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l’abri, nul ne serait pur. Remarque donc qu’on ne peut échapper aux besoins qui sont particuliers à la vie de la chair. Or, quels sont ces besoins ? Les voici : il nous faut manger, boire, dormir, grandir, avoir faim, avoir soif, naître et mourir, sans parler des autres nécessités du même genre. Nul ne saurait s’en dispenser, ni pécheur, ni juste,-ni roi, ni simple particulier ; tous nous sommes soumis à la loi de nature. De même si faire le mat était un résultat fatal et naturel de la vie, on ne pourrait pas plus échapper à cette nécessité qu’on n’échappe aux autres. Ne m’objectez par, qu’ils sont rares ceux qui font bien. Car tu ne trouveras jamais que quelqu’un se soit mis au-dessus des nécessités naturelles. Et de la sorte, tant qu’on trouvera un seul homme pratiquant la vertu, mon raisonnement sera inattaquable. Quel est ton langage, ô malheureux l Elle est perverse, cette vie d’ici-bas, dans laquelle nous avons connu Dieu, dans laquelle nous méditons les biens à venir, dans laquelle, devenus anges d’hommes que nous étions, nous nous mêlons au chœur des célestes vertus ? Et quelle autre preuve chercherons-nous que votre opinion est mauvaise et erronée ?
5. Pourquoi donc, objectes-tu, Paul dit-il « Ce siècle pervers ? » Il suit l’usage le plus général. Car nous aussi nous avons coutume de dire : Je ne suis pas content de ma journée, et en parlant ainsi nous critiquons non pas le temps lui-même, chais nos propres actions, ou les circonstances. C’est ainsi que Paul critiquant les mauvaises pensées, s’est servi de cette expression si usitée, et qu’il montre que le Christ nous a délivrés de nos premiers péchés et qu’il nous a garanti la vie future. C’est ce que signifient ces paroles : « Qui s’est donné lui-même pour nos péchés » ; et celles-ci qui viennent après : « Afin de nous retirer de ce siècle pervers », marquent la garantie pour l’avenir. La loi était sans force même pour un seul de ces deux cas, tandis que la grâce est puissante pour tous les deux à la fois.
« Selon la volonté de Dieu notre Père » Comme les Galates croyaient désobéir à Dieu, qui avait donné la loi, et n’osaient abandonner l’Ancien Testament pour le Nouveau, l’apôtre fait aussi tomber cette préoccupation en leur disant que le Père approuvait ces choses. Il n’a pas dit simplement : «, De Dieu le Père », mais : « De Dieu notre père » Il insiste continuellement là-dessus afin de les faire rentrer en eux-mêmes, en leur montrant que le Christ a fait en sorte que celui qui est son Père fût le nôtre. « À qui soit gloire dans tous, les siècles des siècles. Amen ». Voilà encore qui est nouveau chez Paul, et, qui ne lui, est pas habituel. Ce mot « Amen », nous ne le trouvons nulle part au commencement et au début de ses épîtres, trais seulement vers la fin. Cette fois il a adopté cet exorde, parce qu’il veut montrer que ces paroles sont un acte complet d’accusation contre les Galates, et qu’il a dit tout ce qu’il avait à dire. Quand la culpabilité est évidente il n’est pas besoin, pour la confondre, d’un grand attirail de preuves. Il rappelle la croix, et la résurrection, la rémission des péchés, la garantie qui nous a été donnée pour l’avenir, les décrets du Père, les desseins du Fils, la grâce, la paix, tous les biens que nous lui devons, et il termine par des actions de grâces, Et ce n’est pas seulement – pour aboutir à des actions de grâces qu’il a fait cela, c’est aussi pour frapper très-vivement ses auditeurs au spectacle de tant de bienfaits, et devant cette grâce infinie, et pour qu’ils se disent à eux-mêmes : Qu’étions-nous pour que Dieu nous accordât ses faveurs coup sur coup et si promptement ? Ne pouvant les représenter par le langage, il a terminé brusquement par les actions de grâces : non que ses paroles soient à la hauteur de celui qu’il célèbre, mais il glorifie le Seigneur autant qu’il le peut et il appelle ses bénédictions sur toute la terre. C’est pourquoi il met ensuite plus d’âpreté dans son langage, comme si le souvenir des bienfaits de Dieu augmentait l’ardeur de son zèle. Car après avoir dit : « A qui soit gloire dans tous les siècles des siècles. Amen », il reprend avec plus de force en ces termes : « Je m’étonne que vous vous détachiez sitôt de celui qui vous a appelés à la grâce de Jésus-Christ, et que vous passiez ainsi à un autre Évangile (6) ».
Comme ils s’imaginaient plaire, à Dieu en observant la loi, de même que les Juifs en persécutant le Christ, il leur prouve tout d’abord qu’en agissant ainsi ils irritent non seulement le Christ, mais encore son Père. Par votre conduite, leur dit-il, vous vous séparez à la fois et du Christ et du Père. De même que l’Ancien Testament appartient non seulement au Père, mais aussi au Fils ; de même la grâce appartient non seulement au Fils, mais