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du jour pour combattre l’hérésie. – Il ne combattra pas les hommes, mais leurs mauvaises doctrines. – 2° Jésus-Christ lui-même a pardonné à ceux qui le maltraitaient, tandis qu’il a puni les offenses fades à ses serviteurs ; nous devons donc pardonner à nos persécuteurs, mais venger les offenses faites à Dieu. – 3° Il prouve aux anoméens, par différentes citations de l’Écriture, que les noms de Seigneur et de Dieu conviennent également soit an Père, soit an Fils, que par conséquent ces deux noms ont la même valeur, et que par conséquent aussi, le Fils et le Père ne sont pas moins grands l’un que l’autre. – 4° Ces fidèles qui assistent à un sermon doivent y faire assez d’attention pour en reporter la substance à qui les interroge, soit en les rencontrant sur le chemin, soit quand ils sont rentrés chez eux. – Les maris particulièrement doivent cette édification à leurs femmes.
1. Elle était brillante hier, notre cité, brillante, resplendissante, non pas à cause de ses colonnades, mais à cause du martyr qui nous arrivait du Pont en grand cortège. Il a vu votre hospitalité, et il vous a comblés de bénédictions ; il a loué votre ardeur, et béni cette foule accourue pour le recevoir. J’ai félicité ceux qui s’y étaient rendus et qui avaient participé au parfum de sainteté qu’il répand, et j’ai plaint ceux qui étaient restés ailleurs. Mais afin que leur perte ne soit pas irréparable, voici encore un second jour où nous le célébrons, afin que ceux qui, par négligence, n’étaient point venus, doublent par leur zèle les bénédictions que le martyr envoie. Je vous l’ai déjà dit plusieurs fois, et je ne cesserai de le répéter : je ne demande pas la punition des péchés, mais je prépare de quoi guérir les malades. Vous n’êtes parvenus hier ; accourez du moins aujourd’hui, pour voir le saint martyr conduit à l’endroit qui lui est réservé. Si au contraire vous l’avez vu hier escorté à travers la place publique, contemplez-le porté aussi sur les flots de la mer, afin que l’un et l’autre élément soit également rempli de ses bénédictions.
Que personne ne manque à cette solennité sainte ; que la jeune fille ne reste pas au logis, que la femme ne garde pas la maison ; laissons la ville déserte, et accourons au tombeau du martyr ; car les princes eux-mêmes y conduisent comme nous leur cortège. Quelle excuse y a-t-il pour un particulier, quand les princes quittent leur demeure royale pour venir s’asseoir au tombeau du martyr ? Car le pouvoir des martyrs est si grand, qu’ils enveloppent dans leurs filets non pas seulement les particuliers, mais aussi les têtes couronnées ; c’est là l’opprobre des païens, la honte de leurs erreurs, et l’extermination des démons ; ce sont là nos titres de noblesse, et, l’auréole de l’Église. Je m’unis au chœur dés martyrs, et je bondis de joie ; c’est qu’en guise de prairie, j’ai sous les yeux leur trophée, et que les sources dont elle est arrosée, c’est le sang qu’ils ont versé : leurs ossements ont été consumés, et leur mémoire devient chaque jour plus nouvelle. Car il est aussi impossible d’éteindre la mémoire des martyrs que la lumière du soleil ; c’est Jésus-Christ lui-même qui l’a déclaré : Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. (Mat. 24, 35). Mais différons jusqu’au moment convenable les éloges du saint martyr : nous venons d’en dire suffisamment touchant le zèle de ceux qui doivent se réunir ici, et donner de l’éclat à ce jour de fête. Ce que je vous disais hier, je le répète aujourd’hui, la présence d’une multitude nombreuse n’ajoutera rien à la gloire du martyr ; mais c’est vous qui gagnerez, à venir visiter le martyr, des bénédictions plus abondantes. Celui qui regarde le soleil, ne rend pas l’astre plus resplendissant, mais il éclaire ses propres yeux ; de même celui qui honore un martyr n’augmente pas la splendeur du martyr, mais c’est lui-même qui attire sur sa personne les rayons de ce foyer de bénédictions.
Faisons encore une fois de la mer un temple, en nous y rendant avec des flambeaux, portant le feu au milieu de l’eau, et couvrant l’eau de feu ; que personne ne redoute la mer ; le martyr n’a pas craint la mort, et vous craindriez l’eau ? Mais nous avons déjà suffisamment parlé dans ce sens ; prenons donc dans les paroles que vous avez entendues aujourd’hui de quoi vous servir votre nourriture accoutumée. Si nos corps sont à l’étroit, que notre âme ait des ailes ; car je ne fais pas attention au peu de place que vous avez, mais bien au zèle qui vous anime. Comme un pilote aime une mer agitée, un orateur chrétien aime une église où un nombreux auditoire semble onduler comme les flots ; car il n’y a ici ni onde amère, ni écueils, ni monstres : ce sont les vagues d’un océan qui exhale mille parfums ; où les barques ne vont point d’une terre à une terre, mais s’élancent de la terre au ciel ; ces barques ne sont point chargées de richesses, ce n’est pas de l’or ou de l’argent qu’elles portent, mais la foi, la charité, le zèle et la science chrétienne.
2. Lançons donc à la mer avec ardeur cette barque qui ne périt jamais, et qui n’essuie jamais de naufrage. Mais prêtez une grande