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de la mollesse ; il a voulu que, semblable au tranchant du fer, la colère naturelle fût un instrument dont nous ferions usage au besoin. Aussi, Paul s’en est souvent servi, et sa colère était meilleure que la douceur, parce que toutes ses actions, faites à propos, n’avaient pour but que la prédication. En effet, la douceur n’est pas toujours bonne, il faut qu’elle s’exerce à propos ; supprimez l’opportunité, la douceur est une lâcheté, de même que la colère est un emportement farouche. Dans tout ce discours je n’ai pas cherché à justifier Paul ; il n’a aucun besoin que nous parlions pour sa défense ; sa gloire ne lui vient pas des hommes mais de Dieu ; j’ai voulu que ceux qui écoutent pussent apprendre à faire de toutes choses un bon usage ; ce qui a déjà été dit. Nous pourrons ainsi, faisant notre profit de tout côté, dans l’abondance de tous les biens, naviguer jusqu’au port où règne la tranquillité, obtenir les couronnes immortelles ; puissions-nous tous en être jugés dignes par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient la gloire avec la puissance, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

ÉLOGE DE SAINT PAUL.
SEPTIÈME HOMÉLIE.

ANALYSE.

La septième et dernière homélie nous apprend que nous pouvons nous élever jusqu’à la vertu de Paul, puisqu’il était homme comme nous ; elle décrit ce zèle et cette assurance qu’il communiquait à ses disciples, et qui croissaient d’autant plus qu’on voulait les enchaîner, en retenant sa personne dans les fers ; elle vante cette sainte hardiesse qui n’empêchait pas qu’il ne fût simple et docile, qu’il ne se rendit à tous les conseils qu’on voulait lui donner pour le bien des fidèles.

Toutes les fois que ceux qui portent l’étendard impérial, précédés des trompettes qui les annoncent à grand bruit, et de nombreux soldats, font leur entrée dans les villes, tout le peuple accourt et pour entendre le fracas retentissant, et pour voir l’étendard si haut porté, et pour contempler le brave qui en est chargé. Eh bien ! Paul fait son entrée aujourd’hui, non dans une cité, mais dans l’univers, accourons tous ensemble. Il porte l’étendard, non de quelque souverain de la terre, mais la croix de Celui qui règne en haut, la croix du Christ, et ce ne sont pas des hommes qui marchent devant lui, mais des anges, pour rendre honneur à l’étendard ainsi porté, et pour défendre celui qui le porte.

En effet si les simples citoyens qui n’ont aucune part aux affaires publiques, ont un ange gardien que le Seigneur et Maître de l’univers a chargé de leur défense, selon cette parole : L’ange qui m’a délivré dès ma jeunesse (Gen. 48,7), à plus forte raison, ceux qui tiennent entre leurs mains toute la terre et qui portent un si lourd fardeau de grâces, ont-ils