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QUATRIÈME HOMÉLIE.

Réprimande aux absents, exhortation à ceux qui sont présents de s’occuper de leurs frères. – Sur le commencement de l’épître aux Corinthiens : « appelé » Paul, et de l’humilité.

ANALYSE.


1° Ceux qui ne viennent pas à l’église n’ont pas entendu cette parole du Prophète : J’ai préféré d’être au dernier rang dans la maison de mon Dieu, plutôt que d’habiter sous les tentes des pécheurs. Ce que l’âme éprouve en entrant dans une église. Le culte de Dieu est la seule chose nécessaire et doit passer avant tout le reste. – 2° Nécessité de s’occuper du salut de ses frères. – 3° Ici commence l’instruction, elle roule entièrement sur l’explication du mot vocatus mis par saint Paul, en tête de sa première épître aux Corinthiens. – Il n', importe pas tant de lire que de comprendre les Écritures. Les noms des saints sont vénérables aux fidèles et terribles aux pécheurs. – 4° Ce mot vocatus veut dire que ce n’est pas l’Apôtre qui est venu au Seigneur le premier, mais qu’il a répondu à une vocation, à un appel. – 5° Les Corinthiens étaient riches de toutes sortes d’avantages selon le monde, dont ils tiraient vanité. – 6° Ils s’enorgueillissaient même de la doctrine révélée que saint Paul leur avait prêchée le premier ; c’est donc pour leur donner une leçon d’humilité que saint Paul use de ce mot vocatus ; c’est l’équivalent de quid habes quod non accepisti ? Exhortation à l’humilité, fondement de toutes les vertus.
1. Lorsque je considère votre petit nombre, lorsqu’à chaque réunion, je vois le troupeau qui s’en va diminuant, j’éprouve et de la peine, et de la joie ; de la joie, à cause de vous qui êtes présents, de la peine à cause des absents. Vous êtes dignes d’éloges, vous dont le petit nombre n’a pas ralenti le zèle ; ils méritent au contraire d’être blâmés, eux dont votre exemple n’a pu réveiller l’engourdissement. Votre ardente piété n’a pas eu à souffrir de leur froide indifférence, et je vous en félicite ; mais aussi votre zèle leur a été inutile, et c’est pourquoi je les plains, pourquoi je pleure. Ils n’ont pas entendu le prophète disant : J’ai préféré d’être au dernier rang dans la maison de mon Dieu, plutôt que d’habiter sous les tentes des pécheurs. (Psa. 83, 11) Il ne dit pas : j’ai préféré habiter, demeurer dans la maison de mon Dieu, mais : j’ai préféré d’être au dernier rang. Je m’estimerai heureux d’être rangé parmi les derniers : que je puisse seulement franchir le seuil, et je serai content. Je considère comme un don très grand d’être compté parmi les derniers dans la maison de mon Dieu. Dieu est le maître commun de tous, mais la charité se l’approprie : tel est l’amour. Dans la maison de mon Dieu. Celui qui aime désire de voir l’objet de son amour, il désire même de voir sa maison, et le vestibule de sa maison, et jusqu’au carrefour et à la rue où il demeure. S’il voit le vêtement ou la chaussure de l’objet aimé, il croit voir l’objet aimé présent devant lui. Tels étaient les prophètes ; ne pouvant voir Dieu, qui est incorpore, ils voyaient sa maison, et à la vue de sa maison, leur imagination se figuraient sa présence. J’ai préféré d’être au dernier rang dans la maison de mon Dieu, plutôt que d’habiter sous les tentes des pécheurs. Tout lieu, tout endroit, comparé à la maison de Dieu est une tente de pécheurs, fût-ce le barreau, le palais du sénat, la maison d’un particulier. La prière n’est pas étrangère à ces demeures, mais elles retentissent plus souvent encore du bruit des querelles, des disputes et des injures, elles sont les asiles obligés des méprisables soucis de cette vie. L’Église ne connaît pas ces misères ; c’est pourquoi elle est la maison de Dieu, tandis que ces autres demeures ne sont que les tentes des pécheurs. Tel un port où ne pénètre ni vent ni tempête, et qui procure aux navires qui y