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cette espérance n’est pas trompeuse. (Rom. 5,3-4) Qu’est-ce à dire : Sachant que l’affliction produit la patience ? Un des grands fruits de l’affliction est de rendre plus fort celui qui la souffre. En effet, comme les arbres qui sont entretenus à l’ombre et placés à l’abri des vents, quoique beaux et agréables à la vue, sont tendres et faibles, et ne tardent pas à être endommagés par les moindres orages ; au lieu que ceux qui sont placés sur le sommet des hautes montagnes, qui sont fréquemment battus par les aquilons, exposés sans cesse aux variations de l’air, agités par les plus violentes tempêtes, souvent frappés par les neiges, sont plus forts et plus durs que le meilleur fer ; comme aussi les corps qui sont nourris dans les délices, qui goûtent les plaisirs de toutes les espèces, qui sont revêtus d’habillements somptueux, qui font habituellement usage de bains et de parfums, et qui, sans besoin, choisissent les nourritures les plus délicates, ne sont nullement propres aux peines et aux fatigues que demande la pratique de la vertu, ne sont faits que pour les supplices rigoureux dont l’Écriture menace les pécheurs : de même, parmi les âmes, celles qui recherchent une vie douce et tranquille, à l’abri des maux, qui sont attachées par inclination aux biens présents, qui préfèrent de couler des jours exempts de douleur à l’avantage de souffrir, comme les saints, pour le royaume céleste ; ces âmes, plus faibles et plus molles que la cire, sont de nature à devenir l’aliment d’un feu éternel ; celles, au contraire, qui pour Dieu ne craignent ni les périls, ni les travaux, ni les tribulations, qui sont : nourries dans les afflictions et dans les peines ; ces âmes, dis-je, rendues plus fermes que le fer ou que le diamant, deviennent plus courageuses par l’habitude de souffrir sans cesse, et acquièrent un certain tempérament de force et de patience qui les fait triompher de tous les assauts des hommes et des événements. Et, de même que ceux qui s’embarquent pour la première fois éprouvent des vertiges et des nausées qui troublent leur tête et affadissent leur cœur, tandis que ceux qui ont parcouru de vastes étendues de mers diverses, qui ont bravé mille fois les flots, qui ont essuyé de fréquents naufrages, entreprennent avec confiance des voyages maritimes ainsi l’âme qui a passé par de fréquentes épreuves et de grandes afflictions, exercée dès lors à souffrir, ayant acquis l’habitude de la patience, n’est point tremblante et craintive, ne se laisse point troubler par les événements fâcheux ; mais, fortifiée par une fréquente étude et un continuel exercice des accidents de la vie, elle supporte sans peine les plus grands maux et les plus violentes persécutions. C’est ce que ce directeur habile d’une vie céleste voulait nous faire entendre par ces mots : non seulement, mais nous nous glorifions encore dans les afflictions. Il voulait nous apprendre que, même avant d’obtenir le royaume des cieux et les couronnes immortelles qui nous sont promises, nous tirons des afflictions continuelles cet important avantage, qu’elles rendent notre raison plus ferme et notre âme plus patiente.
Pénétrés de toutes ces vérités, mes très-chers frères, supportons courageusement les peines de cette vie, et parce que c’est la volonté de Dieu, et parce que c’est notre intérêt. Ne perdons pas l’espérance ; ne nous laissons pas abattre par la violence des tentations ; mais armons-nous de courage, et rendons grâces à Dieu pour toutes les faveurs dont il nous comble, afin que nous jouissions des avantagés présents et que nous obtenions les récompenses futures, par la grâce, la miséricorde et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui soient la gloire et l’empire, avec l’Esprit-Saint, maintenant et toujours, dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.