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nôtre qui est bien meilleure et remplie de grâces abondantes, car elle délivre du péché, elle purifie l’âme et donne la grâce du Saint-Esprit. Quant au baptême de Jean, il était de beaucoup supérieur à celui des Juifs, mais inférieur au nôtre ; c’était comme le trait d’union qui les unissait et il conduisait de l’un à l’autre. Jean ne portait pas les hommes à observer les purifications corporelles, il les en détournait au contraire pour les exhorter à passer du vice à la vertu, et à placer leurs espérances de salut dans les bonnes œuvres, mais non dans les différents baptêmes et les ablutions. Il ne leur disait pas : lavez vos vêtements et votre corps et vous serez purs, mais bien Faites de dignes fruits de pénitence. (Mt. 3,6) Et à ce point de vue le baptême de Jean était supérieur à celui des Juifs, mais inférieur au nôtre, car il ne donnait pas le Saint-Esprit, il ne conférait pas la rémission des péchés par la grâce. Il portait à la pénitence, mais il n’avait pas la puissance de remettre les péchés. C’est pourquoi Jean disait encore : Je vous baptise dans l’eau, mais lui vous baptisera dans l’Esprit-Saint et le feu. (Mt. 3,11) Donc, lui Jean ne baptisait pas dans l’Esprit. Mais pourquoi dans l’Esprit-Saint et le feu ? C’est pour nous rappeler ce jour où l’on vit comme des langues de feu se reposer sur les apôtres. (Act. 2,3) Que le baptême de Jean fut imparfait, ne conférant ni la grâce du Saint-Esprit ni la rémission des péchés, c’est ce qui résulte des paroles de saint Paul à certains disciples qu’il avait rencontrés : Avez-vous reçu le Saint-Esprit depuis que vous avez embrassé la foi ? Ils lui répondirent : nous n’avons pas seulement entendu dire qu’il y ait un Saint-Esprit. Il leur dit : Quel baptême avez-vous donc reçu ? Ils lui répondirent : le baptême de Jean. Alors Paul leur dit : Jean a baptisé du baptême de la pénitence (Act. 19,2-6), et non de la rémission. Pourquoi donc baptisait-il ? Il baptisait disant aux peuples qu’ils devaient croire en Celui qui venait après lui, c’est-à-dire en Jésus. Ce qu’ayant entendu ils furent baptisés au nom du Seigneur Jésus. Et après que Paul leur eut imposé les mains, le Saint-Esprit descendit sur eux. Voyez-vous combien le baptême de Jean était imparfait ? Car s’il n’eût pas été imparfait, Paul n’aurait pas baptisé de nouveau, il n’aurait pas imposé les mains et puisqu’il a fait ces deux choses, il a proclamé l’excellence du baptême des apôtres et l’infériorité de l’autre. Nous savons maintenant quelle différence existe entre les trois baptêmes dont nous avons parlé. Mais pourquoi le Sauveur a-t-il été baptisé ? quel baptême a-t-il reçu ? voilà ce qu’il reste à vous apprendre.
Il n’a reçu ni le premier baptême des Juifs ni le nôtre, car il n’avait pas besoin de la rémission des péchés : elle était même impossible puisqu’il n’y avait point de péché en lui, selon ce mot de saint Pierre : Lui qui n’avait commis aucun péché et de la bouche duquel aucune parole trompeuse n’est sortie. (1Pi. 2,22) Qui de vous me convaincra de péché? Lisons-nous encore dans saint Jean. (Chap. 8,46) Sa chair ne pouvait pas recevoir davantage l’Esprit-Saint, puisqu’elle avait pour principe l’Esprit-Saint lui-même qui l’avait formée. Si donc cette chair n’était ni étrangère à l’Esprit-Saint ni sujette au péché, pourquoi la baptiser ? Mais commençons par apprendre quel baptême a reçu Notre-Seigneur et le reste sera de toute évidence. Quel fut donc ce baptême ? Ce ne fut ni celui des Juifs ni le nôtre, mais celui de Jean. Pourquoi ? Afin que la nature même de ce baptême nous apprît que le Sauveur n’avait pas été baptisé à cause de ses péchés, ni parce qu’il manquait de la grâce de l’Esprit-Saint, puisque ce baptême ne possédait ni l’une ni l’autre de ces deux choses, comme il a été démontré. D’où il est clair qu’il ne vint vers Jean ni pour recevoir la rémission de ses péchés, ni pour recevoir l’Esprit-Saint. Et pour qu’aucun de ceux qui étaient présents ne s’imaginât qu’il venait faire pénitence comme les autres, voyez comme Jean a prévenu d’avance cette fausse interprétation. Lui qui criait à tous : Faites de dignes fruits de pénitence (Mt. 3,8), dit au Sauveur : C’est moi qui dois être baptisé par vous et vous venez à moi. (Mt. 3,14) Ce qu’il affirmait pour faire savoir que Notre-Seigneur n’était pas venu par le même besoin que les autres, et que loin d’être baptisé pour le même motif, il était bien au-dessus de Jean-Baptiste lui-même et infiniment plus pur. Mais pourquoi était-il donc baptisé si ce n’était ni par pénitence, ni pour la rémission de ses péchés, ni pour recevoir la plénitude de l’Esprit-Saint ? Pour deux autres motifs dont l’un nous est révélé par le disciple, et l’autre indiqué à Jean par le Sauveur lui-même. Quelle cause de ce baptême Jean nous a-t-il donnée ? Il fallait que le peuple sût, selon le mot de saint Paul, que