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hommes vils et méprisés ? Évoquons plutôt ceux qui furent admirés, les philosophes illustres, Platon, Diagoras, le philosophe de Clazomène, et tous les autres, et vous comprendrez alors la force de la prédication. Car, après la ciguë de Socrate, les uns se retirèrent à Mégare, dans la crainte d’avoir le même sort ; d’autres perdirent leur patrie et leur liberté, sans avoir pu rien conquérir qu’une seule femme, à la cause de la philosophie. Le sage de Cittium, malgré le système de morale et de gouvernement qu’il laissa dans ses écrits, finit de même. Et cependant ils n’avaient à surmonter ni obstacles, ni dangers, le talent ne leur manquait pas, ils avaient l’éloquence, les richesses, la gloire de leur patrie ; cependant ils n’eurent aucun résultat. Car tel est le caractère de l’erreur ; sans que rien la trouble, elle se dissipe ; tel est le caractère de la vérité, quelle que soit la foule de ses adversaires, elle s’élève. Et c’est ce que proclame la simple réalité des faits accomplis : il n’est besoin ni de discours, ni de paroles quand on entend la voix du monde entier, des villes, des campagnes, de la terre, de la mer, des contrées habitées, des contrées désertes, des cimes des montagnes. Car Dieu n’a pas oublié le désert dans la dispensation de ses bienfaits ; il l’a au contraire comblé de tous les biens qu’il nous a apportés en descendant du ciel, et qu’il nous a transmis par la langue de Paul et par la grâce qui le remplissait. Le zèle de l’Apôtre l’ayant rendu digne d’un tel présent, l’abondance de la grâce resplendit en lui, et la plus grande partie des merveilles que nous avons racontées, s’accomplit par sa parole.
Donc puisqu’il est vrai que Dieu a honoré la race des hommes au point de juger un homme digne de produire, à lui seul, de si grandes choses, soyons pleins de zèle, imitons-le, faisons tous nos efforts pour nous rendre semblables à lui, nous aussi, et n’allons pas croire que ce soit chose impossible. Car je ne cesserai pas de répéter ce que j’ai dit bien souvent, que son corps ressemblait au nôtre, que sa nourriture était comme la nôtre, son âme comme la nôtre, mais sa volonté était forte, son désir, ardent, c’est par là qu’il est devenu ce qu’il a été. Donc pas de découragement, de désespoir. Préparez vos âmes, et il n’y a aucun empêchement à ce que vous receviez la même grâce. Dieu ne fait pas acception des personnes ; le même Dieu l’a formé et vous appelle ; comme il fut son Seigneur, il est aussi le vôtre ; comme il l’a glorifié, il veut aussi vous couronner vous-mêmes. Offrons-nous donc à Dieu et purifions-nous, afin d’obtenir, nous aussi, l’abondance des mêmes dons, et ensuite les mêmes biens, par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient la gloire avec la puissance, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.