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la volonté de Dieu : voilà pourquoi il a lavé les pieds des disciples. Que dis-je ? si vous voulez y bien regarder, entre les maîtres mêmes il y a échange de servitude. Qu’importe que l’orgueil masque cet échange ? Quand cet homme vous prête le ministère de ses bras, et que vous, vous le nourrissez, le chaussez, l’habillez, c’est encore une espèce de servitude ; car, à supposer que vous vous refusiez mutuellement votre ministère, cette personne est libre, et aucune loi ne le contraindra de vous rendre service, si vous ne le nourrissez pas. Faut-il donc s’étonner qu’il en soit ainsi pour les esclaves, quand il en est de même pour les hommes libres ? « Soumis dans la crainte du Christ ». Où est le mérite, puisque nous sommes rémunérés ? Mais un tel ne veut pas se soumettre. Vous, du moins, soumettez-vous : il ne suffit pas d’obéir, il faut vous soumettre ; il faut regarder chacun comme votre maître : c’est le moyen de vous assujettir promptement tout le monde par le plus fort, des esclavages. Car vous les conquerrez bien plus sûrement, si vous payez fidèlement votre dette, sans qu’ils s’acquittent de leur côté. Voilà ce que veut dire : « Soumis les uns aux autres dans la crainte du Christ ». Ainsi nous triompherons de toutes les passions, nous servirons Dieu, nous ferons régner parmi nous une constante charité ; et ensuite nous pourrons être jugés dignes des bontés divines, par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec qui gloire, puissance, honneur au Père et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE XX.

FEMMES, SOYEZ SOUMISES A VOS MARIS COMME AU SEIGNEUR ; PARCE QUE L’HOMME EST LE CHEF DE LA FEMME, COMME LE CHRIST EST LE CHEF DE L’ÉGLISE, ET IL EST AUSSI LE SAUVEUR DE SON CORPS COMME DONC L’ÉGLISE EST SOUMISE AU CHRIST, AINSI LE SOIENT EN TOUTES CHOSES LES FEMMES À LEURS MARIS. (V, 22-24, JUSQU’À LA FIN DU CHAP)

Analyse.

  • 1. Institution du mariage : son but.
  • 2. Le Christ, modèle des époux.
  • 3 et 4. L’amour, devoir du mari : la crainte, devoir de la femme.
  • 5-9. Moyens d’entretenir la concorde entre époux. – Du désintéressement. – De l’éducation de la femme par le mari. – Que le mari assure son empire en témoignant de la tendresse à sa femme.

1. Un sage, en énumérant diverses béatitudes, comprend dans le nombre le sort de « La femme qui s’accorde avec son mari ». (Sir. 25,1) Ailleurs encore il met au rang des félicités la concorde parfaite de la femme et du mari. Dès l’origine, Dieu a montré pour l’union conjugale une sollicitude particulière : il désigne l’homme et la femme comme ne faisant qu’un, par ces mots : « Il les fit mâle et femelle » ; de même ailleurs « Il n’y a ni homme ni femme ». (Gal. 3,28) En effet, il y a moins de rapport d’homme à homme qu’il n’y en a entre un homme et une femme associés par une union légitime. Voilà pourquoi, encore, un bienheureux voulant exprimer une extrême affection, et le chagrin que lui causait la mort d’un de ses amis les plus intimes, au lieu d’employer les