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HOMÉLIES SUR LA CROIX ET LE BON LARRON.

PREMIÈRE HOMÉLIE.


Du second avènement du Christ ; – de la nécessité de prier souvent pour ses ennemis.

AVERTISSEMENT ET ANALYSE.


Nous ferons ici les mêmes remarques que pour les homélies sur la trahison de Judas. Saint Jean Chrysostome prononça d’abord une de ces homélies un jour de vendredi saint, puis, quelques années plus tard, ayant à prêcher à pareil jour, il la donna de nouveau après l’avoir retouchée et un peu modifiée dans certains endroits, mais surtout au commencement. – non seulement on remarque la même disposition, mais le plus souvent les expressions ne sont pas changées et les passages de la sainte Écriture sont cités dans le même ordre dans les deux homélies. Laquelle fut prononcée la première ? C’est ce que rien ne fait conjecturer. Celle que nous donnons ici en premier lieu, d’après Henri Savilius, est de beaucoup la plus courte. Autrement elles sont absolument semblables, à une seule exception prés. C’est un passage qu’on lit au paragraphe 5 et qui dans l’une est ainsi conçu : Imitons le Seigneur et prions pour nos ennemis ; je vous répète la même exhortation et pour la cinquième fois je reviens sur le même sujet. Tandis que dans l’autre on lit : Imitons le Seigneur et prions pour nos ennemis ; je vous répète aujourd’hui ce que je vous ai dit hier, à cause de l’importance du sujet.
Dans la première il parlait pour la cinquième fois de la prière pour ses ennemis ; dans la seconde, c’était pour la seconde fois. Cette variété s’explique facilement par la différence des années où ces homélies furent prononcées. Remarquons aussi que ces paroles : Je vous répète aujourd’hui ce que je vous ai dit hier, ne prouvent nullement que le même sujet n’avait pas été traité les jours précédents.
Dans les deux discours sur la trahison de Judas, qui précédent d’un seul jour ceux sur la croix et le bon larron, saint Chrysostome s’exprime ainsi : C’est le quatrième jour que je vous entretiens de la prière pour nos ennemis, Or, ces deux discours furent prononcés le jeudi saint, mais à plusieurs années d’intervalle, comme nous l’avons dit dans l’avertissement qui les précède. Dans tous les deux il est dit que c’est pour la quatrième fois qu’on exhortait à prier pour ses ennemis, tandis que, dans les deux suivantes, c’était pour la cinquième fois. A moins qu’on ne prétende que l’homélie sur la croix, où il n’est fait mention que de l’exhortation de la veille, ne doive suivre ni l’une ni l’autre des homélies sur la trahison de Judas, auquel cas il faudrait la reporter à une autre année.
Mais nous n’oserions regarder comme certaine cette manière de juger. Pour le temps et l’année où ces deux homélies ont été prononcées il faut voir ce que nous avons dit à propos de celles sur la trahison de Judas.
1° Saint Jean Chrysostome fait voir l’excellence de la croix : elle a été l’autel où Notre-Seigneur a consommé son sacrifice, elle nous a ouvert le ciel. – 2° Tout notre bonheur vient donc de la croix, de ce nouvel autel où Jésus-Christ, prêtre selon l’esprit et victime selon la chair, s’est immolé pour nous, de cette clef, qui dès le jour même ouvrit le paradis, afin qu’un voleur y entrât le premier. – 3° Il s’étend beaucoup sur la conduite du bon larron dont il relève le courage et la foi.— 4° Il dit de la croix qu’elle paraîtra au dernier jour portée par les anges et les archanges et plus éclatante que le soleil.
5° Passant à la nécessité de prier pour ses ennemis il exhorte les chrétiens à imiter le Sauveur qui pria pour ses ennemis, et à se conformer à l’avertissement de saint Paul qui nous dit d’être ses imitateurs comme il l’est lui-même de Jésus-Christ. – Il y a plus ; dans la loi ancienne où la grâce était moins abondante, Moïse, David et Samuel ont prié pour leurs ennemis. – Marchons donc sur leurs traces.
1. Aujourd’hui Notre-Seigneur Jésus-Christ est sur la croix, et nous sommes en fête pour vous apprendre que la croix est un sujet de fête et de réjouissance spirituelle. Autrefois, la croix était le symbole de la condamnation maintenant elle est devenue un signe d’honneur. Auparavant c’était un instrument de mort, aujourd’hui c’est la cause du salut. En effet, elle a été pour nous la source de biens innombrables : c’est elle qui nous a délivrés de l’erreur, qui nous a éclairés alors que nous étions dans les ténèbres ; vaincus par le démon, elle nous a réconciliés avec Dieu ; ennemis, elle nous a rendus amis ; éloignés, elle nous a rapprochés. Elle est la destruction de l’inimitié, la garantie de la paix, et le trésor de tous les biens.