Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 3, 1864.djvu/183

Cette page n’a pas encore été corrigée

HOMÉLIE SUR LA FÊTE DE LA NATIVITÉ DE NOTRE-SEIGNEUR, JÉSUS-CHRIST[1].

AVERTISSEMENT ET ANALYSE.


La fête de la Nativité, la fête de la naissance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avait été connue longtemps dans l’Occident, et célébrée le 25 de décembre, avant qu’elle fût connue dans les Églises d’Orient ; mais enfin elle fut apportée dans ces Églises, et célébrée avec beaucoup de solennité. – Comme il n’y avait que dix ans qu’on la célébrait à Antioche, et que quelques-uns l’attaquaient encore comme récente, saint Jean Chrysostome, le jour même de cette fête, en l’année 386, après avoir dit un mot sur le mystère, entreprend de prouver que le jour où l’on célébrait la naissance de Jésus-Christ était vraiment le jour où il était né. – Il le démontre par trois sortes de preuves : 1° par l’empressement avec lequel la fête a été reçue ; 2° par le dénombrement des habitants de toute la terre, fait en vertu d’un édit de César Auguste, dénombrement dont la date est consignée dans les registres de Rome ; 3° par le temps où Zacharie reçut l’heureuse nouvelle qu’Elizabeth son épouse était enceinte de Jean. Après avoir prouvé tout ce qui regarde le temps de la fête, l’orateur parle du mystère ; il tâche de rassurer les fidèles contre les railleries des païens qui cherchaient à tourner en ridicule le mystère d’un Dieu fait homme. – Il attaque un abus qui avait lieu dans la participation aux sacrés mystères, c’est-à-dire lorsqu’on approchait de la table sacrée pour participer au corps et au sang de Jésus-Christ. – Les fidèles se pressaient, se poussaient, s’injuriaient ; saint Jean Chrysostome les exhorte à approcher de la table sainte avec le respect et la modestie convenables. – A la tête de cet article il annonce qu’il en a parlé il y a quelques jours. – On croit que c’est dans le panégyrique de saint Philogone, prononcé peu de jours avant cette fête ; cependant il n’y parle que de la pureté intérieure que l’on doit apporter à la participation des sacrés mystères. Dans l’homélie sur le baptême de Jésus-Christ, il s’élève contre le même abus qu’il attaque dans l’homélie présente, et il ajoute des reproches faits à ceux qui sortaient avant que la célébration des mystères fût entièrement achevée. – Les mêmes reproches sont répétés dans la troisième homélie sur l’incompréhensibilité de la nature de Dieu.
1. L’heureux événement après lequel les patriarches ont soupiré dès les premiers temps du monde, que les prophètes ont prédit, que les justes ont désiré de voir, est enfin arrivé, et a été consommé en ce jour. Dieu a paru sur la terre, revêtu de chair, Dieu a conversé parmi les hommes. (Mat. 13,12 ; Bar. 3,3-8) Réjouissons-nous donc et triomphons, mes bien-aimés. Si saint Jean a tressailli dans le ventre de sa mère, lorsque Marie venait visiter Élisabeth, à plus forte raison nous, qui ne voyons pas Marie, mais le Sauveur lui-même prendre aujourd’hui naissance, nous devons triompher et tressaillir, nous devons admirer avec étonnement la grandeur d’un mystère qui surpasse toutes nos pensées. Songez en effet combien il serait admirable de voir le soleil descendre du ciel, s’avancer sur la terre, et de là répandre partout ses rayons. S’il est vrai qu’un tel prodige dans l’astre visible qui éclaire le monde nous étonnerait tous, considérez combien il est admirable de voir le Soleil de justice se revêtir de notre chair, répandre ses rayons, et éclairer nos âmes.
Il y a longtemps que je désirais de voir ce jour, et de le voir au milieu d’une si grande multitude de peuple. Je souhaitais sans cesse que l’enceinte sacrée qui nous rassemble fût remplie comme je la vois maintenant. Mes vœux sont enfin exaucés. Il n’y a pas dix ans que ce jour nous a été révélé ; et néanmoins ; grâce à votre zèle, il est aussi célèbre que s’il nous eût été transmis depuis plusieurs siècles. Ainsi on pourrait avancer, sans craindre de se tromper, que ce jour est à la fois ancien

  1. Traduction de l’abbé Auger, revue.