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résistez toujours à l’Esprit-Saint. (Act. 7,51) Vous voyez combien les azymes des Juifs sont impurs, combien la fête qu’ils célèbrent est criminelle. La pâque des Juifs existait anciennement, mais elle a été abolie.
Pendant que les disciples, dit l’Évangile, buvaient et mangeaient encore, Jésus prit le pain dans ses mains pures et divines, et l’ayant béni, il le rompit et le leur donna, en disant Prenez, mangez, ceci est mon corps, qui est rompu pour vous et pour plusieurs, pour la rémission des péchés. Ayant pris ensuite le calice, il le leur donna et leur dit : Ceci est mon sang, qui est répandu pour vous, pour la rémission des péchés. (Mat. 26,26-28) Judas était présent lorsque le Seigneur prononçait ces paroles : Ceci est mon sang, ce sang, Judas, que vous avez vendu trente pièces d’argent ; ceci est mon sang pour lequel vous venez de conclure un accord inique avec les pharisiens pervers. O bonté infinie du Sauveur ! ô ingratitude affreuse de Judas ! le Maître nourrissait son disciple, et son disciple le vendait ! Judas a vendu Jésus-Christ pour trente pièces d’argent ; et Jésus-Christ a répandu son propre sang pour notre rédemption, il l’a donné à celui même qui l’avait vendu, et il ne tenait qu’à lui d’en profiter. Judas était présent avant sa trahison, il a participé à la table sacrée, il a joui du banquet mystique. Jésus-Christ lui avait lavé les pieds avec les autres apôtres, il l’avait fait participer avec eux à la table sainte, afin qu’il ne lui restât aucun moyen de défense, mais qu’il reçût son jugement et sa condamnation. Il a persisté dans son projet coupable, il est sorti et a trahi son Maître par un baiser, au mépris de tous les bienfaits qu’il en avait reçus. Après sa trahison ayant jeté les trente pièces d’argent : J’ai péché, dit-il, en livrant le sang innocent. O aveuglement étrange ! tu as participé, Judas, au souper sacré ; et tu as livré ton bienfaiteur ! Jésus-Christ accomplissait volontairement les Écritures, mais malheur à celui par qui vient le scandale. (Mat. 18,7)
6. Mais il est temps enfin d’approcher du banquet terrible et redoutable. Approchons donc tous avec une conscience pure. Qu’il ne paraisse aucun Judas qui tende des piéges à ses frères, aucun méchant, aucun qui cache le venin dans son cœur. C’est Jésus-Christ lui-même qui prépare le banquet. Non, ce n’est pas un homme qui convertit les offrandes au corps et au sang de Jésus-Christ ; le prêtre ne fait que le représenter et prononcer la prière c’est la grâce et la puissance de Dieu qui produisent le changement. Ceci est mon corps (Mat. 26,25), a dit le Sauveur. C’est cette parole qui transforme les offrandes. Et comme cette parole plus ancienne : Croissez, multipliez-vous et remplissez la terre (Gen. 1,28), n’était qu’une parole, mais a produit un grand effet en donnant à la nature humaine la vertu de procréer des enfants ; de même cette parole plus nouvelle : Ceci est mon corps, ne cesse d’enrichir de la grâce ceux qui participent dignement à la table sainte. Qu’il ne s’y présente donc aucun fourbe, aucun méchant, aucun voleur, aucun ravisseur, aucun médisant, aucun ennemi de ses frères, aucun qui en veuille à leur vie ou à leurs biens, aucun envieux, aucun avare, aucun ambitieux, aucun fornicateur, aucun homme adonné au vin, ou livré aux infamies de Sodome ; de peur qu’il ne prenne son propre jugement. Lorsque Judas eut participé indignement au souper mystique, il sortit pour aller livrer son divin Maître ; afin que vous appreniez que le démon s’empare surtout de ceux qui participent indignement aux sacrés mystères, et qu’ils se jettent eux-mêmes dans un plus grand supplice. Ce n’est pas pour vous effrayer que je parle de la sorte, mais pour vous rendre plus attentifs. Lorsque la nourriture corporelle est reçue dans un estomac rempli de mauvaises humeurs, elle ne fait qu’augmenter la maladie ; ainsi lorsqu’on reçoit indignement la nourriture spirituelle, on ne fait que multiplier soi-même les titres de sa condamnation. Je vous y exhorte donc, qu’aucun de vous ne garde au dedans de soi des pensées perverses, mais purifiez votre cœur. Nous sommes les temples de Dieu si nous sommes purs. Rendons notre âme chaste ; et nous pouvons la rendre telle en un seul jour. Si vous avez à vous plaindre d’un ennemi, enlevez de votre âme tout ressentiment, détruisez en vous toute inimitié, afin de trouver à la table sainte le remède de la rémission. Vous approchez d’un sacrifice saint et redoutable ; Jésus-Christ y est immolé de nouveau. Songez pour quelle raison il s’est immolé sur la croix. De quels mystères tu t’es privé, ô Judas ! Jésus-Christ, mon cher auditeur, a souffert volontairement, afin de détruire le mur de séparation (Eph. 2,14), et d’unir le ciel à la terre, afin de vous rendre l’égal des anges, vous qui étiez l’ennemi