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HOMÉLIE SUR LA PARABOLE DU DÉBITEUR DES DIX MILLE TALENTS


Inhumanité de ce débiteur qui, ayant obtenu de son créancier la remise totale de sa dette, exigea impitoyablement de son compagnon le payement d’une dette de cent deniers ; et que le ressentiment des injures est pire que tout péché. (Mt. 13,23 et suiv)

AVERTISSEMENT et ANALYSE.


Deux circonstances marquées par l’orateur dans cette homélie permettent d’en fixer l’époque d’une manière précise : 1° Pendant tout le carême précédent, saint. Chrysostome avait parlé contre les jurements et les serments ; or, dans toutes les exhortations des 21 homélies sur les statues, prononcées dans le carême de 387, l’orateur s’attaque à cette mauvaise habitude. 2° L’homélie sur le débiteur des dix mille talents est la première qu’il prononça après une maladie dont il parle encore dans l’homélie faite aux paysans le dimanche avant l’Ascension. L’homélie sur la parabole des dix mille talents fut donc prononcée entre Pâques et l’Ascension de l’année 387 ; et même entre la maladie que saint Chrysostome fit après Pâques de l’année 387 et l’Ascension de la même année ; et comme cette maladie parait avoir été assez longue, après une longue absence, dit l’orateur, il s’ensuit que l’époque à laquelle appartient l’homélie suivante, se trouve fixée à quelques jours près.
1° Saint Chrysostome se réjouit de revoir son cher auditoire après une longue maladie. – 20 Après avoir employé tout le carême à déraciner la mauvaise habitude des jurements, il convient de passer à un autre vice, et d’attaquer la passion de la colère et le ressentiment des injures ; c’est ce que l’orateur va faire par l’explication de la parabole du serviteur qui devait dix mille talents. – 3° Jésus-Christ voulait, par cette parabole, apprendre à ses disciples à retenir les saillies de la colère ; c’est ce que prouve la question que saint Pierre adresse à ce sujet an Sauveur. Il faut pardonner, non pas soixante-dix-sept fois, comme l’interprètent quelques-uns, mais quatre cent quatre-vingt-dix fois, c’est-à-dire un nombre infini de fois. – 4° Le compte que ce Roi demandera sera rigoureux pour tous les âges, les sexes et les conditions. – 5° Ce que signifient ces paroles : Il n’avait pas de quoi payer. – 6° Comment le serviteur, sur le point d’être condamné, obtient la remise de sa dette par la prière. – 7° Dieu, qui avait pardonné les offenses commises contre lui-même, ne pardonna pas celle dont le serviteur se rendit coupable envers son compagnon. Dieu ne hait rien tant que le ressentiment.
1. Ce que j’éprouverais en vous revoyant enfin après un long voyage, je l’éprouve aujourd’hui. Pour des hommes qui aiment, s’ils ne peuvent se trouver au milieu de ceux qu’ils aiment, que leur sert de n’en être pas éloignés ? Aussi, bien que présent dans la ville, je n’étais pas moins triste qu’un exilé, moi qui, depuis quelque temps, ne pouvais plus vous adresser mes instructions ; mais pardonnez-le-moi : la faiblesse, non la paresse, était la cause de ce silence. Vous vous réjouissez donc de ce que la santé m’est revenue ; pour moi, je me réjouis parce que je vous ai retrouvés, vous, mes bien-aimés. Car, pendant ma maladie, ce qui m’affligeait plus que le mal lui-même, c’était de rie pouvoir participer à cette chère assemblée ; et maintenant que la convalescence me rend peu à peu mes forces, ce m’est un plus grand bien que la santé de pouvoir jouir en – toute sécurité de l’amour de ceux que je chéris. La