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HOMÉLIES SUR LA TRAHISON DE JUDAS.

PREMIÈRE HOMÉLIE.

De la Pâque. – De la réception des saints mystères. – Du pardon des injures. – De la sainte et grande solennité du jeudi saint.

AVERTISSEMENT ET ANALYSE.


Les deux homélies sur la trahison de Judas et la cène mystique sont tellement semblables, non seulement par le fond mais encore par la disposition et les expressions mêmes, qu’il est impossible, après les avoir lues, de ne pas reconnaître aussitôt qu’il n’y a là qu’un seul et même discours de saint Jean Chrysostome, avec quelques corrections dans le second cas. En effet, comme il avait prononcé quelques années auparavant, celle qui est placée la première et qui commence par ces mots : Ὀλγα ἀνάγχη… la seconde qui débute ainsi : Ἐβουλόμην, ἀγαπητοἱ, et qui n’est autre que la première, retouchée et augmentée dans quelques endroits, fut donnée le même carême que les trente-deux premières homélies sur la Genèse, dont les dernières avaient rapport à Abraham, que par antonomase il appelle simplement le patriarche. Il nous en avertit clairement lui-même dès le début : Je voulais, mes très-chers, vous prier encore aujourd’hui du patriarche et en tirer quelque leçon spirituelle, niais l’ingratitude du traître m’entraîne à parler de son crime. Il interrompt donc le cours de ses homélies sur la Genèse, non seulement pour parler de la trahison de Judas, un jour de jeudi saint, mais encore pour traiter d’autres sujets plus en rapport avec le temps et les circonstances où il se trouvait, comme il l’annonce assez longuement au début de sa trente-troisième homélie sur la Genèse : Il fallait vous donner, dit-il, des instructions en rapport avec les temps où nous étions ; c’est pourquoi le jeudi et le vendredi saint, interrompant le cours de nos explications, pour nous conformer aux circonstances présentes, nous avons commencé par parler de Judas, ensuite de la croix ; et puis, quand a brillé le jour de la résurrection nous avons jugé nécessaire d’entretenir votre charité de la résurrection du Seigneur, et les jours suivants nous avons dû vous développer encore les preuves de ce grand fait, par l’exposition des miracles qui l’établissent. Quand, abordant les actes des apôtres nous nous y sommes arrêté longuement, cela ne nous a pas empêché de consacrer plusieurs instructions à ceux qui ont été baptisés récemment. Nous voyons dans ce passage l’ordre des homélies nombreuses prononcées dans la même année. Mais quelle est cette aimée ? C’est ce dont nous ne trouvons pas même le plus petit indice. Tillemont s’efforça de démontrer que probablement les homélies sur la Genèse doivent se rapporter à l’année. Si ce calcul était fondé, nous placerions aussitôt dans cette même année la seconde homélie sur la trahison de Judas. Niais, à notre avis, Tillemont a basé sur les conjectures les pins frivoles cette manière de compter, comme il sera démontré longuement dans l’avertissement mis en tête des homélies sur la Genèse. Voilà pour la seconde homélie commençant ainsi : Ἐβουλόμην, ἀγαπητοἱ.. – Quant à l’époque de la première, débutant par ces mots : Ὀλγα ἀνάγχη… ce que nous pouvons établir de certain, ou du moins de tout à fait probable, c’est qu’elle a été prononcée quelques années avant la seconde. Et il ne faut pas manquer de dire que cette première homélie (Ὀλγα ἀνάγχη) figure seule sur le très-ancien catalogue d’Augsbourg, parmi les Œuvres authentiques de saint Jean Chrysostome, apparemment parce que, si on excepte le commencement et quelques points de peu d’importance ajoutés par l’auteur lui-même quand il la retoucha, ces deux homélies semblent n’en faire qu’une. – D’autre part, selon la remarque fort judicieuse de Savilius, ce catalogue d’Augsbourg est tellement concis que si tous les opuscules qu’il mentionne sont authentiques et vrais il faudrait bien se garder de penser que ceux dont il ne parle pas sont apocryphes. – Bien plus, il est certain qu’il existe plus d’ouvrages de saint Jean Chrysostome que ce catalogue n’en relate. – Au surplus, comme notre Saint retoucha ce même discours et qu’il le modifia tellement sur certains points qu’il fit deux homélies d’une seule, il ne faut pas s’étonner si les manuscrits offrent une si grande variété. – Mais les différentes leçons appartenant à l’une et à l’autre de ces homélies, il nous a suffi de les éditer toutes deux et nous nous sommes abstenus de noter ces variétés très-nombreuses. Un passage digne de remarque dans l’une et l’autre homélie est le suivant qu’on lit au paragraphe 6 : Le Christ est présent, test lui qu’on reçoit à cette table. – Ce n’est pas un homme qui fait que ce qui nous est offert soit véritablement le corps et le sang de Jésus-Christ, mais c’est ce même Christ qui a été crucifié pour nous. – Le prêtre accomplit la figure en prononçant les paroles, mais la vertu et la grâce viennent de Dieu qui agit quand il dit : CECI EST MON CORPs. – Ces mots transforment ce qui est offert. La transsubstantiation et la présence réelle de Jésus-Christ dans l’Eucharistie ne pouvaient être plus clairement exprimées, comme il sera dit plus longuement en son lieu.