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donne une règle excellente, infaillible qui t’assure la vertu ? Il y a des choses en apparence indifférentes, qui enfantent les péchés, rejetons-les loin de nous. Parmi les actions, les unes sont des péchés, les autres n’en sont pas, mais sont des causes de péchés ; par exemple, le rire n’est pas un péché de sa nature, mais il devient un péché, si on le pousse trop loin ; car, du rire, viennent les plaisanteries ; des plaisanteries, les mauvaises paroles ; des mauvaises paroles, les mauvaises actions ; des mauvaises actions, les châtiments et les supplices. Commence donc par supprimer la racine, pour supprimer le mal tout entier ; car si nous nous tenons sur nos gardes, à propos des actions indifférentes, nous ne tomberons jamais dans les actions qui ne sont pas permises. C’est ainsi que regarder les femmes, semble, à beaucoup de personnes, une action indifférente, mais de là viennent les désirs déréglés ; de ce dérèglement, la fornication ; de la fornication, le châtiment et les supplices. De même vivre dans les délices, ne paraît avoir rien de grave, mais de là vient l’ivresse et les maux sans nombre qui en résultent. Supprimons donc de partout les causes des péchés. C’est pourquoi vous jouissez chaque jour, sans interruption, de l’enseignement qui vous est donné ; c’est pourquoi, sept jours de suite nous nous réunissons, nous dressons devant vous la table spirituelle, nous vous faisons jouir des paroles divines, nous versons chaque jour l’huile sur vous, nous vous armons contre Satan : car maintenant il vous menace avec plus de fureur ; plus grand est le don qui vous est fait, plus terrible est la guerre qui vous le dispute. Car si dans le paradis un seul homme a été pour lui un spectacle insupportable, comment pourrait-il supporter un si grand nombre d’hommes dans le ciel, répondez-moi. Vous avez exaspéré le monstre, mais ne craignez rien ; vous avez reçu une force supérieure, un glaive aiguisé ; avec ce glaive, percez le serpent. Si Dieu permet qu’il soit exaspéré contre vous, c’est pour vous ménager, par l’expérience qui vous attend, la conscience de votre force, de votre pouvoir. De même qu’un gymnasiarque excellent qui a reçu un athlète de mauvaise mine, un homme énervé, dédaigné, le frotte d’huile, l’exerce, lui rend de la chair et des muscles, et, dès ce moment, ne lui permet plus l’oisiveté, mais lui commande de se présenter dans les combats, afin que l’expérience lui prouve quelle force il lui a donnée, ainsi fait le Christ avec nous. Il pouvait certes exterminer l’ennemi ; mais il veut que vous compreniez l’excellence de sa grâce, la grandeur de la force spirituelle que vous avez reçue par le baptême, et il vous envoie dans les luttes avec le démon, et il vous ménage de nombreuses occasions de mériter les couronnes. Voilà pourquoi, sept jours de suite, vous jouissez de l’enseignement divin ; c’est pour apprendre exactement vos exercices. Voyez encore, c’est un mariage spirituel qui s’opère ici : or, dans les mariages, il y a sept jours de festins. Voilà pourquoi nous aussi pendant sept jours nous vous convions, en vertu de nos règles, aux festins sacrés. Mais voyez la différence : dans le monde, après sept jours, plus de fête ; ici, au contraire, si vous voulez, vous pouvez toujours venir au festin sacré ; dans les mariages du monde, l’épouse, après le premier ou le second mois, n’est pas aussi chère à l’époux ; ici, il n’en est pas de même ; plus le temps s’avance, plus brûlants deviennent les désirs de l’époux, plus suaves ses embrassements, plus spirituel son commerce, à la la condition pour nous de pratiquer la prudence. Voyez encore ; pour ce qui est de notre chair, après la jeunesse, la vieillesse ; ici, au contraire, après la vieillesse, la jeunesse, une jeunesse éternelle, cela dépend de nous. Nous avons reçu des grâces qui sont grandes, qui le seront plus encore, cela dépend de nous. Paul était grand quand il fut baptisé ; mais il le devint ensuite beaucoup plus ; quand il publiait la vérité, il remplissait les Juifs de confusion ; plus tard il fut ravi dans le paradis, il monta jusqu’au troisième ciel. De sorte que nous aussi, cela dépend de nous, nous pouvons croître, agrandir la grâce qui nous a été donnée par le baptême ; elle s’agrandit par les bonnes œuvres, et elle devient plus brillante, et elle fait luire sur nous une plus resplendissante lumière. Et si ce bonheur nous arrive, nous irons, en toute confiance, nous réunir dans la chambre de l’Époux, avec l’époux, et nous jouirons des biens réservés à ceux qui l’aiment ; puissions-nous tous obtenir ces biens, par la grâce et par l’amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ à qui appartient, comme au Père et au Saint-Esprit, la gloire, l’adoration, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Traduction de M. C. PORTELETTE.