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pensées ; mais retranchons ce qu’elles ont d’excessif. Comment faire ce retranchement ? en montrant que les péchés ne sont pas seulement écrits, mais qu’ils peuvent aussi être effacés. Dans un procès ordinaire, tout ce que petit dire celui qui est en cause, est écrit tout au long, et rien ne peut plus l’effacer, mais dans ce livre du ciel quelles que soient les mauvaises paroles que vous ayez dites, il dépend de vous de les effacer. Comment le savons-nous ? par l’Écriture. Détournez votre face, dit le saint pénitent, de dessus mes péchés, et effacez toutes mes iniquités. (Ps. 50,9) Mais personne ne peut effacer ce qui n’est pas écrit ; c’est donc parce que les péchés étaient écrits qu’il demande à les voir effacés. Or en voici un autre qui nous enseigne comment on les efface. C’est par la miséricorde et par la foi que les péchés se purifient ; non-seulement, s’effacent, mais se purifient (Prov. 15,27), de telle sorte qu’il ne reste pas la moindre trace de souillure. Et ce n’est pas seulement ce qui a été écrit après le baptême, qui est effacé, mais aussi ce qui était écrit avant cette purification ; l’eau du baptême et la croix de Jésus-Christ effacent tout, selon ce que dit Paul : Il a effacé la cédule qui était contre nous, il l’a abolie en l’attachant à sa croix. (Col. 2,14) Voyez-vous comme cette cédule a été effacée, et non seulement effacée, mais déchirée par les clous de la croix, de manière à devenir inutile. Oui, l’ancienne faute, par la grâce, par la bonté, par les mérites de Jésus mis en croix, a été entièrement effacée ; quant à ce qui a suivi le baptême, il faut beaucoup de zèle pour que cela soit effacé encore ; il n’y a pas de seconde ablution ; par conséquent nos larmes sont nécessaires, et le repentir, et la confession, et l’aumône, et les prières et tous les autres exercices de la piété ; ainsi, même après le baptême, les péchés sont purifiés à la condition, il est vrai, de beaucoup de peines et de fatigues. Montrons donc le plus grand zèle pour les effacer d’ici même, afin de ne pas avoir à subir la honte et le châtiment là-bas. Quand nos péchés seraient innombrables, il dépend de nous de nous décharger du fardeau de tous ces péchés. Sachons donc le vouloir, car il vaut bien mieux souffrir un peu ici-bas, et n’avoir pas à craindre l’implacable châtiment, que de vivre un temps bien court dans l’indolence pour tomber dans les supplices qui ne finiront jamais. Il ne nous reste plus qu’à résumer ce que nous avons dit. Nous avons reproché à ceux qui ne viennent ici qu’une fois l’an, de négliger leur mère qu’ils laissent sans vêtement ; nous leur avons rappelé une vieille histoire, une malédiction, une bénédiction ; nous avons parlé des fêtes des Juifs, et nous avons expliqué pourquoi l’ordre leur fut donné de paraître trois fois l’an devant Dieu ; nous avons dit que l’on pouvait célébrer en tout temps la Pentecôte, la Pâque et l’Épiphanie ; nous avons dit qu’une fête consistait dans la pureté de la conscience, et non dans un quantième, dans une saison quelconque ; ensuite nous avons fait une digression au sujet des présents que nous avons reçus d’en haut ; nous avons dit que ces présents sont un signe de réconciliation ; nous avons prouvé la présence de l’Esprit-Saint par la rémission des péchés, par la réponse que nous faisons à notre pasteur, par les paroles de la sagesse et de la science, par les ordinations, par le sacrifice mystique ; nous avons dit que nous avons des garanties, des otages échangés réciproquement ; nous avons ajouté à nos réflexions pourquoi les signes miraculeux ont disparu aujourd’hui du milieu de nous ; ensuite nous avons rappelé le redoutable jugement, les livres qu’on y ouvre, et nous avons dit que tous nos péchés y sont inscrits ; nous avons démontré qu’on peut les effacer, que cela dépend de nous. Retenez toutes ces pensées dans votre mémoire ; si vous ne pouvez tout vous rappeler, souvenez-vous principalement de ce qui vous a été dit sur les livres ; toutes les fois que vous ferez entendre une réponse, figurez-vous qu’il y a, auprès de vous, quelqu’un, qui est là à vos côtés ; et qui écrit vos paroles ; soyez donc circonspects dans vos entretiens, et conservez toujours frais dans votre mémoire le discours – que vous venez d’entendre, afin que, parmi vous, les uns augmentent par leurs bonnes couvres le nombre des justes inscrits dans le livre ; les autres, ayant beaucoup de péchés inscrits, les effacent d’ici-même, et qu’ainsi nous n’ayons pas à redouter une terrible publication. Car il est possible, nous vous l’avons montré, par le zèle, par la prière, par la persévérance dans la piété, d’effacer les péchés écrits là-haut, de les effacer tous. Que ce soit donc là notre étude tous les jours de notre vie, afin qu’étant partis d’ici-bas, nous puissions obtenir quelque indulgence, et tous échapper aux inexorables châtiments ; et puissions-nous tous, affranchis de ces tourments, être jugés dignes du royaume