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HOMÉLIE EN L’HONNEUR DU SAINT MARTYR PHOCAS ET CONTRE LES HÉRÉTIQUES AINSI QUE SUR LE PSAUME CXLI : « J’AI CRIÉ VERS LE SEIGNEUR, J’AI FAIT ENTENDRE A DIEU MA PRIÈRE. »

AVERTISSEMENT A ANALYSE.


Il est surprenant que Fronton du Duc mette en doute si ce discours a été prononcé à Constantinople ou à Antioche, lorsqu’il est clair comme le jour que c’est à Constantinople. En effet, outre ce qu’on trouve au début, que le saint martyr est arrivé la veille du Pont, ce qui fait voir que c’est dans la ville impériale ; qu’y a-t-il de plus significatif, pour désigner Constantinople, que le passage suivant : Laissons la ville déserte, et accourons au tombeau du martyr ; car les princes eux-mêmes y conduisent comme nous leur cortège. Quelle excuse y a-t-il pour un particulier, quand les princes quittent leur demeure royale pour venir s’asseoir au tombeau du martyr ? C’est donc, sans aucun doute, à Constantinople que saint Chrysostome a prononcé ce discours. Après quelques mots sur le saint martyr Phocas, il prend à partie les anoméens contre lesquels il eut à lutter, non pas à Antioche seulement, mais aussi à Constantinople. – Tout dans ce discours est visiblement de Chrysostome : style, argumentation, figures, comparaisons : il est donc singulier que Savile ne soit pas sûr de son authenticité (peri gnesiotetos) ; du reste, comme il n’apporte aucun motif de son hésitation, et qu’en effet il ne pouvait en donner aucun, on peut dire en toute sûreté qu’il a porté ce jugement an hasard, sans avoir examiné la question. On ne peut guère assigner de date certaine à cette homélie. Il y a quelque indication vague dans ces paroles de Chrysostome : Et moi donc pareillement, si je combats les hérétiques, ce ne sont pas les hommes eux-mêmes que j’attaque, mais c’est l’erreur que je veux détruire en eux, c’est que je veux les purifier de la contagion. J’ai pour habitude d’endurer la persécution, et non d’être persécuteur ; de souffrir qu’on me chasse, et non de chasser moi-même les autres. S’il désigne par là la première persécution qu’il eut à souffrir, celle où il fut exilé, après quoi il ne tarda pas à venir reprendre possession de son siège, il faut rapporter cette homélie à la fin de l’année 403, ou au commencement de 404. Comme il est certain que Chrysostome n’avait pas eu d’autres persécutions à souffrir avant celle-là, cette date parait assez vraisemblable. Voici la dissertation de Fronton du Duc à propos de saint Phocas, martyr : « Saint Grégoire de Nazianze parlé du martyr Phocas à Vitatianus : il lui écrit qu’il y avait, auprès de Trapézonte, une église sous son invocation. Dans le catalogue de la bibliothèque d’Augsbourg, il est fait mention d’André Chartophylax, auteur d’un panégyrique du saint martyr Phocas le Thaumaturge, dont le manuscrit est conservé dans cette bibliothèque. Et dans te martyrologe romain, nous lisons, à la date du 5 mars, cette indication empruntée à Grégoire de Tours : De gloria Mortyrum : Natalis S. Phocœ opud Antiochiam. (Naissance de saint Phocas auprès d’Antioche). Et le 14 Juillet : Sinope in Ponto S. Phocœ martyris ejusdem civitatis episcopi (A Sinope, ville du Pont, naissance de saint Phocas, martyr, évêque de la même ville) ; saint Adon, dans sa chronique, atteste « que ses reliques furent transportées à Vienne, en Gaule. Dans l’Horologium des Grecs, on trouve au 22 juin : e akanomide tou Deipsanou tou agiou ieromarturos phoka ce qui, dans l’édition d’Usuard, publiée par Molanus, est traduit par : Reportatio Lipsani sancti Hieroinartyris Phocae ; et dans le calendrier des Grecs, traduit par Génébrard : Translatio Reliquiarum Phocae Martyris ; puis encore, au 22 septembre, tou agiou ieromarturos phoka. Dans le Menologium publié en grec à Venise, le martyre des deux Phocas est brièvement résumé à la même date du 22 septembre. À l’égard du premier tou agiou ieromarturos phoka tou Thaumatourgou (le saint hiéromartyr Phocas le Thaumaturge), il est dit qu’il était fils de Pamphile et « de Marie, qu’il naquit à Sinope, ville du Pont, et que, dès sa plus tendre enfance, il fut célèbre par ses miracles, et que son martyre lui fut annoncé par le prodige que voici : une colombe vint se poser sur sa tête et y plaça une couronne en prononçant d’une voix humaine les paroles suivantes : « Le calice est mêlé et il faut que tu le boives. » Dieu lui accorda en effet cette grâce, car, sous l’empereur Trajan, il souffrit le martyre par le glaive et par le feu, et, après sa mort, ses miracles continuèrent à le rendre célèbre. – Quant au second Phocas, suivant le même Menologium, il était jardinier, natif aussi de Sinope ; il donna l’hospitalité à des satellites qui le cherchaient pour le tuer ; il leur découvrit qui il était, comme le d raconte saint Astère, dans Lippomani ; les satellites lui coupèrent la tête et il devint ainsi une victime agréable à Dieu. De ces deux saints, nous pensons que le premier, celui qui fut évêque, est celui dont l’homélie suivante fait l’éloge, parce que, en tête du discours, il est qualifié de hiéromartyr, et l’on voit par le Menologium que les Grecs donnent plus ordinairement ce titre d’honneur aux évêques ou aux prêtres qui ont eu la gloire du martyre, tels que saint Ignace, saint Denis, saint Blaise, de même qu’ils appellent ieromonakous ; les moines qui ont été créés prêtres et introduits dans la hiérarchie ecclésiastique. »

1° Saint Chrysostome engage les fidèles qui ont été absents à la cérémonie de la veille, à assister à celle-ci ; il leur représente que les princes mêmes y sont venus, ce qui rendrait plus inexcusable la négligence des simples particuliers. – Les honneurs que nous rendons aux martyrs n’augmentent point leur gloire, mais nous attirent des bénédictions. – L’orateur profitera du psaume