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lettres de recommandation ? » Mais à la fin de cette épître, tout est plein de véhémence et de feu : il le fallait dans l’intérêt des fidèles de Corinthe : « Nous n’entreprenons point de faire notre éloge, mais nous vous donnons à vous-mêmes l’occasion de vous glorifier ». Et ensuite : « Pensez-vous que nous voulions nous excuser nous-mêmes ? C’est en présence de Dieu et dans le Christ que nous parlons. Je crains qu’arrivant parmi vous je ne vous troue pas tels que je voudrais, et que vous ne me trouviez pas non plus tel que vous le voudriez ».
Il ne veut pas avoir l’air de les flatter en vue de se faire honorer lui-même, et c’est pourquoi il dit : « Je crains qu’arrivant parmi vous je ne vous trouve pas tels que je voudrais et que vous ne me trouviez pas non plus tel que vous le voudriez ». Ces paroles respirent le blâme ; au début de l’épître il s’exprime en termes moins durs. Que veut-il dire ? Il a parlé de ses épreuves, des dangers qu’il a courus ; des triomphes que Dieu lui a fait remporter par Jésus-Christ et que tout l’univers connaît. C’est parce qu’il vient de rappeler toutes ces circonstances si glorieuses pour lui, qu’il se fait à lui-même cette objection : « Est-ce que j’entreprends de faire mon « propre éloge ? » Voici le sens de ses paroles : Peut-être nous dira-t-on : Eh quoi ! Paul, est-ce ainsi que vous parlez de vous-même ? Est-ce ainsi que vous vous glorifiez ? C’est donc pour renverser cette objection qu’il dit : Nous ne voulons point nous enorgueillir ni nous glorifier. Bien loin d’avoir besoin auprès de vous de lettres de recommandation, nous vous regardons comme étant vous-mêmes notre lettre. « Car vous êtes notre lettre, dit-il ». Qu’est-ce à dire ? Si nous avions besoin de nous recommander auprès des autres, nous vous produirions vous – mêmes comme une lettre de recommandation. Il disait la même chose dans la première épître : « Vous êtes le sceau de mon apostolat ». Il emploie ici une autre forme ; il fait usage de l’interrogation, pour donner plus de force à son discours. « Avons-nous besoin de lettres de recommandation ? »
Puis faisant allusion aux faux apôtres, il ajoute : « Comme d’autres en ont besoin auprès de vous, ou de votre part », auprès des autres. Ensuite il adoucit ce qu’il vient de dire, en ajoutant : « Vous êtes, notre lettre, écrite dans nos cœurs, et cette lettre tous les hommes la connaissent(2). Tout le monde a sait que vous êtes la lettre du Christ ». Ici, il rend témoignage non seulement de leur charité, mais encore de leurs bonnes actions, puisqu’il suffit de leurs vertus pour prouver la dignité du maître. C’est ce qu’il veut dire par ces paroles : « Vous êtes notre lettre ». Une lettre pourrait nous recommander et nous attirer le respect ; or on est plein d’estime pour nous, dès que l’on vous a vus et entendus. La vertu des disciples est pour le maître une meilleure recommandation, un plus bel ornement que n’importe quelle lettre. – « Inscrite dans nos cœurs », c’est-à-dire, que tout le monde connaît. Vous êtes sans cesse dans notre cœur, et ainsi nous vous portons partout où nous allons. C’est comme si l’apôtre disait : Vous nous recommandez auprès des autres ; vous êtes sans cesse dans notre cœur, et partout nous publions vos bonnes œuvres. Ainsi nous pouvons nous passer de vos lettres, puisque vous nous servez vous-mêmes de lettres de recommandation mais nous n’avons pas besoin non plus d’être recommandés auprès de vous, parce que nous vous aimons avec tendresse. C’est à des inconnus que l’on présente des lettres de recommandation ; mais vous, sans cesse vous êtes présents à notre pensée. Il ne dit pas simplement : « Vous êtes », mais « vous êtes inscrits ». C’est-à-dire, vous ne pouvez sortir de notre cœur. Tous ceux qui connaissent notre cœur, y lisent comme dans une lettre l’amour que nous vous portons.
2. Si par une lettre je reconnais que tel ou tel est mon ami, si en conséquence je traite avec lui familièrement, l’amour que vous me portez produit le même effet. Si donc nous nous rendons parmi vous, toute recommandation devient inutile, puisque votre affection nous en tient lieu ; si nous nous dirigeons d’un autre côté, là encore nous pouvons nous passer de lettres : votre charité nous suffit bien ; car nous portons une lettre dans nos cœurs. Il va plus loin, et les appelle une lettre du Christ : « Tout le monde sait », dit-il, « que vous êtes une lettre du Christ ». Il part de là pour examiner ce qui concerne la loi. – Ils sont, dit-il, d’une autre manière encore, la lettre de l’apôtre. Tout à l’heure ils lui servaient de lettre de recommandation ; maintenant il les appelle la lettre du Christ, parce qu’ils ont la