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HOMÉLIE SUR LE BAPTÊME DE NOTRE-SEIGNEUR & L’ÉPIPHANIE


Contre ceux qui manquent aux assemblées divines. – Du saint et salutaire baptême de Notre-Seigneur Jésus-Christ. – De ceux qui commencent indignement. – Que ceux qui se retirent avant la fin du saint sacrifice et des actions de grâces imitent Judas.

AVERTISSEMENT ET ANALYSE.


Certains passages semblent indiquer que cette homélie fut prononcée peu de jours après celle qui précède sur la naissance du Sauveur, c’est-à-dire le jour de l’Épiphanie de l’an 387. – D’abord ce qu’on lit dans cette même homélie, paragraphe 4 : Je sais qu’un grand nombre d’entre vous s’approcheront avec empressement de la sainte table, par habitude, à cause de la solennité. Il faudrait, comme je vous l’ai dit souvent ailleurs, qu’on fit moins attention aux fêtes pour communier, qu’à la pureté de sa conscience…… – or, notre Saint avait dit à peu près la même chose peu de jours auparavant, pour la fête de saint Philogone, 20 décembre 380, paragraphe 4 : Maintenant un grand nombre de fidèles en sont venus à un tel degré de malice et de mépris, que malgré les crimes dont leur conscience est souillée et sans nul souci de réformer leur vie, on les voit aux jours de fêtes, s’approcher de la table sainte sans préparation et sans crainte.
D’autre part, dans cette même homélie sur le baptême du Sauveur, même paragraphe, on lit : Et quelle est cette faute dont je veux parler ? C’est que nous ne nous approchons pas avec tremblement, mais avec un grand bruit, enflés de colère, criant, nous injuriant, nous frappant et nous renversant les uns les autres dans le plus grand tumulte. Je vous ai dit cela souvent et je ne cesserai de vous le répéter.
Or, dans l’homélie sur la naissance de Notre-Seigneur, paragraphe 7, il est dit : Les exhortations que je vous ai adressées récemment (c’est-à-dire en la fête de saint Philogone), je veux vous les répéter encore et je ne cesserai de vous les répéter à l’avenir. Lesquelles, direz-vous ? Lorsque vous vous approchez de cette Table sainte et redoutable, et de ces mystères sacrés, que ce soit avec crainte et tremblement, avec une conscience pure, jeûnant et priant, ne faisant pas de bruit, ne vous frappant pas, ne vous poussant pas les uns les autres…
D’où il nous semble très-probable que ces trois homélies ont été prononcées en même temps et à peu de jours d’intervalle.
1° Dans cette homélie sur le baptême et l’épiphanie du Sauveur, saint Jean Chrysostome commence par exhorter le peuple à venir à l’église. – 2° Ensuite il traite de la double épiphanie de Jésus-Christ ; de sa manifestation aux mages et de sa dernière venue, alors qu’il apparaîtra avec gloire et splendeur à la fin des siècles. – Il rapporte ensuite un miracle au sujet de l’eau du baptême ; car comme tous allaient la nuit de l’Épiphanie puiser de cette eau pour la conserver, elle ne se gâtait pas, mais elle demeurait pure, une année entière, quelquefois deux et même trois. – 3° Il explique la différence qui existe entre le baptême des Juifs, celui de Jean et celui de Jésus-Christ. – 4° Il en prend occasion de démontrer comment le Christ a accompli toute justice. – Enfin, il termine en exhortant le peuple à s’approcher des saints mystères avec un grand respect et une grande crainte.
1. Aujourd’hui, vous êtes tous dans la joie, seul je suis dans la tristesse. En effet, lorsque je tourne mes regards vers cet océan spirituel, contemplant les trésors immenses de l’Église, et qu’ensuite je fais réflexion que cette solennité passée, toute cette foule s’en ira et se dispersera, j’éprouve une douleur qui me déchire, une angoisse qui m’accable, parce que, mère tendre et féconde, l’Église ne peut jouir de ses nombreux enfants à chaque assemblée, mais seulement aux jours de grandes fêtes. Et cependant, quel sujet de joie spirituelle ! quelle allégresse pour nous ! quelle gloire pour Dieu ! quelle utilité pour les âmes ! si à chaque réunion nous voyions l’enceinte du temple ainsi remplie ! Les matelots et les pilotes se bâtent de traverser les flots pour rentrer au port ; nous, au contraire, nous luttons pour ne pas quitter la haute mer et toujours battus par les flots des affaires du siècle, sans cesse sur les places publiques et devant les tribunaux, c’est à peine si nous paraissons ici une fois ou deux par an.
Ne savez-vous donc pas que Dieu a bâti les