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HOMÉLIE SUR CETTE PAROLE DE L’APÔTRE : NOUS SAVONS QUE TOUT TOURNE A BIEN A CEUX QUI AIMENT DIEU ; ET AUSSI SUR LA PATIENCE ET L’AVANTAGE DES TRIBULATIONS.

AVERTISSEMENT.


L’exorde de cette homélie est tout à fait semblable à celui du sermon sur le débiteur des dix mille talents ; dans l’un comme dans Vautre, Chrysostome se félicite de ce qu’après une longue maladie, il lui est donné de se retrouver et de s’entretenir de nouveau, comme au retour d’un long voyage, avec cette assemblée dont il est aimé, et qu’il aime à son tour d’une égale affection. De là, certains savants tirent cette conclusion que l’homélie sur le débiteur des dix mille talents ayant été prononcée certainement à Antioche, en 387, celle-ci le fut probablement à Constantinople. Car, disent-ils, il n’aurait pas fait deux fois le même exorde dans la même ville ; mais, après s’être rétabli d’une maladie étant à Antioche, il s’y servit d’abord de ce début ; et ensuite, étant à Constantinople, après un autre retour à la santé, il commença ce discours-ci de la même manière, devant des auditeurs dont pas un n’avait entendu l’autre. Cet argument ne semble pas tout à fait invraisemblable ; pourtant comme Chrysostome a été souvent malade à Antioche, comme on le voit par plusieurs de ses discours, et que d’ailleurs il avait coutume, après un intervalle de quelques années, de répéter dans la même ville d’Antioche, non seulement des exordes, mais des sermons tout entiers, qu’il remaniait et qu’il modifiait un peu, comme nous l’avons déjà vu souvent, rien n’empêche qu’il ne se soit servi quelques années plus tard, également à Antioche, du même début qu’en 387. Ce discours a donc pu être prononcé, soit dans l’une de ces villes, soit dans l’autre, et il est assez difficile de se déterminer entre les deux.

Tendresse de Chrysostome pour ses auditeurs. – La charité est une dette qu’on ne peut jamais payer. – Les chrétiens patients dans les persécutions. – Efficacité des paroles de l’Apôtre. – Ingratitude des Macédoniens envers les apôtres. – Pourquoi saint Paul chassa le démon qui forçait la servante à reconnaître la mission des apôtres. – Ferveur et délivrance de Paul et de Silas. – De l’efficacité du chant des hymnes : pourquoi Paul et Silas s’y livrèrent au milieu de la nuit. – L’affliction nous rend attentifs et vigilants. – En fait de choses spirituelles, il ne faut jamais différer. – Pourquoi Dieu permet les tentations.

1. Je me sens aujourd’hui comme si je ne m’étais pas rendu au milieu de vous depuis longtemps. Car bien que je ne fusse retenu à la maison que par ma mauvaise santé, je me trouvais comme exilé bien loin de votre amour. En effet, lorsque l’on aime véritablement et qu’on ne peut se trouver avec celui qu’on aime, on a beau habiter la même ville, on n’est pas moins affecté que si l’on vivait dans un autre pays. C’est là ce que savent tous ceux qui savent aimer. Pardonnez-nous donc, je vous en prie ; car ce n’est pas la négligence qui a causé cette séparation ; c’était le silence de la maladie. Et d’une part, je sais que vous vous réjouissez tous à présent de notre retour à la santé ; et de mon côté, je me réjouis aussi, non pas seulement de l’avoir recouvrée, mais encore de ce qu’il m’est donné de revoir vos visages qui me faisaient faute, et de jouir de l’amour selon Dieu que vous me portez. La plupart des hommes, revenus à la santé, ne pensent qu’à se faire apporter du vin, à remplir leurs verres, à boire frais : pour moi, votre compagnie m’est plus agréable que toutes les réjouissances, et