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Quant au Christ, sa mort fut simple ; car le Christ n’a point péché ; mais même cette mort simple, il ne l’a subie qu’à cause de nous ; car il n’était pas assujetti à la dette de la mort, lui ; car il n’était pas comptable du péché, ni de la mort par conséquent ; voilà pourquoi il est ressuscité de la mort simple ; mais nous, frappés d’une mort qui est double, il nous faut une double résurrection. Jusqu’à présent, nous n’avons qu’une seule résurrection, celle qui nous relève du péché ; car nous avons été ensevelis avec le Christ dans le baptême, et nous nous sommes réveillés avec lui par le baptême. Cette première résurrection nous a affranchis des péchés ; la seconde résurrection est celle du corps : le Seigneur nous a donné la plus précieuse, attendez aussi celle qui l’est moins ; car celle que nous avons déjà est bien plus précieuse que l’autre ; c’est une faveur bien plus précieuse en effet d’être affranchis des péchés, que de voir un corps ressuscité. Le corps est tombé, par le péché ; donc si le péché est le principe de la chute, le principe de la résurrection, c’est d’être affranchis du péché. Nous sommes dès à présent ressuscités par ce qu’il y a de meilleur dans la résurrection, nous avons rejeté loin de nous la mort terrible du péché, nous avons dépouillé le vieux vêtement ; donc ne désespérons pas de la résurrection moins précieuse. La première nous a ressuscités il y a longtemps, quand nous avons été baptisés ; ceux qui ont été hier soir jugés dignes du baptême, sont devenus des agneaux glorieux. Avant-hier, le Christ a été mis en croix, mais il est ressuscité la nuit dernière ; ces nouveaux baptisés avant-hier étaient détenus par le péché, mais ils sont ressuscités avec le Christ. Il est mort, lui, par le corps, et c’est par le corps qu’il est ressuscité. Quant à eux, ils étaient morts par le péché, et, en ressuscitant, ils ont été délivrés des péchés. La terre, en ces jours d u printemps, produit les roses, les violettes et les autres fleurs ; mais les eaux nous ont montré une plus belle prairie que la terre. Ne vous étonnez pas que ce soient les eaux qui aient développé les germes des fleurs ; ce n’est pas par la nature qui lui est propre, c’est par l’ordre du Tout-Puissant que la terre a produit les germes ; ce sont les eaux qui ont, dans le principe, fait paraître des animaux qui se mouvaient. Dieu dit, que les eaux, produisent des animaux vivants (Gen. 1,20), et son ordre s’accomplit, et cette substance sans âme produisit les êtres vivants avec une âme ; disons de même aujourd’hui, que les eaux produisent, non plus des animaux vivants, mais les dons de l’Esprit. Les eaux montrèrent, aux premiers jours, des poissons sans raison et sans voix ; aujourd’hui, elles ont fait paraître des poissons qu’illuminent la raison et l’esprit d’en haut, des poissons que les apôtres ont pêchés. Venez, dit le Seigneur, et je ferai de vous des pêcheurs d’hommes. (Mt. 4,19) C’est la pêche de ce jour, que le Seigneur désignait alors. Pêche étrange, il faut le dire ; les pêcheurs ordinaires font sortir des eaux, nous au contraire, nous avons plongé dans les eaux, et c’est ainsi que nous avons pêché. Autrefois, les Juifs avaient une piscine ; apprenez ce que c’était que cette piscine, si vous voulez comprendre l’indigence des Juifs et la richesse de l’Église. C’était une piscine d’eau, un ange y descendait et agitait l’eau ; quand l’eau avait été agitée, un malade y entrait, et il était guéri ; un seul malade, chaque année, était guéri, et aussitôt toute la vertu d’en haut était dépensée, non à cause de l’indigence de celui qui la communiquait, mais à cause de l’infirmité de ceux qui la recevaient. L’ange descendait donc dans la piscine, et il agitait l’eau et un seul malade était guéri. Le Seigneur des anges est descendu dans le Jourdain, et il a agité l’eau, et la terre, la terre entière a été guérie. Chez les Juifs, après le premier malade, celui qui descendait le second dans la piscine, n’était pas guéri ; c’est que les Juifs qui recevaient cette grâce, étaient infirmes, indigents ; mais, chez nous, après le premier, le second ; après le second, le troisième ; après le troisième, le quatrième ; et dix, et vingt, et cent, et dix mille, et, si vous voulez, la terre entière plongée dans la piscine, n’en épuise pas la vertu ; la grâce ne se perd pas ; les eaux ne sont pas souillées. Mode nouveau de purification ; c’est que ce n’est pas le corps qui est purifié ; en effet, pour ce qui concerne les corps, plus est grand le nombre de ceux qui se plongent dans les eaux, plus les eaux se chargent de souillures ; mais ici, plus il y en a qui se purifient, plus s’accroît leur pureté.
5. Comprends-tu la grandeur du présent ? Conserve la grandeur de ce présent, ô homme. Il ne t’est pas permis de vivre dans l’indifférence ; impose-toi à toi-même une loi que tu suivras avec la plus grande attention ; cette vie est une lutte, un combat ; celui qui affronte les combats doit toujours savoir se maîtriser. Veux-tu que je te