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corps ? C’est qu’ils mouraient, pour ainsi dire, chaque jour, et prouvaient ainsi la résurrection du Sauveur. – Vous croyez que Jésus-Christ est mort, semblaient-ils dire, et vous ne croyez pas qu’il soit ressuscité, jetez les yeux sur nous qui mourons tous les jours, et qui chaque jour aussi ressuscitons ; alors vous croirez à la résurrection. Voilà donc encore une nouvelle cause des tentations : « Afin que », dit-il, « la vie de Jésus soit manifestée dans notre corps », en ce qu’il nous arrache au péril. Ainsi, ce qui semble être de la faiblesse, ce qui a l’air d’une défaillance, prêche la résurrection de Jésus-Christ. Le manque de tribulations manifesterait moins bien cette puissance de Jésus-Christ que ne la manifestent ces souffrances dont nous triomphons.
« En effet, nous qui vivons, nous sommes livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus soit manifestée en nous, dans notre chair mortelle (11) ». C’est ainsi que procède ordinairement l’apôtre ; son langage d’abord obscur, s’éclaircit ensuite. Dans les paroles que nous venons de citer il expose plus nettement ce qu’il disait tout à l’heure. C’est pourquoi, dit-il, nous sommes livrés, c’est-à-dire, nous portons la mortification du Seigneur, afin que la puissance de sa vie se manifeste davantage. Car cette chair mortelle, accablée de tant de maux, il ne permet point qu’elle succombe. On peut encore entendre ce passage dans un autre sens. Quel est-il ? Celui qu’exprime ailleurs l’apôtre en disant : « Si nous mourons avec lui, nous vivrons avec lui ». (2Tim. 2,11) Maintenant nous subissons la mort, comme il l’a subie lui-même, pour lui nous préférons la mort à la vie ; lui aussi, quand nous serons morts, il voudra nous ressusciter. Si nous sortons de cette vie, si nous mourons, lui, il nous prendra par la main pour nous tirer du tombeau et nous ramener à la vie. « Donc la mort opère en nous, mais la vie opère en vous (12) » : Ce n’est plus de la mort du corps qu’il s’agit, mais des tentations et du repos. Nous, dit-il, nous sommes sans cesse dans les périls et dans les tentations vous au contraire vous jouissez en paix de cette vie que procure le danger. Nous courons les dangers ; vous au contraire vous goûtez le bonheur ; il s’en faut bien que vous supportiez les mêmes épreuves que nous. – « Nous avons donc le même esprit de foi, comme il est écrit : J’ai cru, et c’est pourquoi j’ai parlé ; nous aussi nous croyons et c’est pourquoi nous parlons, sachant bien-que celui qui a « ressuscité Jésus – Christ, nous ressuscitera « aussi par Jésus-Christ (13, 14) ». Il a cité les paroles d’un psaume, plein d’une sublime philosophie, et bien propre à nous soutenir dans le danger. Le roi-prophète les prononça alors que les plus grands périls l’entouraient, et qu’il ne pouvait être délivré que par le secours du ciel.
2. Le rapprochement de circonstances analogues est de nature à procurer de grandes consolations. C’est pourquoi saint Paul a dit : « Nous avons le même esprit », ce qui signifie Le secours qui sauva David, nous sauve nous-même ; l’Esprit qui lui inspira ce psaume, est celui qui nous inspire nous-même. Ne montre-t-il point par là qu’il y a un merveilleux accord entre le Nouveau et l’Ancien Testament, que c’est le même Esprit qui opère dans tous les deux, que nous ne sommes pas les seuls à souffrir, mais que les anciens ont souffert comme nous ; qu’il faut nous appuyer sur la foi et l’espérance, et ne pas demander une prompte délivrance de nos maux. Après avoir montré la résurrection et la vie, après avoir fait voir que les périls ne sont nullement une preuve de faiblesse et de défaillance, il parle de la foi, et c’est à elle qu’il confie toutes choses. Cette foi, il l’appuie sur la résurrection de Jésus-Christ, en disant : « Nous croyons et c’est, pourquoi nous parlons ». Que croyons-nous, dites-moi ? Nous croyons « que celui qui a ressuscité Jésus-Christ ; nous ressuscitera nous-même et nous affermira avec vous. Car tout se fait à cause de vous, afin que, la grâce étant abondante, tous rendent grâce à Dieu pour sa gloire (15) ». Il élève leurs âmes, afin qu’ils ne croient point devoir leur conversion à des hommes, c’est-à-dire, à de faux apôtres. Tout est l’œuvre de Dieu, qui veut se montrer généreux à l’égard d’un grand nombre pour faire apparaître toute la puissance de sa grâce. C’est pour vous que Jésus-Christ est ressuscité, c’est pour vous que ses miracles ont eu lieu. Ce qu’il a fait, il ne l’a pas fait pour un seul homme, mais pour tous les hommes.
« C’est pourquoi nous ne succombons point ; mais si l’homme extérieur chez nous se corrompt, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour (16) ». Comment l’homme extérieur se corrompt-il ? Quand on le frappe de verges, quand on le tourmente, quand on