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Saint, et, avec la plus grande facilité, d’avoir joui d’une grâce et d’une faveur ineffable ? Après s’être expliqué en peu de mots sur tous ces avantages, il revient à l’espérance, par laquelle il termine son discours ; car, après avoir dit : Justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui nous a donné aussi entrée par la foi à cette grâce, en laquelle nous demeurons fermes, il ajoute : Et nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire des enfants de Dieu. (Rom. 5, 1-2) Après donc qu’ira parlé ##Rem des avantages que nous avons obtenus et de ceux qui nous sont promis : être justifiés, avoir accès auprès du Père par le Fils immolé pour nous, jouir de cette grâce et de cette faveur, être délivrés du péché, acquérir la paix avec Dieu et participer à l’Esprit-Saint, tels sont les avantages que nous avons obtenus ; ceux qui nous sont promis, c’est cette gloire ineffable qui nous est réservée au sortir de ce monde, comme le dit saint Paul lui-même, lorsqu’il ajoute : Cette grâce en laquelle nous demeurons fermes, et nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire des enfants de Dieu ; après dis-je, qu’il a parlé de tous ces avantages, comme l’espérance, ainsi que je l’ai déjà dit, n’est pas suffisante pour fortifier, pour raffermir un auditeur chancelant et faible ; voyez ce que fait saint Paul, considérez quelle est la force de son âme et sa grande sagesse. C’est des objets mêmes qui paraissent affliger, troubler, décourager son auditeur, qu’il forme les couronnes qui font sa consolation et sa gloire. Écoutons-le lui-même, et voyons ce qu’il ajoute à ce qu’il a déjà dit ; car il ne se contente pas de dire que nous avons été sanctifiés et justifiés, que nous l’avons été par le Fils unique de Dieu, que nous avons joui de la grâce, de la paix, des plus grandes faveurs, de la rémission des péchés, de la communication de l’Esprit-Saint, et cela avec la plus grande facilité, sans aucune peine, sans aucun travail, par la seule foi ; il ne se contente pas de dire que Dieu nous a envoyé son Fils unique, qu’il nous a accordé cette faveur, qu’il nous en a promis une autre, une gloire ineffable, la résurrection et l’incorruptibilité des corps, le partage des anges, la société de Jésus-Christ, le séjour dans le ciel (car voilà tout ce que renferment ces mots : Et nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire des enfants de Dieu) ; il ne se contente pas, dis-je, de rapporter les avantages que nous avons obtenus, et ceux que nous devons obtenir, mais ce qui est regardé dans le monde comme des peines et des afflictions, les tribunaux, les prisons, les différentes espèces de morts, les menaces, la faim, les tourments, les chevalets, les fournaises, le pillage, les guerres, les attaques, les combats, les divisions, les querelles : il met tout cela au nombre des faveurs et des bienfaits. Non, ce n’est pas seulement des biens que nous avons reçus ou que nous espérons, que nous devons nous réjouir ; nous devons même nous glorifier de nos maux, suivant ce gué dit saint Paul : Je me réjouis maintenant de ce que je souffre pour vous, et j’accomplis dans ma chair ce qui manque aux souffrances de Jésus-Christ. (Col. 1,24) Vous voyez une âme forte et courageuse, un cœur sublime et invincible, qui ne se glorifie pas seulement des couronnes, mais qui se plaît dans les combats ; qui ne se réjouit pas des récompenses, mais qui s’applaudit des difficultés qu’elles lui coûtent ; qui est moins satisfait des prix qu’on lui réserve que glorieux de tous les assauts qu’il lui faut soutenir. Ne me parlez pas de royaume céleste, de couronnes incorruptibles, de prix réservés à la persévérance ; présentez-moi les peines, les afflictions de cette vie, et je pourrai montrer qu’on doit s’en glorifier plus que de tout le reste. Dans les jeux profanes, lorsqu’un athlète a à lutter contre un autre athlète, le combat lui coûte autant de peine que la couronne lui cause de plaisir. Il n’en est pas de même dans les luttes spirituelles : les combats procurent plus de gloire que les couronnes. Pour vous en convaincre, considérez tous les saints de toutes les générations, comme dit l’apôtre saint Jacques : Prenez, mes frères, prenez pour exemple de patience dans les maux, les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur. (Jac. 5, 10) Celui même qui nous propose maintenant des combats utiles, qui nous ouvre une carrière spirituelle, je veux dire saint Paul, après avoir détaillé les afflictions sans nombre que les saints ont eues à souffrir, et qu’il ne serait pas facile d’exposer dans un discours, ajoute ces paroles : Ils erraient vêtus de peaux, manquant de tout, affligés, persécutés, eux dont le monde entier n’était pas digne (Héb. 11,37-38) ; et cependant ils étaient satisfaits au milieu de toutes leurs peines. C’est ce qu’on voit encore lorsque les apôtres étaient renvoyés après avoir été