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paroles de la divine Écriture : J’habiterai et je marcherai parmi eux (Lev. 26,12), et ces autres : Vous êtes le temple de Dieu (2Cor. 6,16), et l’Esprit de Dieu habite parmi vous (1Cor. 3,16), opposons-les aux objections des impies, et fermons la bouche à ces hommes impudents. Réjouissons-nous de notre bonheur, glorifions Dieu qui s’est revêtu de notre chair, rendons-lui grâces de cette condescendance infinie, et témoignons-lui toute la reconnaissance que ses bienfaits nous inspirent. Or, quelle plus digne reconnaissance que le soin du salut de nos âmes et de notre ardeur pour la vertu ?
7. Ne soyons donc point ingrats envers notre bienfaiteur, mais offrons-lui tous, autant qu’il est en notre pouvoir, les dons spirituels, la foi, l’espérance, la charité, la tempérance, l’amour des pauvres, le zèle à exercer l’hospitalité. Il est un objet important dont je vous ai parlé il y a quelques jours, dont je vous parlerai encore aujourd’hui, et que je ne cesserai point de vous rappeler. Quel est-il donc ? lorsque vous devez approcher des sacrés mystères de la table sainte et redoutable, ne le faites qu’avec un pieux effroi, avec une conscience pure, avec le jeûne et la prière, sans bruit et sans tumulte, sans frapper des pieds, sans vous pousser les uns les autres, car c’est la marque d’un dédain superbe et d’un mépris extrême. Une pareille conduite attire les plus grandes punitions sur ceux qui se la permettent. Pensez, ô mon frère ! pensez à la victime que vous allez toucher, pensez à la table dont vous approchez ! Songez que vous qui êtes cendre et poussière, vous participez au corps et au sang de Jésus-Christ ! Si le prince vous invitait à un repas, vous ne vous présenteriez qu’avec crainte, vous ne toucheriez aux mets qui vous seraient servis qu’avec respect et circonspection ; et lorsque Dieu lui-même vous invite à sa table, une table où il vous sert son propre Fils, lorsque les puissances angéliques ne se tiennent en sa présence qu’avec une frayeur respectueuse, lorsque les chérubins se voilent la face, et que les séraphins s’écrient avec tremblement : Saint, Saint, Saint, le Seigneur (Apo. 4,8), vous, qui le croirait ? vous approchez du banquet spirituel avec tumulte et en poussant des clameurs ! Ne savez-vous donc pas que votre âme, dans cette circonstance, doit être calme et paisible ! qu’il faut alors une paix profonde, une tranquillité parfaite, et non ce mouvement et ce tumulte qui rendent impure l’âme de celui qui approche de la table sainte. Quelle excuse nous resterait-il, si nous ne pouvions au moins purifier des passions qui nous souillent le moment où nous en approchons ? Qu’y a-t-il pour nous de plus essentiel que les mets qu’on nous y sert ? qu’est-ce qui nous trouble et nous inquiète ? qu’est-ce qui nous presse d’abandonner l’Église pour retourner dans le monde ? N’excitez pas, je vous supplie, n’excitez pas contre vous-mêmes la colère divine. Le mets qu’on vous sert est le remède efficace de vos blessures, une source inépuisable de richesses, la clef spirituelle qui vous ouvre le royaume des cieux. Ne le prenons donc, ce mets, qu’avec crainte et avec actions de grâces ; jetons-nous aux pieds de Dieu en confessant nos fautes, pleurons sur nos péchés, adressons-lui de ferventes prières ; et, après avoir purifié nos consciences, approchons-nous tranquillement et avec la modestie convenable, comme devant nous présenter au souverain Roi du ciel. Baisons respectueusement l’hostie sainte et pure que nous recevrons ; embrassons-la des yeux, enflammons notre cœur, afin de venir à la table sacrée, non pour y prendre notre jugement et notre condamnation, mais pour y trouver la tempérance de l’âme, la charité, la vertu, la réconciliation avec Dieu, une paix ferme et solide, un moyen de nous sanctifier nous-mêmes et d’édifier nos frères.
Voilà ce que je vous dis continuellement, et ce que je ne cesserai pas de vous dire, car pourquoi accourir ici sans but et sans dessein, sans y apprendre rien d’utile ? quel avantage retireriez-vous de discours uniquement faits pour vous plaire ? Le temps de la vie présente est court ; soyons attentifs et vigilants, réglons notre conduite, témoignons un amour sincère à tous les hommes, soyons circonspects en tout. Soit qu’il nous faille écouter la parole sainte, prier le Seigneur, approcher de la table sacrée, ou faire quelque autre action, faisons-la avec crainte et tremblement, afin de ne pas attirer sur nous la malédiction par notre négligence Maudit soit, dit l’Écriture, celui qui fait l’œuvre de Dieu négligemment. (Jer. 48,10) Le tumulte et les clameurs sont un outrage fait à cette victime immolée pour nous, qu’on nous offre comme l’aliment de nos âmes. C’est la marque d’un mépris extrême de se présenter à Dieu rempli de souillures. Écoutez ce que