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sont entrés dans la ville, Jésus vient au monde, est couché dans une crèche, parce qu’il y avait un grand concours de peuple, et qu’il était difficile de trouver un logement. C’est dans cette crèche que les mages l’adorèrent. Mais, afin de vous fournir des preuves plus claires encore et plus évidentes, élevez-vous avec moi, je vous prie ; je vais parcourir d’anciennes annales et rappeler des usages antiques, afin d’établir de toute part ce que j’ai avancé. Il était une loi ancienne chez les Juifs… Mais il faut remonter encore plus haut. Lorsque le Seigneur eut délivré les Hébreux de la tyrannie d’un prince barbare et de tous les maux qu’ils soutiraient en Égypte, voyant qu’ils avaient conservé les restes d’un culte impie, qu’ils étaient follement attachés aux objets visibles, frappés de la grandeur et de la beauté des temples, il leur en fit construire un qui effaçait tous les temples du monde, non seulement parla richesse de la matière et par le travail de l’art, mais encore par la beauté de son architecture. Et comme un père tendre qui, après avoir été longtemps séparé de son fils, le retrouve accoutumé à jouir de toutes les délices dans la société corrompue d’hommes dissolus, libertins et prodigues, se fait un devoir de l’entourer de tout ce qui peut embellir l’existence, dans la crainte qu’en le resserrant dans les limites étroites de la vie commune il n’allume en son cœur, avec le souvenir du passé, le feu de ses premières passions ; ainsi Dieu, voyant que les Juifs étaient passionnés pour les objets sensibles ; et voulant en cela même satisfaire magnifiquement leur goût, et leur faire oublier tout ce qu’ils avaient vu en Égypte, leur fit construire un temple sur le modèle du monde entier visible et intelligible. En effet, comme la terre et le ciel sont séparés par le firmament que nos yeux aperçoivent, il voulut de même qu’un voile divisât son temple en deux parties, de sorte que tout ce qui était en deçà du voile fût accessible à tout le peuple, et que ce qui était au-delà ne pût être ni approché ni regardé que par le souverain pontife. Et pour preuve que ce n’est point là une simple conjecture de notre part, mais que le temple avait été vraiment construit sur le modèle du monde entier, écoutons ce que dit saint Paul lorsqu’il parle de Jésus-Christ qui est monté au ciel : Jésus-Christ, dit-il, n’est pas entré dans un sanctuaire fait de la main des hommes, figure du véritable (Heb. 9,24), le sanctuaire matériel était donc la figure du véritable. Mais écoutez comment il fait entendre que le voile séparait le Saint des saints des autres objets du temple, comme le ciel que nous voyons sépare le ciel supérieur de tous les objets terrestres ; écoutez, dis-je, comment il le fait entendre en donnant au ciel visible le nom de voile. Après avoir dit de l’espérance qu’elle est pour notre âme une ancre ferme et assurée, il ajoute qu’elle pénètre jusqu’au sanctuaire qui est au-delà du voile où Jésus, comme précurseur, est entré pour nous, c’est-à-dire jusqu’au ciel le plus élevé. (Id. 6,19, 20) Vous voyez comme il donne le nom de voile au ciel visible. En deçà du voile étaient le chandelier, la table, l’autel d’airain pour les sacrifices et les holocaustes ; au-delà du voile était l’arche toute couverte d’or, laquelle renfermait les tables d’alliance, une urne d’or, la verge d’Aaron aux verts rameaux, et l’autel d’or, non des sacrifices et des holocaustes, mais des parfums seulement. Tout le monde pouvait entrer dans la partie qui était en deçà du voile, celle qui était au-delà n’était accessible qu’au souverain pontife. J’invoquerai encore ici le témoignage de saint Paul : Là première tente, dit-il, renfermait les règlements du culte divin et le sanctuaire commun. (Id. 9,1) Il appelle « sanctuaire commun » la tente extérieure, parce que tout le monde pouvait y entrer. Il y avait dans ce sanctuaire le chandelier, la table, les pains de proposition. Après le second voile, était le tabernacle appelé le Saint des saints, où il y avait un encensoir d’or, l’arche d’alliance toute couverte d’or, laquelle renfermait une urne d’or pleine de manne, la verge d’Aaron qui avait fleuri, et les tables d’alliance. Au-dessus de l’arche étaient des chérubins de gloire, qui couvraient le propitiatoire de leurs ailes. Les choses étant ainsi disposées, les prêtres qui exerçaient le saint ministère entraient en tout temps dans le premier tabernacle ; mais il n’y avait que le souverain pontife qui entrât dans le second, seulement une fois l’année, et non sans y porter du sang qu’il offrait pour lui-même et pour les péchés du peuple. (Id. 11, 7) Vous voyez que le grand prêtre seul entrait dans le second sanctuaire, et seulement une fois l’année.
4. Et qu’est-ce que cela, direz-vous, a de commun avec la fête présente ? Attendez un