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HOMÉLIE. SUR LES AFFLICTIONS[1].

ANALYSE.


1° L’orateur, dans un exorde où il montre que le chrétien qui souffre dans l’espérance d’un bonheur futur, a un grand avantage sur le laboureur, sur le pilote et sur le soldat, annonce qu’il va expliquer ces paroles de l’Apôtre : Non seulement, mais nous nous glorifions encore dans les afflictions ; mais que, pour jeter un plus grand jour sur ce passage, il reprendra d’un peu plus haut, avant de s’en occuper. Il fait donc un tableau des persécutions violentes auxquelles étaient exposés les premiers fidèles. – 2° Saint Paul, pour les consoler, ne cessait de les nourrir de l’espérance des biens futurs, et de leur rappeler aussi les avantages dont ils jouissaient dès ce monde. – 3° Après leur avoir détaillé ces biens et ces avantages, l’Apôtre ajoutait que, non-seulement ils ne devaient pas se laisser abattre par les afflictions, mais que même ils devaient s’en réjouir. – 4° Saint Jean Chrysostome prouve la vérité de ces paroles par l’exemple de saint Paul lui-même, par celui des autres apôtres, et par le courage des martyrs, qui étaient satisfaits et joyeux au milieu des plus cruelles souffrances. Saint Paul se glorifiait surtout de ses afflictions, et c’est ce qui lui faisait dire : Non seulement, mais nous nous glorifions encore dans les afflictions. Et pourquoi nous glorifier dans les afflictions ? c’est qu’elles nous éprouvent et nous fortifient, qu’elles nous donnent une vigueur qui nous affermit contre toutes les disgrâces. Plusieurs exemples, prie dans la nature, montrent combien cet avantage est important. Nous devons donc, pour notre propre intérêt, supporter courageusement toutes les peines de cette vie.
On ne peut fixer la date de ce discours, ni même savoir s’il a été prononcé à Antioche ou à Constantinople.

1. Il est pénible pour le laboureur d’atteler ses bœufs, de traîner sa charrue, de tracer des sillons, d’y jeter les semences, d’en éloigner le torrent des eaux qui les submergent, de relever les rives des fleuves, de creuser des fossés, de former des canaux au milieu de son champ ; mais toutes ces fatigues, toutes ces peines, deviennent légères et faciles, lorsqu’il voit en espérance une moisson verdoyante, sa faux aiguisée, son champ couvert de gerbes, et les blés mûrs transportés avec joie dans sa maison. Ainsi le pilote affronte les orages et les tempêtes, brave l’incertitude des vents, la fureur des flots, ne craint pas d’entreprendre des voyages de long cours, lorsqu’il pense aux diverses marchandises dont son vaisseau sera chargé, aux ports qui les recevront, aux richesses immenses qu’elles lui produiront. Ainsi le soldat supporte les blessures, reçoit les grêles de traits, endure le froid, la faim, l’éloignement de sa patrie, s’expose aux dangers des batailles, lorsqu’il songe qu’il en résultera pour lui des victoires, des triomphes et des couronnes. Et quel est mon but, en rapportant ces exemples ? C’est de vous inspirer de l’ardeur pour écouter mes paroles, de vous donner du courage pour supporter les peines qui accompagnent la pratique de la vertu ; car si chacun de ceux dont je viens de parler regarde ses fatigues comme légères, dans l’espoir des biens qu’il attend, quoique les biens qu’il peut obtenir, se terminent avec la vie ; à plus forte raison devons-nous être aussi empressés à entendre des instructions spirituelles que courageux pour supporter les peines et les combats qui nous feront parvenir à un bonheur sans fin. Le laboureur, le pilote et le soldat n’ont que des espérances incertaines et passagères ; ils arrivent souvent à la mort sans jouir des biens qu’ils ont attendus, sans voir l’accomplissement des grandes espérances dont ils se sont nourris, et pour lesquelles ils ont essuyé ce qu’il y a de plus rude. Par exemple, après beaucoup de travaux et de peines, le laboureur quelquefois, au moment même où, aiguisant sa faux, il se préparait à la moisson, voit ses blés détruits, ou par la nielle, ou par des insectes produire les variations de l’air ; il s’en

  1. Traduction de l’abbé Auger, revue.