcheux, si cette appréhension ne le glace pas d’épouvante : c’est à ces marques que je reconnais le prince, c’est là la vraie principauté. Si, commandant aux hommes, il obéit à ses passions, je prétends qu’il est le plus esclave de tous les esclaves. Et comme celui qui est dévoré par une fièvre intérieure, quoique rien ne paraisse au-dehors, et que la plupart

  1. Traduction d’Auger, revue.