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Et ensuite : « Le monde est crucifié pour moi, et moi, pour le monde ». (Gal. 6,14) Écoutez saint Pierre : « Je n’ai ni or ni argent ; mais ce que j’ai, je te le donne ». (Act. 3,6) Écoutez Job rendant grâces et disant : « Le Seigneur m’a donné, le Seigneur m’a ôté ». (Job. 1,21) Voilà le langage d’une âme pleine de vie, d’une âme qui déploie sa vigueur. Ainsi Jacob disait à son tour : « Je ne demande à Dieu que du pain pour me nourrir, et des habits pour me couvrir ». (Gen. 28,20) Et Joseph : « Comment me rendrais-je à tes séductions et ferais-je le mal en présence du Seigneur ? » (Gen. 39,9) Ce n’est pas ainsi que parlait l’Égyptienne ; mais enivrée de passions, et comme au délire, elle disait : « Viens dormir avec moi ». Maintenant que nous sommes instruits, imitons les âmes vivantes, fuyons cette âme plongée dans la mort, afin d’obtenir un jour la vie éternelle. Puissions-nous tous y parvenir par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec qui soit au Père, en même temps qu’au Saint-Esprit, gloire, puissance, honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE VII.


SI CETTE DISPENSATION DE LA MORT GRAVÉE AVEC DES LETTRES SUR DES TABLES DE PIERRE, SE FIT AVEC TANT D’ÉCLAT, QUE LES FILS D’ISRAËL NE POUVAIENT CONTEMPLER. LE VISAGE DE MOÏSE À CAUSE DE SA SPLENDEUR, LAQUELLE POURTANT A DISPARU ; A PLUS FORTE RAISON LA DISPENSATION DE L’ESPRIT-SAINT SE FERA DANS LA GLOIRE. (III, 7, 8, JUSQU’À LA FIN DU CHAPITRE)

Analyse.


  • 1-3. Continuation du parallèle entre la Loi ancienne et la Loi nouvelle : supériorité de celle-ci.
  • 4. Divinité du Saint-Esprit.
  • 5-7. Gloire de l’âme-chrétienne. – Il faut combattre l’amour sensuel et rechercher la beauté spirituelle.


1. L’apôtre a dit que les tables de la Loi étaient de pierre, que celles de la grâce sont de chair, que ces tables sont les cœurs des apôtres et qu’elles sont gravées par l’Esprit-Saint. Il a dit encore, que la lettre tue et que l’Esprit vivifie. Pour achever la comparaison, il fallait parler de la gloire de Moïse. La, gloire du Nouveau Testament ne se voit point avec les yeux de la chair. Celle de Moïse semblait donc bien grande, puisqu’elle frappait les sens ; on ne pouvait s’en approcher, mais les yeux l’apercevaient. C’est, l’intelligence, au contraire, qui contemple la gloire du Nouveau Testament. Les faibles ne peuvent comprendre cette supériorité : la gloire de Moïse les étonnait bien davantage et les attirait. L’apure qui vient d’aborder cette comparaison, et qui veut démontrer que la gloire de la nouvelle Loi l’emporte sur celle de la Loi ancienne, a une tâche difficile à remplir, à raison de la grossièreté de ses auditeurs ; voyez avec quelle adresse il procède. D’abord il emploie le raisonnement, pour rendre la différence sensible, et il rattache son discours à ce qu’il a dit tint à l’heure, Si l’une est une loi de mort, dit-il, si l’autre est, une loi de vie, nul doute que celle-ci ne soit plus glorieuse que la première. Il ne peut la faire briller aux yeux du